Baisse de la natalité : "Ce n'est pas parce qu'on modifie le congé parental qu'on va inverser la tendance", estime le Conseil de la famille

Emmanuel Macron a annoncé la réforme des congés parentaux. Ils seraient remplacés par un congé de naissance, plus court mais mieux rémunéré.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une mère en congé parental (photo d'illustration). (MYCHELE DANIAU / AFP)

Quand Emmanuel Macron annonce la réforme des congés parentaux, qui seraient remplacés par un congé de naissance, plus court mais mieux rémunéré, il qualifie cela de "réarmement démographique". L'objectif, selon lui, est de lutter contre la baisse de la natalité ces dernières années en France. "Ce n'est pas parce qu'on modifie le congé parental qu'on va inverser la tendance", estime Hélène Périvier, la présidente du Conseil de la famille au sein du Haut Conseil de la famille et de l'enfance, même si cette modification "est une bonne idée", selon elle.

"Il y a quand même un lien entre les politiques d'articulation entre vie familiale et vie professionnelle et le niveau de natalité des pays", explique la spécialiste, "les pays dans lesquels ces politiques permettent aux femmes de travailler lorsqu'elles ont des enfants, ce sont aussi des pays où les femmes font plus d'enfants qu'ailleurs. Donc ça c'est évident. Mais penser que ce congé naissance va pouvoir inverser totalement la tendance me semble très ambitieux parce qu'il y a d'autres politiques publiques qui peuvent être très importantes."

Un frein réel, l'absence de partage des tâches

Selon Hélène Périvier, "l'idée d'un congé parental plus court, bien rémunéré, peut permettre, dans une certaine mesure, d'améliorer les questions d'inégalités professionnelles, de meilleure articulation des temps de vie, qui sont des choses auxquels les Français aspirent. Donc c'est une idée qui peut peut-être permettre à certains couples d'avoir l'enfant qu'ils n'auraient peut-être pas eu. Mais de là à penser que ça va être la réponse à la tendance qu'on observe, ça me semble un peu ambitieux."

Ce congé n'aura par exemple pas d'effets assez prononcés sur le partage des tâches au sein des couples, or c'est un facteur important.

"L'arrivée d'un enfant, ça pénalise les revenus d'activité des femmes et pas ceux des hommes. On est aussi très loin d'un partage égalitaire des tâches dans la famille."

Hélène Périvier, la présidente du Conseil de la famille au sein du Haut Conseil de la famille et de l'enfance

à franceinfo

"Peut-être qu'un nouveau congé pourra changer un peu dans l'avenir ce partage-là, mais c'est un pari qui est encore à faire, relève Hélène Périvier. Certaines femmes se disent : 'je ne veux pas de deuxième enfant ou je veux consacrer à ma carrière, ou je veux du temps pour moi', et tant qu'on n'aura pas ce partage des tâches, peut-être que ça restera un frein important à la décision d'avoir un enfant".

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