Intempéries : "Les fortes précipitations peuvent produire une augmentation de la fréquence des chutes de pierres", selon un géomorphologue

Les intempéries qui frappent la France et particulièrement celles dans l'est et le sud-est sont susceptibles de provoquer des éboulements et des écroulements. Ludovic Ravanel, géomorphologue et spécialiste de l'érosion, détaille les risques de la multiplication des éboulements.
Article rédigé par franceinfo
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La RD1532, en Isère, coupée suite à un éboulement sur la commune de La Rivière. (STÉPHANE PILLAUD / MAXPPP)

Quelque 11 départements de l'est et du sud-est de la France sont placés en vigilance orange par Météo-France pour des risques de "pluie-inondation", mardi 8 octobre. Pas moins de 80 millimètres de pluie sont attendus en 24 heures en Rhône-Alpes et le préfet des Alpes-Maritimes a pris la décision de fermer les crèches et les établissements scolaires de l'ensemble du département pour toute la journée. De plus, 19 départements de l'Ouest et de la région parisienne sont eux en vigilance orange, à partir de mercredi 9 octobre pour des risques de "pluie-inondation" ou de vents violents.

Ces fortes pluies présentent de hauts risques, notamment pour les routes et les reliefs de moyenne et basse altitude, comme l'explique Ludovic Ravanel, géomorphologue, directeur de recherche au CNRS et membre de la Compagnie des guides de Chamonix. "Ces très fortes précipitations peuvent donner lieu à ce qu'on appelle une augmentation des pressions hydrauliques, c'est-à-dire des pressions d'eau dans les terrains et dans les fissures. Et ça peut produire effectivement une augmentation de la fréquence des chutes de pierres, des éboulements, voire des écroulements en fonction des volumes."

Le changement climatique pèse également sur les reliefs et en particulier l'alternance entre réchauffement et pluies diluviennes, ce qui fragilise les terrains, notamment en haute montagne. "Ces contextes ne sont pas très favorables à la stabilité des terrains, dit Ludovic Ravanel. On a la sensation de voir de plus en plus de choses à toutes les altitudes, mais il nous faudrait des catalogues complets d'événements sur plusieurs dizaines d'années pour être précis sur la question. En revanche, on en a en haute-montagne où là, on a pu montrer très clairement le lien entre la crise climatique et les déstabilisations."

Des infrastructures sous haute surveillance

Des routes, des villages et des vallées sont particulièrement concernés et menacés, comme la route des Gorges de l'Arly, entre Albertville et Megève, en Haute-Savoie, qui est l'une des routes les plus chères de France. "C'est un site qui combine énormément de processus, détaille Ludovic Ravanel. On a les avalanches en hiver, des glissements de terrain, des éboulements et c'est toujours difficile de gérer ce type de risque. Toute la difficulté sur les terrains rocheux, c'est que ce sont des terrains qui évoluent depuis plusieurs dizaines, voire centaines de millions d'années."

Certaines routes et certaines habitations sont tellement à risque qu'il est possible de devoir reconstruire à d'autres endroits. Il est également important d'adapter les pratiques humaines, selon Ludovic Ravanel. "Il faut s'adapter aux effets de la crise climatique et ça passe effectivement par une meilleure gestion de nos infrastructures, de nos voies de communication et de nos pratiques également", conclut-il.

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