Loi de réhabilitation des condamnés pour homosexualité : "On ne peut pas réparer une faute sans qu'il y ait une réparation financière", selon un militant homosexuel interpellé en 1977
"On ne peut pas réparer une faute sans qu'il y ait une réparation financière", a soutenu jeudi 7 mars sur franceinfo Michel Chomarat, militant homosexuel interpellé en mai 1977 et condamné l'année suivante, alors que l'Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi de réhabilitation des personnes homosexuelles frappées par les lois discriminatoires en vigueur entre 1942 et 1982.
Interpellé lors d'une descente de la police dans le bar gay "Le Manhattan" à Paris, et condamné pour "outrage public à la pudeur", Michel Chomarat se dit "très heureux" de ce texte. "Il y a beaucoup d'émotion parce que je me bats depuis très longtemps puisque j'ai été arrêté en mai 1977, condamné en première instance en 1978 et que je me suis pourvu en cassation en 1979, sans résultat positif", a-t-il rappelé.
"Au nom de tous ceux qui ne sont plus là"
Les députés ont rétabli le principe d'une réparation financière pour les personnes condamnées pour homosexualité et la création d'une commission chargée de statuer sur les demandes de réparation financière, que le Sénat avait supprimés. Le texte initial prévoyait un forfait de 10 000 euros, plus 150 euros par jour d’incarcération. Selon lui, l'indemnisation financière est normale "sinon on est dans le symbole et on ne vit pas de symboles". "Mais quand vous avez été ostracisé pendant toute votre vie, vous savez les symboles, il y en a plein les cimetières", a-t-il glissé.
"Je me suis battu, entre autres pour les autres. Et aujourd'hui, je parle au nom de tous ceux qui ne sont plus là", a souligné celui qui est devenu la mémoire de la répression des homosexuels en France, rappelant que jusqu'aux années 1980, l'homosexualité était synonyme de "bannissement social". Environ 10 000 condamnations pour homosexualité ont été prononcées entre 1942 et 1982. Beaucoup de personnes condamnées ont disparu depuis, avec "l'âge, le sida, parce que certains se sont suicidés". "Il y a très peu de personnes, à part Bernard Bousset et moi-même, qui veulent témoigner publiquement", a regretté le militant.
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