"Lorsque les Tchèques lui demandaient des informations, Gérard Carreyrou allait les chercher", selon l'auteur de "À la solde de Moscou"

Pour Vincent Jauvert, grand reporter, ancien chef du service étranger de "L’Obs", auteur de cet ouvrage, l'ancien patron de l'info de TF1, Gérard Carreyrou a bien collaboré avec la StB, un service de renseignement thèque. Ce n'est pas la seule personnalité mise en cause.
Article rédigé par franceinfo
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Vincent Jauvert, grand reporter, spécialiste des affaires de renseignement, le 28 février 2024. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Journalistes, hommes politiques hauts fonctionnaires, Vincent Jauvert, grand reporter, spécialiste des affaires de renseignement, retrace dans À la solde de Moscou, aux éditions du Seuil, l’histoire de personnalités qui espionnaient pour l’Est depuis les années 1960 jusqu’à la fin des années 1980. Ces révélations s’appuient sur des archives tchécoslovaques. "C’est le seul pays au monde qui a ouvert les archives de son service de renseignement, ce qui donne des informations qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, indique Vincent Jaubert, mercredi 28 février. On suit les agents de renseignement au jour le jour." Il y a, parmi tous ces acteurs, une trentaine de noms de Français qui espionnaient pour l’Est pendant la guerre froide. Ses personnalités ont occupé des postes très influents.

Gérard Carreyrou, ancien patron de l’info de TF1 est présenté dans le livre comme un collaborateur d’importance de la StB [les services tchèques]. "Il n’était pas agent, indique Vincent Jaubert, il n’était pas au sommet de la hiérarchie". Gérard Carreyrou lui dément formellement ses informations et annonce dans le Point qu’il va porter plainte mais pour Vincent Jaubert  : "Lorsque les Tchèques lui demandaient des informations, il allait les chercher." Parmi ces informations, Vincent Jaubert évoque notamment les noms "des responsables inconnus à l’époque de la guerre des étoiles en France, le cancer du président François Mitterrand qui n’était pas public à l’époque ou des notes sur Jacques Attali ou encore Hubert Védrine. En ce sens il faisait de l’espionnage", assure-t-il. 

Paul-Marie de La Gorce agent du GRU


Dans ce livre, qui paraît le 1er mars, un chapitre est également consacré à Paul-Marie de La Gorce, décédé en 2004. Ce journaliste a notamment été éditorialiste au Figaro, et chef du service international de Radio France. Les recherches de Vincent Jauvert confirment les soupçons le concernant. "Il y a des documents thèques et des documents russes montrant que Paul-Marie de La Gorce était un agent du GRU, le service de renseignement et d'action de l'armée russe. Il les informait de manière très précise sur l’Otan et il était rémunéré assez grassement." Ce n’est visiblement pas la seule activité qui lui est reprochée. Paul-Marie de La Gorce pratiquait, selon Vincent Jauvert, la technique de la désinformation en répandant, par exemple, des rumeurs chez les Gaulistes. "C’était vrai aussi de l’ancien rédacteur en chef du 'Canard enchaîné', Jean Clémentin".

Pour l’auteur, avec Vladimir Poutine, un ancien responsable du KGB à la tête de la Russie, ces pratiques perdurent et "ont été multipliées par dix, par cent, par mille. En matière de désinformation tout a été inventé dans les années 60. La technologie permet de faire plein de choses supplémentaires, mais les méthodes de recrutement sont les mêmes", conclut Vincent Jauvert. 

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