Plan social chez Nexity : "Cette décision n'était pas facile à prendre", mais face à la crise, "on est obligé de transformer l'entreprise", assure sa PDG

Le premier promoteur français a annoncé jeudi qu'il allait supprimer 502 postes. Ces suppressions d'emplois concernent le pôle promotion-construction.
Article rédigé par franceinfo
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Véronique Bédague, PDG de Nexity, le vendredi 26 avril (FRANCEINFO/ RADIO FRANCE)

"Ce n'était pas une décision facile à prendre", assure vendredi 26 avril sur franceinfo Véronique Bédague, PDG de Nexity, alors que le promoteur immobilier a annoncé la veille qu'il allait supprimer 502 postes pour faire face à la profonde crise de la construction. La patronne de Nexity justifie ce plan de sauvegarde de l'emploi en évoquant "une crise conjoncturelle", et notamment la hausse des coûts de construction. Véronique Bédague soutient ainsi qu'en deux ans, les prix des travaux ont augmenté de "+18%, à la suite de la guerre en Ukraine".

Véronique Bédague s'assure "obligée de transformer l'entreprise" face au recul "de 40% en deux ans" du "marché du logement collectif. "Il est parfaitement normal qu'on ajuste notre outil de production au marché auquel on fait face", insiste-t-elle. Dans le détail, les effectifs du pôle promotion-construction sont concernés par ce plan social dont le coût est estimé à environ 50 millions d'euros. La PDG de Nexity assure que "derrière ce plan de sauvegarde de l'emploi, il y a une vraie transformation d'entreprise". Elle promet qu'une fois que le secteur "sortira de la crise, le marché sera très différent", sans apporter de précision sur les changements à attendre.

La patronne du premier promoteur immobilier français alerte donc sur les conséquences de ses difficultés qui entraînent une "crise systémique". Elle explique, par exemple, que lorsqu'un groupe comme Nexity "construit moins de logements, on offre moins d'emplois aux entreprises du BTP". Véronique Bédague se dit convaincue qu'une sortie de crise est possible, mais rappelle que "plus on attend, plus on détruit des compétences", à la fois dans son secteur et dans le BTP. "Il faut aller vite, il faut résoudre cette crise très rapidement". 

"Retravailler la rentabilité du rendement locatif"

Elle attend donc beaucoup de la baisse des taux d'intérêts annoncée par la Banque de France. "Plus les taux baisseront, mieux on se portera", rétorque ainsi Véronique Bédague. Mais elle invite surtout le gouvernement à agir. La présidente directrice générale de Nexity considère ainsi que "plus vite le gouvernement prendra à bras-le-corps ce problème de la rentabilité de l'investissement au logement, plus vite on sortira de la crise". La PDG de Nexity critique l'action mise en place jusqu'ici par le gouvernement. Elle assure qu'à la sortie du Conseil national de la refondation Logement, l'an dernier, l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne "avait dit que dès la prochaine loi de Finances", l'exécutif "prendrait des dispositions pour rendre plus attractif l'investissement au logement". Or, "cela n'a pas été fait", pointe Véronique Bédague. Elle salue cela dit la posture du nouveau chef du gouvernement Gabriel Attal qui, "lors de sa déclaration de politique générale, a dit qu'il irait chercher les logements avec les dents". La PDG de Nexity est donc convaincue que "la prise de conscience est là", mais elle souhaite désormais de l'action.

Si elle salue les efforts réalisés par les banques pour "soutenir les primo-accédants" via, par exemple, "le prêt à taux zéro", Véronique Bédague plaide maintenant pour "ramener les investisseurs dans le secteur du logement". La patronne de Nexity suggère à l'exécutif de notamment "retravailler la rentabilité du rendement locatif", de "travailler la fiscalité" pour qu'elle soit "équivalente sur un dividende, sur un coupon d'obligation et sur le logement, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui". "Dans le logement, quand vous êtes investisseur particulier, vous avez l'impôt sur le revenu, une taxe foncière (...) et tout cela rend fiscalement l'investissement au logement très défavorisé par rapport aux autres investissements", constate-t-elle.

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