TikTok assigné en justice : le réseau social "est à la manœuvre de l'algorithme" et "ne peut s'en laver les mains", estime l'avocate de sept familles
"Je vous confirme à cette heure avoir déposé entre les mains du tribunal de Créteil un recours porté par sept familles qui dénoncent toutes la même chose, la dégradation de l'état de santé physique et mentale de leurs enfants", confirme lundi 4 novembre sur franceinfo maître Laure Boutron-Marmion, avocate pénaliste spécialisée dans la défense des mineurs. "Certains ne sont malheureusement plus là pour en parler", regrette l'avocate. Parmi les sept adolescentes, deux ont mis fin à leurs jours.
Sept familles, réunies autour du collectif Algos Victima, reprochent au réseau social TikTok et à son algorithme d'avoir exposé leurs enfants à des contenus qui les ont mis en danger, notamment de nombreuses vidéos faisant la promotion du suicide, de l'automutilation ou encore des troubles alimentaires. "Notre recours abonde de pièces et de preuves tangibles pour chacune des histoires de ces sept familles", précise l’avocate. Ce recours s’ajoute à une plainte au pénal déposée en 2023 par les parents de l'une d'entre elles, Marie, qui s’est suicidée.
Une version chinoise "beaucoup plus édulcorée"
Maître Laure Boutron-Marmion dénonce l’attitude du réseau social chinois. "Il n'est plus possible de la part des plateformes de réseaux sociaux, en particulier de TikTok, d'adopter encore ce discours qui consisterait à dire que ce n'est pas leur affaire puisque ce n'est pas leur contenu", estime l'avocate. Selon elle, TikTok est "à la manœuvre". Maître Laure Boutron-Marmion en a pour preuve que "la version chinoise est beaucoup plus édulcorée et ces contenus-là n'ont pas lieu d'être. Ils n'existent pas sur la plateforme", souligne-t-elle.
Grâce au fil "Pour toi" et des algorithmes d’une grande précision, le réseau social propose des contenus ciblés aux utilisateurs. "C’est la principale problématique de TikTok puisque c'est un fil qui est imposé à l'utilisateur et ce n'est pas l'utilisateur qui va chercher le contenu", note l'avocate. Selon maître Laure Boutron-Marmion, "toutes les études montrent qu'au bout de deux minutes ce type de contenus arrive. Les contenus sur le suicide, la scarification, etc. C’est problématique ! C’est eux qui sont à la manœuvre de leur algorithme. Ils ne peuvent aujourd'hui s'en laver les mains", affirme-t-elle.
Sollicité par franceinfo, TikTok affirme n'avoir "reçu aucune notification à cette procédure judiciaire". "Chez TikTok, protéger notre communauté, et tout particulièrement les plus jeunes, est une responsabilité que nous prenons avec le plus grand des sérieux", est-il écrit dans un communiqué. Le réseau social affirme avoir "plus de 40 000 experts en confiance et sécurité dans le monde entier" qui "assurent la sécurité et la protection des utilisateurs et de leurs données, dont plus de 6 000 axés sur l'Europe, 637 traitants du contenu en langue française, soit bien plus que d'autres plateformes comparables".
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