Je peux te poser trois questions ?
Trois questions et une vidéo de trois minutes, il n'en aura pas fallu plus à pour provoquer une polémique qui a enflammé les réseaux sociaux. Dans cette vidéo postée sur YouTube et déjà vue plus de deux millions de fois en cinq jours, cet animateur de radio veut donc prouver qu'il peut embrasser des jeunes femmes dans la rue sans leur demander véritablement leur avis.
Et s'attire depuis ce matin de très nombreuses foudres sur twitter.
Car derrière ce que l'auteur de la vidéo et beaucoup ne verront que comme "une blague potache", se cache peut-être un phénomène de société insidieux et bien plus grave, "la culture du viol et l'incitation à la violence", comme l'explique
Sous la plume de Charie Malrotte, le site Madmoizelle a consacré dans la journée un long article au sujet, qui a beaucoup tourné sur les réseaux puisqu'il a été partagé plus de 60.000 fois. Comme l'auteur l'explique elle-même sur Twitter à propos des jeunes femmes que l'on voit dans la vidéo : "elles sont plusieurs à dire "non" quand il demande de l'embrasser. Non c'est non. Et il tient la tête de certaines !"
Et de rappeler que des baisers obtenus par la contrainte tombent sous le coup du code pénal sur les agressions sexuelles. Pour étayer son propos, elle cite deux spécialistes du droit très connus des réseaux sociaux, et .
"Le baiser volé, une agression comme les autres" confirme , en citant un article consacré par Libé à cette vidéo.
"Hey ! Je peux te poser trois questions pour me donner bonne conscience avant de t'embrasser de force ?" résume sur Twitter.
De quoi pousser certains comme à appeler à manifester à manifester en fin de journée devant les locaux d'NRJ. Une vingtaine de personnes seulement ont répondu à l'appel et donné de la voix.
L'auteur de la vidéo, lui, est pour l'instant le seul à être resté silencieux sur le sujet.
Derrière la blague potache, inspirée d'une vidéo américaine du même type vue plus de 18 millions de fois, c'est la culture du viol, ou du moins du harcèlement de rue qui ressurgit.
Le harcèlement de rue, un thème dont on avait beaucoup parlé sur les réseaux il y a quelques mois non ?
Oui, avec une vidéo, déjà. Réalisée par Sofie Peeters, une étudiante belge, on y voyait la jeune femme se déplaçant seule dans la rue être la cible de très nombreuses réflexions machistes et misogynes plusieurs fois par jour. Une prise de conscience du phénomène du Harcèlement de rue avait alors balayé les médias et les réseaux sociaux. Un tumblr lancé par Anaïs Bourdet sous le titre "Paye ta sheck" a connu un grand succès en compilant les témoignages des femmes sur les réflexions entendues au quotidien dans la rue. Des dizaines de, je cite "tentatives de séduction en milieu urbain" aussi lourdes, machistes voir agressives et dont la vidéo de Guillaume Pley ne serait que le dernier avatar pseudo-comique.
Le sexisme et le web, on en reparle aussi avec une campagne de pub aujourd'hui ?
C'est l'étonnant télescopage de l'actu sur les réseaux. Le jour où la vidéo fait polémique, l'ONU lance une campagne sur le sexisme à travers les requêtes les plus populaires de Google, tweeté notamment par Ewen Mahé.
Vous savez, ces résultats que Google vous suggère en complétant les termes de votre recherche. Sur cette affiche, les mots "les femmes devraient" sont donc complétés par des propositions automatiques " rester à la maison, être des esclaves, être à la cuisine, ne devraient pas voter..."
Entre les vidéos et les algorithmes de Google, la simple égalité hommes-femmes a encore du chemin à faire, même sur les réseaux.
Une nouvelle qui devrait ravir les Tintinophiles ?
Pour les plus patients en tout cas puisque comme s'en est réjouie "Cool, un nouvel album de Tintin... en 2052 "
Dans 40 ans, donc, juste avant que l'oeuvre d'Hergé ne tombe dans le domaine public. Ses ayant-droits, eux, ne perdent pas le nord.
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