Anaïs : "J'aimais ce côté raconter des histoires, emmener les gens dans le rêve"
Sur le papier, Anaïs apparaît comme chanteuse sauf qu'elle n'est pas une chanteuse comme les autres, d'ailleurs, elle n'aime pas faire comme les autres. Au départ, il y a eu le groupe Opossum avec des concerts pour apprendre le métier, puis la scène en solo avec comme compagnon un kazoo, une guitare et puis surtout une pédale Sampler, histoire de lui donner plus de voix. Cette voix est enfin de retour avec un album tout nouvel intitulé Un Sacré Numéro. Elle sera en concert au Café de la Danse le 9 octobre prochain.
franceinfo : N'êtes-vous pas comme c'est écrit sur la pochette de ce disque, évidemment avec ce clin d'œil et cette voiture Peugeot 205, un sacré numéro ?
Anaïs : Ah oui, je crois. Il y avait clin d'œil parce que c'est une expression un peu désuète et j'assume totalement que je fais les choses un peu à l'ancienne comme l'Auto-Tune. J'ai fait même une chanson sur l'Auto-Tune, où je faisais l'Auto-Tune avec ma voix. Je suis un sacré numéro !
Je me suis demandé quelle place occupait cette voix et à quel moment elle est rentrée dans votre vie.
J'ai tellement toujours chanté que je me suis rendu compte très tard que c'était mon instrument. J'ai fait beaucoup d'instruments. Au bout d'un moment, j'ai eu un déclic, à 16 ans, quand j'ai écrit ma première chanson. Je me suis dit : mais tu es chanteuse en fait ! Ça coulait de source. Je faisais partie des rares personnes au collège qui allaient à la chorale. Et voilà. Après, je me suis rendu compte que oui, c'était ça. C'était évident.
Ce qui est assez fou, c'est qu'à chaque fois, vous avez gardé cette indépendance même quand vous étiez seule sur scène avec vos instruments. Le but du jeu, c'était de ne dépendre de personne, d'être toujours maître de ce que vous aviez envie de dire, de raconter, de produire ?
C'est ça. Je suis arrivée à une période où il y avait beaucoup de rachats de maisons de disques, tout ça, ça en rajoutait un peu. J'ai fait deux albums après chez Universal, mais je ne me sentais pas très à l'aise là-bas. Je crois qu'ils ne comprenaient pas ce que je faisais parce que justement j'avais ce côté de faire comprendre que de vieilles chansons pouvaient être drôles et sociales.
"Je me sens aussi un peu une âme de passeuse de cette chanson réaliste, fantaisiste, qui pour moi est très forte. ‘Mon cœur, mon amour’ en est vraiment issue."
Anaïsà franceinfo
Avec le recul, que représente cette chanson ?
Au départ, elle faisait vraiment partie du live et mon éditeur qui était malin, a dit : "Celle-là, je crois qu'il y a un potentiel, il faudrait que tu la réenregistres en studio". Moi, je ne me rendais pas compte que ça allait être un tube parce que je voyais qu'il n'y avait qu’Elle sort qu'avec des blacks qui marchait très bien en live. Et puis, il y a eu des coups d'accélération avec le Printemps de Bourges et les fameuses Victoires de la musique où je n'avais pas peur d'être qui j'étais. Je me suis dit : wow, je vais arriver, je vais faire mon petit délire où je fais l'Écosse, je mets mon T-shirt "I Love Lorie" pour plaisanter parce qu'il y avait des tee-shirts "I Love Madonna" et "I Love Britney" et puis visiblement la fraîcheur de Mon cœur, mon amour a plu.
Dès le départ, vous nous avez montré le chemin. À chaque fois que vous interprétez une chanson, il y a toujours des personnages. Et encore dans cet album, quand on l'écoute, il y a plein de personnages et chacun de nous devient un peu acteur des chansons, on n'est pas que spectateur ou auditeur.
Mais c'est ça. C'est que j'aime bien faire un mini-film, c'est qu'on s'y croit vraiment. C'est toujours ça qui m'a intéressée. Christina sur The Cheap Show, c'est une histoire, c'est une nouvelle. C'est pour ça d'ailleurs que j'ai voulu faire la suite, Christina saison 2.
D'écrire des chansons, de tendre la main, c'est aussi une façon de dédramatiser ?
C'est ça. J'ai vraiment besoin de dédramatiser la vie.
"Je suis quelqu'un qui doit avoir un truc vraiment triste, profond, qui a besoin de ramener beaucoup de bonheur et de gaieté."
Anaïsà franceinfo
Qu'est-ce qui fait que vous ayez choisi la musique pour vous exprimer parce que c'est votre moyen d'expression ?
J'ai un grand instinct et je suis guidée par quelque chose d'assez profond. Je n'ai pas beaucoup confiance en moi, ce qui fait que j'ai failli être professeure d'anglais, pas faire ce que je sentais au plus profond. Mais en fait c'était évident et puis ça a pris plusieurs chemins. J'ai débuté dans un groupe. Et quand j'ai découvert cette pédale, je me suis dit : ça correspond exactement à ton amour des personnages. Tu as une voix très élastique avec un bon sens du rythme parce qu'il faut arriver à boucler toutes ces voix dans le rythme. Faire croire que c'est comme Fred Aster, que c'est facile quand on fait des claquettes. Et je crois que c'est juste moi. Petite, j'étais assez renfermée et j'ai mangé toutes les comédies musicales du monde et j'aimais ce côté raconter des histoires, emmener les gens dans le rêve parce que les comédies musicales c'est ça, et puis les amuser. Je pense que c'est vraiment, tout simplement, une partie profonde de moi.
Que représente cet album, Un Sacré Numéro ?
Je sens que tout le trajet que j'ai fait sur mes précédents albums, c'était pour finalement arriver à faire ça. À être capable de faire mes chansons avec un instrument en ayant acquis toute l'expérience que j'ai maintenant, sans peur d'aller loin parce qu'il y a des chansons comme Too Old for That Shit, c'est n'importe quoi, ça va dans tous les sens, mais pourquoi pas ? Je crois que c'est mon album le plus abouti jusqu'à présent.
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