Anna Karina : "Étant petite, je chantais tout le temps, y compris dans le berceau"
L'actrice et chanteuse Anna Karina est l'invité du monde d'Elodie. Elle revient notamment sur sa longue carrière au cinéma et sur son adolescence au Danemark. Elle évoque aussi sa passion pour la chanson qu'elle a concrétisé avec son album "Je suis une aventurière", sorti en février.
Anna Karina aura bientôt 78 ans. Chanteuse et écrivaine, l'actrice d'origine danoise fait partie, avec ses yeux bleus, de la catégorie des regards les plus beaux du cinéma français. Son regard rieur et charmeur est immortalisé dans certains films de Jean-Luc Godard entre 1960 et 1967 tels que Le Petit soldat ou Une femme est une femme.
Anna Karina a sorti Je suis une aventurière en février, un album aux titres emblématiques mais aussi des inédits. Et lorsque l'on entend Anna Karina chanter, on ne peut que regretter qu'elle n'ait pas également fait carrière dans la chanson. Pour autant la musique ne primait pas sur le cinéma pour la jeune Anna Karina : "J'aimais déjà le cinéma étant petite. Le premier film que j'ai vu est Bambi avec mon grand-père. J'ai cru qu'il était vivant parce que j'étais encore toute petite. Nous étions au premier rang, j'allais foncer sur l'écran pour aller embrasser Bambi mais mon grand-père m'a retenue... Je chantais tout le temps aussi, y compris dans le berceau, parait-il."
"Je ne supportais pas l'injustice"
Anna Karina est née Hanne Karin Bayer, un nom de naissance en lien avec son adolescence au Danemark, son pays d'origine, où elle chantait dans les cabarets et où elle exerçait le métier de mannequin, jusqu'à ce qu'elle fugue pour fuir l'indifférence de sa mère et les coups de son beau-père : "C'était mon deuxième beau-père. Je n'ai que très très peu connu mon vrai père. C'est assez dur de ne pas voir son papa... Je ne supportais pas l'injustice, c'est quelque chose que je n'aime pas, comme la tricherie. À chaque fois qu'il y avait donc une injustice, je fuguais, je m'en allais vers le nord, la Suède, pour trouver mon père, mon vrai papa. J'imaginais que mon père était sur son bateau parce qu'il était capitaine de long cours et que j'allais peut-être le retrouver. J'étais naïve mais très jeune aussi. La dernière fois que j'ai fugué, j'avais 17 ans et demi et je ne suis plus revenue."
"Tu t'appelleras Anna Karina"
Dans cette fuite du pays d'origine, Anna Karina arrive en France et rencontre une certaine Coco Chanel qui lui trouvera son nom de scène : "J'arrive chez madame Lazareff, directrice de Elle et femme de Pierre Lazareff, le grand manitou de tous les journaux de l'époque, à 17 ans et demi. Et je vois cette femme qui s'approche avec un grand chapeau extraordinaire. Elle me demande mon nom. 'Je m'appelle Hanne Karin Bayer, c'est mon vrai nom.' Elle me répond : 'Non, écoute, j'ai entendu dire que tu voulais être comédienne. Tu t'appelleras donc Anna Karina', m'a-t-elle dit sur un ton militaire."
C'est une carrière fulgurante qui attend la jeune Anna Karina, qui tourne avec les plus grands réalisateurs de l'époque, notamment Jacques Rivette, mais aussi Luchino Visconti ou Jean-Luc Godard. "Il était journaliste et avait déjà fait À bout de souffle avec Jean-Paul Belmondo. C'était quand même un film extraordinaire qui a eu beaucoup de succès à l'époque, se rappelle-t-elle. Après m'avoir regardée, il me dit : 'Il faut vous déshabiller', avec ses lunettes noires. J'ai refusé, et je suis partie." Peu de temps après, elle reçoit un télégramme signé Godard pour un rôle dans Le Petit soldat.
Plusieurs collaborations avec Serge Gainsbourg
Sur son album Je suis une aventurière, Anna Karina interprète La chanson d'Angela du film Une femme est une femme réalisé par Jean-Luc Godard mais aussi Ma ligne de chance du long-métrage Pierrot le fou du même Godard. On retrouve également un duo avec Philippe Katerine et un titre issu d'un téléfilm qui porte son nom, Anna, réalisé par Pierre Koralnik qui a scellé une très belle collaboration avec Serge Gainsbourg, "très élégant, toujours bien habillé".
Anna Karina est reconnaissante envers ceux avec qui elle a collaboré : "C'était un cadeau d'avoir tourné tous ces films avec Jean-Luc Godard, parce que je n'ai jamais rien demandé à personne, je ne sais pas le faire. J'adore qu'on me demande de faire quelque chose, je me sens aimée de cette manière. J'adore être demandée et que l'on me propose quelque chose !", sourit-elle.
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