Anthony Delon publie "Bastingage" : "C'était beaucoup plus difficile d'écrire ce livre que le précédent"
Anthony Delon est le fils du monstre sacré du cinéma Alain Delon et de la comédienne Nathalie Delon. Acteur propulsé sur le devant de la scène par Francesco Rosi dans le film Chronique d'une mort annoncée en 1987. Il est également écrivain. En 2008 il a signé Le premier maillon, en 2022 il publiait son autobiographie Entre chien et loup, un récit franc sur la relation, parfois très dure, qu’il a longtemps eue avec son père. Aujourd'hui, il publie Bastingage aux éditions Fayard.
franceinfo : Ce livre, c'est d'abord l'histoire d'une rencontre incroyable que vous appelez karmique. Qu'est-ce que c'est ?
Anthony Delon : Je pense qu'elle est karmique parce que rien dans la vie ne nous arrive par hasard et qu'il y a des rencontres effectivement qui sont beaucoup plus puissantes que d'autres. Mais là, c'est une rencontre avec une âme sœur et très souvent, il y a des gens et des âmes sœurs justement que vous avez connues dans une vie antérieure et que vous retrouvez parce que vous avez des choses à comprendre sur vous. D'ailleurs, j'écris dans le livre : "Ils se sont reconnus à travers leurs douleurs respectives" et effectivement, dans mon histoire, cette femme et cet homme se sont connus dans une vie passée et ils doivent régler leurs différends dans celle-ci.
On se rend compte à travers cet ouvrage, à quel point vous avez avancé dans vos émotions, dans votre gestion des émotions, des sentiments, dans le recul aussi.
C'est drôle parce que c'était beaucoup plus difficile pour moi d'écrire ce livre que le précédent, Entre chien et loup, parce que dans l'autre, j'ai parlé de pardon, j'ai parlé de résilience, de reconstruction, d'apprendre à vivre avec ses blessures. Et puis j'ai soudain compris que dans la vie, quand vous ne comprenez pas certaines leçons, eh bien, elles vous remettent toujours dans des situations qui en général, vont devenir de plus en plus difficiles parce qu'on est confronté à un ennemi redoutable qui est soi-même. Et moi avec ma personnalité, cet ennemi a été effectivement très dur à combattre.
Vous écrivez : "Pour aimer les autres, il faut s'aimer soi-même". Est-ce que cela va mieux aujourd'hui ? Est-ce que le fait d'écrire vous apaise ?
"En écrivant, j'ai compris beaucoup de choses et j'espère qu'effectivement les autres, comme avec 'Entre chien et loup', trouveront des clés."
Anthony Delonà franceinfo
Moi, ça m'a fait du bien. Et ça m'a fait peur au moment où j'ai décidé d'écrire ce livre. J'ai été obligé de me replonger dans ces histoires et c'est pour cela que ça a été dur. Le manque d'amour pour soi et la culpabilité nous poussent ou peuvent nous pousser à accepter l'inacceptable au sein d'une famille qui peut nous imposer des dogmes, que ce soit religieux ou autres. Moi, j'ai vécu aussi dans mon enfance, ce qui est une violence d'oppression où en fait, on ne vous laisse pas vous exprimer, dire et exister... Parce qu'avec la construction mentale de l'enfant, on ne peut pas remettre en cause les parents, donc l'enfant culpabilise, il se dit : "C'est moi, on me bat parce que je fais mal ou on me fait ça parce que je fais mal, je ne comprends pas, je culpabilise" et plus tard, ça nous emmène à des relations qui peuvent être des relations d'emprise.
Cet ouvrage parle de la relation de couple et donc de la relation de famille avec des personnages très forts, comme celui du père que vous citez comme étant très égocentrique. Vous parlez aussi de cette fragilité que votre personnage a eue d'un seul coup d'un seul quand son père a eu des soucis de santé. Ça fait peur ?
Je parle de mon père, de ce moment où on découvre ce cancer sauf que je ne parle pas de mon père. Moi, Anthony. Il y a une inspiration effectivement de mon vécu, mais je parle de ma mère parce que tout s'est déroulé comme ça pour elle. En fait, un jour, j'arrive chez ma mère et elle me dit : "Tu as vu, je suis toute jaune, j'ai dû manger un fruit de mer, un truc" Et puis deux jours après, elle était encore très jaune, donc elle a été à l'hôpital et là, boum, le diagnostic est tombé, cancer du pancréas avec une tumeur qui était grosse comme un citron.
"C'est quand ma mère est tombée malade que j'ai pris conscience de la fragilité de l'existence de cet être, qui pour moi était indéboulonnable."
Anthony Delonà franceinfo
Pour terminer, vous avez dit qu'Entre chien et loup vous avait permis de vous dire pour la première fois avec votre père que vous vous aimiez. Vos parents, vous ont-ils dit qu'ils étaient fiers de vous ?
Oui. Mon père comme ma mère. Ma mère me l'a dit souvent. Elle était d'ailleurs un peu ambivalente là-dessus. Derrière mon dos, elle me mettait toujours en valeur, mais si devant elle, je disais : je me suis bien débrouillé pour ça, elle répondait : "Ouais, ça va, calme-toi".
Et avec mon père, Entre chien et loup nous a dans un premier temps rapprochés. Mais il y a eu un peu un effet élastique, c'est-à-dire qu’après le rapprochement, il y a le contrecoup. Il a commencé à réfléchir à ça et donc il y a eu un éloignement. Par la suite, il y a eu un autre rapprochement, parce que c'est vrai qu'il faut le temps de digérer certaines informations, mais après, il a compris que dans ce livre, je ne parlais que d'amour.
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