BD : "Gen War – La guerre des générations" raconte l'absurdité d'un conflit entre vieux et jeunes dans un univers de science-fiction
Mo/CDM est le pseudonyme d'un auteur et scénariste de bande dessinée. CDM signifiant Chieur De Mondes comme l'indiquait le fanzine qu'il a créé pendant ses années lycée. C'est avec Le Journal de Mickey, Super Picsou géant et Mickey Jeux qu'il a fait ses premiers pas. Puis il y a eu les guides illustrés et ses premières bandes dessinées comme Combines martiennes, Mat Matou, Klébar le Chien. Le 12 avril dernier, il a reçu le prix Gotlib au Festival du livre de Paris pour son album : Tirez sur mon doigt, Monsieur le président ! paru chez Fluide Glacial. Début mai, il publiait les deux premiers tomes de Gen War – La guerre des générations aux éditions Fluide Glacial. D'un côté, on a les jeunes qui sont très boutonneux, de l'autre, on a les vieux qui sont plutôt en déambulateur. C'est drôle, assez vrai et lucide.
franceinfo : On se dit souvent que ce n'est pas beau de vieillir, mais ce n'est pas beau non plus de ne pas vouloir grandir. Est-ce ça que vous vouliez montrer ? Qu'il faut finalement que ces deux générations apprennent à vivre ensemble ?
Mo/CDM : Ah ! Oui, c'est ça. J'essayais de souligner un peu l'absurdité de ce conflit qui ne devrait pas en être un, puisque par définition, avec un peu de chance, un jeune finit par être vieux et généralement un vieux a été jeune, donc c'est ce biais-là que j'ai choisi pour faire ce combat absurde dans un monde postapocalyptique.
Votre patte, c'est de croquer et de vous moquer de vos contemporains avec des yeux d'enfant emplis de délectation, d'amusement aussi ?
Oui. C'est vraiment de la distraction et ce que j'essaye de faire, de mettre cette "guéguerre" dans un univers de science-fiction pour que visuellement ce soit plus rigolo à dessiner et que pour le lecteur, il y ait un petit peu d'évasion.
"J'appartiens à cette catégorie d'auteurs de BD pour qui c'est avant tout du gag, de la distraction. Il peut y avoir une lecture politique, mais pas plus que ça."
Mo/CDMà franceinfo
Vous êtes né à Tahiti. Votre vrai prénom, c'est Moana. Et quand vous êtes arrivé en métropole, on vous prenait pour une fille. C'est votre père qui vous a conseillé de trouver un pseudo pour essayer d'éradiquer ce problème.
Oui, alors ce n'était pas non plus un harcèlement très violent, mais c'est vrai qu'en métropole, un prénom avec des "a" c'est souvent plus féminin, donc à six sept ans ça fait moins rire d'être traité de fille. Ce n'était pas vraiment un pseudo, c'était plutôt une manière aussi de raccourcir ce prénom que je devais répéter trois ou quatre fois à chaque fois qu'on me demandait comment je m'appelais. Et puis voilà, c'est resté.
À quel âge avez-vous commencé le dessin ?
Petite section de maternelle, quelque chose comme ça.
Et puis il y a eu des hasards, avec notamment au lycée, cette rencontre avec Julien Solé. Vous étiez fan du père et vous rencontrez le fils, qui est également très doué. Ça a été immédiat ?
Alors une petite précision, c'est Vincent Solé, qui est musicien et le plus jeune fils de Jean Solé, qui m'a présenté son frère. J'étais à Paul Valéry, dans le 12ᵉ à Paris à l'époque. Ensuite, très vite, j'ai rencontré le papa et là, j'avais en face de moi quelqu'un qui vivait du dessin, qui pouvait m'expliquer que c'était un vrai métier. C'est un virtuose, c'est un dessinateur incroyable, qui n'a pas fait beaucoup d'albums et qui peut-être n'a pas assez de visibilité aujourd'hui. Graphiquement, en France, on parle toujours de Moebius, mais Jean Solé, c'est un des très grands de l'illustration. Et donc j'ai eu la chance de pouvoir le côtoyer. Et évidemment, son fils Julien, a hérité d'une bonne part de ce talent et donc c'était un plaisir de vivre avec eux quelques années.
Le point de départ de cette guerre des générations, c'est que les trottinettes en libre-service sont interdites, ce qui va évidemment favoriser le sourire de certains et déplaire à d'autres. C'est drôle et en même temps, j'ai l'impression que ça nous parle de la réalité.
En tout cas, oui, là, l'interdiction des trottinettes, c'est vraiment une réalité, c'est certain. Mais je pense qu'il faut qu'on trouve des solutions plus petites que la voiture bien évidemment. Et la trottinette électrique en libre-service, c'était une des solutions. Il n'y en a pas qu'une. Là, je trouve que ce vote à Paris a été organisé avec très peu de points de vote - donc évidemment, je pense que l'écrasante majorité des gens qui se sont déplacés pour aller voter avaient plus de 50 ans. Et malheureusement, ceux qui utilisent ce moyen de transport, ils ont plutôt 15-20 ans et je trouve que c'est dommage. J'ai pris ce prétexte pour un peu léger pour démarrer ce grand conflit qui amène à la destruction du monde.
Évidemment, la ville est en plein chaos. Ça aussi c'est l'une de vos particularités, vous aimez bien quand c'est le "bordel".
C'est plus facile à dessiner.
"Tout ce qui est un peu abîmé, ridé, cassé, déglingué est, pour moi, plus facile à dessiner que quelque chose de neuf et de rectiligne."
Mo/CDMà franceinfo
Que représentent ces deux tomes ?
Je dois dire que là-dessus, il n'y a pas vraiment une stratégie, un plan, un calcul. L'inspiration, c'est vraiment une anguille qu'il faut arriver à attraper et dans l'humour, c'est extrêmement difficile. Ça vient, ça ne vient pas. Les albums se suivent et j'espère avoir chaque année une petite maturité supplémentaire dans le dessin pour pouvoir avancer plus efficacement et pouvoir être plus en accord avec ce que j'ai en tête. Le meilleur album que je dois faire, il est à venir, ça c'est certain.
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