Cancer, "plus grande chanson" et l'"âge du bilan" : ce qu'il faut retenir de l'entretien de Florent Pagny sur franceinfo
Florent Pagny est un interprète qui nous accompagne depuis plus de 35 ans et qui fait partie de nos souvenirs tristes ou joyeux. Les chansons comme Savoir aimer (1997), Ma liberté de penser (2003), Chanter (1997), Et un jour une femme (2000), Les murs porteurs (2013)" ou encore Là où je t'emmènerai (2006) sont devenues ses chansons, mais surtout les nôtres.
>> DOCUMENT FRANCEINFO. "Mentalement, la maladie n'a pour l'instant pas gagné l'affaire !" : Florent Pagny se confie sur son cancer
Le petit garçon divorcé très tôt de l'école, grand réalisateur de bêtises en tout genre, a toujours rêvé grand, mais simplement jusqu'à ce qu'il découvre cette voix du haut de ses onze ans. Une découverte vécue comme une deuxième naissance. Ses tournées se sont jouées à guichets fermés ou presque. Ses albums se sont écoulés à 15 millions d'exemplaires, sa personnalité y étant pour beaucoup, il a su conquérir le cœur des Français avec son franc-parler et son humilité. Florent Pagny vient de publier son autobiographie : Pagny par Florent aux éditions Fayard, écrite avec l'écrivaine, parolière et amie de longue date Emmanuelle Cosso.
franceinfo: Je voudrais qu'on parle de la couverture de votre livre. C'est une photo qui est très importante pour vous. Elle est en noir et blanc.
Florent Pagny : D'abord, elle est belle. Elle peut poser un problème de lecture parce qu'on fume. C'est un acte que j'ai pratiqué et tous les gens qui pouvaient rentrer dans mon intimité m'ont forcément vu dans cette situation et avec cette image-là. Et elle n'aura plus jamais lieu puisque de toute façon, c'est derrière moi, j'ai arrêté de fumer obligatoirement.
Vous parlez justement de pourquoi on ne pourrait plus la prendre aujourd'hui avec la découverte de cette maladie. Depuis le début, on sent que vous vivez avec cette maladie, mais qu'elle ne fait pas partie de vous.
Pour l'instant, mentalement, elle n'a pas gagné l'affaire. Donc je me branche franchement sur d'autres choses et je n'y pense pas, même quand je vais me coucher, je n'y pense pas. C'est une grande chance encore. Je ne sais pas si ma nature ne me permet pas ce genre de choses et puis si finalement, ce que j'ai appris et ce que j'apprends de la vie, qui de toute façon est éphémère, elle est pour tout le monde, c'est que si les choses devenaient autrement, je pense que je trouverais aussi l'axe où tu te dis : "Quand même avec tout ce que j'ai vécu, tout va bien quoi !"
Les choses peuvent être difficiles, mais si on sait les prendre, si on assume, si on affronte bien et qu'on comprend bien ce qui nous arrive, tu dois pouvoir t'en sortir. C'est le piment... Celui-là, il est un peu piquant, mais bon.
Florent Pagnyà franceinfo
Vous avez mis du temps à accepter d'écrire vos mémoires.
Oui. En fait, c'est cette bande des 60 ans qui m'a amené à tout ça, c'est quand d'un seul coup, je prépare la tournée des 60 et que je me dis : bon, allez, je ne sais pas ce qui va se passer après parce que j'ai franchement l'impression qu'il y a une page qui va se tourner. C'est assez flou. Et dans cette page qui se tourne, je pourrai peut-être faire une espèce de bilan, c'est l'âge et si c'est pour le faire, c'est maintenant.
Cet homme qu'on a appris à aimer au fil du temps à un point de départ. C'est cet âge de onze ans. Vous êtes malade, votre mère vous dit : "Reste au chaud" et vous avez un gros souci enfant, c'est que vous êtes hyperactif et que vous vous ennuyiez très souvent.
Oui et très vite !
Vous allez combler cet ennui par des bêtises. Mais ce jour-là, vous le comblez avec un électrophone et vous mettez un disque de Gérard Lenorman avec la chanson Il et vous pousser la chansonnette. Et avant même que votre mère rentre du travail, vous sentez qu'il se passe quelque chose à ce moment-là.
C'est assez particulier quand d'un seul coup, tu sens que tu es capable avec ton corps, avec un organe, de faire quelque chose que les autres vont peut-être regarder en se disant : 'mais je ne peux pas le faire'.
Florent Pagnyà franceinfo
Exactement. Tu as trouvé quelque chose qui deviendra ton point fort. Tu te retournes et là, il y a ta mère qui est figée. Elle aussi chante depuis toute sa vie et super bien et elle réalise qu'elle a un enfant qui a ça. Et à partir de là, nos vies vont changer.
Dans le dernier titre que vous interprétez avec Kendji Girac, Encore, vous parlez de l'insouciance. Est-ce que vous l'avez gardée ?
J'ai peur que oui ! Je dis toujours que je suis resté collé à 27 ans, l'année où ma vie a basculé, où je suis passé d'un quidam à quelqu'un qu'on reconnaissait dans la rue. J'ai cette espèce de jeunesse naturelle en moi, avec forcément plus d'expériences.
Quand on parle de vous, on pense évidemment à l'interprète que vous êtes. Est-ce que vous êtes fier du répertoire que vous avez réussi à vous construire à travers les autres, à travers les échanges que vous aviez avec les autres, à travers le fait que les autres aient envie d'écrire pour vous aussi ?
Ah oui, j'ai trouvé les bonnes chansons et après, je pense avoir inspiré, moi, ma moitié, la vie, d'autres très bonnes chansons. Il y a même eu des événements un peu bizarres qui ont inspiré une excellente chanson qui devient ma plus grande chanson. Et sur scène, j'explique que c'est celle que j'ai le plus vendu et c'est un peu triste parce que j'aurais préféré que ce soit Savoir aimer le message d'amour, mais non, c'est plutôt un message un peu matérialiste.
C'est Ma liberté de penser !
C'est Ma liberté de penser, mais avec tellement d'ironie et tellement de recul que tu dis : "Allez, ça va, on peut en rire et ça peut en plus servir". Toutes ces chansons, tous ces messages, tout ce que j'ai à faire avec tout ça, ça définit mon parcours.
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