Cancer : "Sept enfants sont diagnostiqués chaque jour", alerte la présidente de l'association Imagine for Margo - Children without Cancer

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 10 septembre 2024 : la présidente fondatrice de l'association Imagine for Margo - Children without Cancer, Patricia Blanc. Le 29 septembre aura lieu la course solidaire Enfants sans Cancer au Domaine national de Saint-Cloud.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 17 min
la présidente fondatrice de l'association Imagine for Margo - Children without Cancer, Patricia Blanc (francienfo / Radio France)

Depuis 2011, Patricia Blanc est la présidente fondatrice de l'association Imagine for Margo - Children without Cancer, une association essentielle qui a d'ores et déjà permis de récupérer et d'affecter 20 millions d'euros à la recherche des cancers des enfants et adolescents avec 51 programmes de recherche financés. C'est Margaux, sa fille, disparue à l'âge de 13 ans à la suite d'une tumeur au cerveau, qui l'a poussée à continuer ce combat, à faire en sorte de tout donner pour peut-être sauver d'autres enfants et donc d'autres familles. Le 29 septembre prochain aura lieu la Course solidaire Enfants sans Cancer au Domaine national de Saint-Cloud, avec une collecte qui va permettre de financer de nouveaux projets innovants.

franceinfo : Nous n'avons pas du tout conscience que les enfants sont largement touchés par le cancer.

Patricia Blanc : Ce sont 2500 enfants qui sont diagnostiqués d'un cancer en France chaque année. Sept enfants par jour et il y en a un sur cinq qui va décéder. Il faut plus les guérir. Il faut aussi les guérir mieux parce que la plupart des enfants guéris auront des séquelles graves. Il faut le faire savoir et il faut se mobiliser pour que les enfants puissent guérir et avoir leur vie d'adulte la meilleure possible.

"Le cancer de l'enfant, c'est la première cause de décès des enfants de plus d’un an par maladie en France et en Europe. Ce n'est pas un petit sujet."

Patricia Blanc

à franceinfo

Cette association est une façon pour vous de transmettre, de passer le flambeau, de soutenir. Vous auriez aimé avoir ça au moment de la découverte de la maladie de Margaux et au moment de sa disparition ?

En fait, quand Margaux est tombée malade, on nous a dit tout de suite qu'on ne pourrait pas la guérir. Et Margaux, pendant sa maladie, avait collecté des fonds pour la recherche et elle nous a laissé ce message, ce message de vie : "Vas-y, bats-toi, gagne !" Alors, face à cette collecte qu'elle avait faite pour la recherche et en plus de ce message, on ne pouvait pas faire autrement que de se mobiliser pour les autres et de continuer son combat, l'honorer elle, mais aussi honorer tous les autres enfants qui sont malheureusement partis ou qui se battent actuellement.

Vous avez un parcours professionnel incroyable. Vous avez travaillé 26 ans dans un cabinet d'audit, ensuite en finance internationale pour une grande banque et vous avez tout plaqué, en 2013, pour vous consacrer à cette association. Pourquoi ce choix ?

Déjà, lorsque je suis revenue à mon poste quelques mois après le décès de Margaux, je n'avais plus vraiment la même motivation. Et puis Margaux avait collecté des fonds et on s'est dit : "Voilà, elle a voulu aider les autres. On a des gens autour de nous qui peuvent nous aider", elle a quand même collecté 100 000 €, ce n'est pas rien, "il y a un réseau autour de nous qui pourrait nous aider à continuer le combat". J’ai fait un choix entre : je continue dans la banque ou bien je tourne la page vers quelque chose de nouveau. C'était risqué, mais en même temps je ne voulais pas regretter, je ne voulais pas que peut-être deux ans après, en me retournant, avoir à me dire : j'aurais dû le faire et je ne l'ai pas fait. Et donc pour ne pas regretter, agir. Je me suis dit : j'y vais !

Il y a trois axes très importants pour vous : financer, améliorer le bien-être des enfants et surtout mobiliser les pouvoirs publics, les autorités françaises et européennes. Quelle est la plus grande difficulté dans ces combats ?

Il faut mobiliser et faire savoir que les enfants ont des cancers pour qu'on se dise : "Il faut faire quelque chose" parce que tant qu'on ne sait pas, eh bien on ne peut pas se mobiliser. Et c'est pour ça que c'est important qu'on fasse savoir que Septembre en Or existe et que c'est le mois international du cancer de l'enfant. Et puis après les grandes difficultés, c'est qu'il y a une centaine de types de cancers différents chez les enfants, donc ça en fait des maladies rares. Il y a donc peu d'investissements des industriels et peu de mobilisations des pouvoirs publics.

Pour les personnes qui nous lisent, il y a effectivement cette course qui aura lieu le 29 septembre prochain. Il faut soutenir cette course en y participant. Comment peut-on prendre le départ ?

C'est très simple. Pour participer à la course, il faut s'inscrire sur un site qui s'appelle : Enfants sans cancer et après tout est expliqué. Vous vous inscrivez, vous montez votre page de collecte et après, vous envoyez cette page à vos amis, à vos collègues, à votre famille pour dire : "Regardez, moi, je me suis engagé pour les enfants atteints de cancer, faites comme moi". Vous parlez de la cause et en plus vous collectez des fonds !

Vous venez de publier un ouvrage consacré à votre fille Margaux, À la petite fille que tu étais sorti aux éditions Et Ma Plume. Est-ce une façon de continuer à vous adresser à elle, de lui dire des choses ?

"J'ai eu du mal à mettre des mots sur mes maux, mais en même temps, j'avais besoin de laisser une trace du combat de Margaux, ainsi qu'à sa sœur."

Patricia Blanc

à franceinfo

J'avais besoin, parce qu'on me l'a demandé, de montrer pourquoi et comment on a réussi à surmonter ce drame. C'est aussi un message aux autres familles, pour se dire : "Bah voilà, on peut avoir un drame terrible dans notre vie. La mort d'un enfant, c'est dans nos tripes, c'est quelque chose de très fort. Comment est-ce que de ça, on arrive à trouver de l'énergie pour continuer à avancer, à vivre et puis aussi à aider les autres ?"

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