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Catherine Jacob sur scène dans "Le Fil à la patte" : "Aller tous les soirs faire rire des gens, c'est pas mal !"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, la comédienne, Catherine Jacob. Elle est sur la scène du théâtre Hébertot dans la pièce "Le Fil à la patte" de Georges Feydeau.


Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Catherine Jacob (RADIO FRANCE / SOPHIE BRIA)

La carrière de comédienne de Catherine Jacob a démarré très vite après qu'elle ait suivi les Cours Florent, avec de belles apparitions sous plusieurs directions du côté du grand écran, mais aussi de la télé avec de petits rôles. Elle est liée au cinéma mais aussi au théâtre. Les planches l'accompagnent depuis 1988. Actuellement, elle est sur la scène du théâtre Hébertot, dans la pièce emblématique de Georges Feydeau, Le Fil à la patte.

franceinfo : Le fil à la patte se passe dans les années 50, avec un homme qui tente finalement de faire disparaître sa maîtresse, en tout cas de la sortir un peu de sa vie. C'est très actuel, finalement, cette écriture.

Catherine Jacob : L'écriture de Feydeau, c'est fin 19ᵉ, c'est Christophe Lidon qui a décidé de transposer ça dans les années 50 pour un petit effet de fraîcheur, mais 125 ans après l'écriture de Georges Feydeau, que ce soit dans les années 50 ou en 2002, la lâcheté est là.

Et puis surtout ce choix un peu difficile à faire entre l'amour et l'argent.

Non, non, ce n'est pas un choix difficile à faire. Pour lui, c'est très, très clair. Il est rincé. Il s'agit de Bois-d'Enghien, qui est interprété par Jean-Pierre Michaël, et c'est un fêtard qui se retrouve un peu cuit et il est très amoureux d'une chanteuse, mais il n'a pas d'argent.

Il y a un côté fable de La Fontaine.

Il y a toujours une morale. Dans toutes les pièces de Feydeau, on peut parler d'amour, de portes qui claquent, d'amant dans le placard. Au final, l'argent gagne toujours.

Quelle place occupe le théâtre ? Après des études d'architecture...

Non, non, non, je n'ai fait que passer très brièvement. Je détestais ça. J'ai été inscrite d'office, j'ai rencontré des gens formidables et d'autres pas du tout. Et puis je suis partie en cours d'année et j'ai été chez Florent. J'adorais François Florent. J'adorais le regarder voir les gens, les nouveaux, les anciens, ceux qui arrivaient.

Ça représente quoi le théâtre pour vous, sachant que vous avez eu vos plus gros succès au cinéma ?

Oui, mais le cinéma, ça va, ça vient, ça repart.

Donc le théâtre occupe vraiment une place particulière et de plus en plus !

C'est immédiat. Et puis, tout le monde n'a pas envie de faire ça. Faut y aller jouer le soir. Mais moi, c'est un vrai plaisir, ça va être ça de plus en plus. Alors on va me dire : "Mais vous êtes vieille maintenant, le cinéma..." Moi, je me contrefous de tout ça. Ça n'a aucun sens. Franchement, je préfère avoir la maturité plutôt que les dents qui claquent à 18 ans.

Qu'est-ce qui a le plus changé alors ? Entre Le fil à la patte aujourd'hui, le plaisir que vous avez de monter sur scène et Bienvenue au club où vous aviez déjà envie de monter sur scène.

J'étais un bébé bafouillant, les pieds en dedans. Qu'est-ce qui a changé depuis 1986 ? Quand même quelques petites choses !

Ça veut dire qu'on se détecte plus des choses avec le temps ?

Ça veut dire que la maturité n'est pas ingrate. Ça a quand même un sens tout ça.

Vous avez toujours fonctionné à l'instinct.

A l'instinct et il y a quand même un petit cerveau entre les oreilles. On est abasourdie quand un Blier ou un Leconte vient nous chercher, il n'y a pas d'instinct, il y a une terreur. En même temps, ça s'est tellement bien passé qu'il n'y a pas de souci.

Est-ce que vous avez, par moments, eu ce besoin de repousser un peu vos limites, d'accepter des rôles qui vous obligeaient à vous mettre à nu, à lâcher un peu prise ?

Avant, je fonctionnais à l'énergie et aujourd'hui, en maturité, on réfléchit un peu plus. Ce qui arrive maintenant, c'est vraiment le plaisir de jouer, de composer, de faire quelque chose.

Catherine Jacob

à franceinfo

Pas tant que ça. Je n'ai pas tellement lâché. Je me demande comment j'ai fait.

Qu'est-ce que vous gardez de vos parents ?

Ma mère avait une grosse envie de culture, elle m'emmenait au théâtre. Mon père, c'était un peu un enfant, et il m'expliqué cette chose phénoménale, c'est qu'il fallait se battre pour payer. Je trouve ça formidable.

Comment avez-vous vécu cette notoriété ?

La notoriété ? Je ne la vis pas du tout. J'ai eu une vie hyper simple. La petite fée du logis avec son petit caddie qui fait son petit marché. Non, il n'y a pas de boulard, je n'ai pas beaucoup chauffé parce qu'il y a quand même de bonnes âmes pour vous rappeler que vous n'êtes pas grand-chose. C'est le plaisir de jouer, le reste, c'est de la foutaise.

Ça veut dire que le regard sur les femmes et les rôles qu'on propose ont changé aussi.

Oui, ça commence à bien faire. Vous voyez, les nanas avaient des rôles de jouet, ce n'est pas possible, il y en a marre. Et puis l'histoire d'âge, soi-disant qu'après 50 ans on disparaît des écrans. Oui, non, il faut sortir les crocs, là. Il ne faut pas avoir peur de ça, c'est de la foutaise. On nous ment, on nous exploite ! Moi je trouve que la maturité est une chose absolument formidable. Ce sont les avantages sans les inconvénients.

Heureuse aujourd'hui ?

Aller tous les soirs faire rire des gens, c'est pas mal.

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