Chantal Goya : "Je n'aurais pas connu Jean-Jacques Debout, vous n'auriez jamais rencontré Marie-Rose : impossible !"

Chantal Goya chante depuis plus de quatre décennies pour les petits et les grands. Les petits de ses débuts sont devenus parents et même grands-parents. Et malgré ses quatre-vingt printemps, rien ne l'arrête. Elle continue de monter sur scène, d'être plébiscité, applaudie, adulée, demandée.

Elle est actuellement sur les routes de France avec son spectacle : Sur la route enchantée et vient de publier une bande dessinée : L'Intrépide Chantal Goya aux éditions du Signe. Dès octobre 2023, elle reprendra son spectacle : Le Mystérieux voyage de Marie-Rose au Palais des Congrès suivi d’une tournée des Zénith.

Depuis 1964, Chantal Goya a donc interprété plus de 400 chansons et a rendu hommage aux grands hommes comme Saint-Exupéry, La Fontaine, George Gershwin, Disney, Victor Hugo. Elle a aussi collaboré pour interpréter des titres devenus des génériques de dessins animés.

franceinfo : Après votre travail de création, était-ce une suite logique dans votre parcours que d'interpréter des génériques de dessins animés ?

Chantal Goya : Oui, parce qu'à l'époque, les dessins animés arrivaient à la télévision. Et Jean-Jacques était demandé par Bruno Huchez qui était le grand manitou de toutes les grosses bandes dessinées qu'il achetait je ne sais pas où, en Chine, au Japon et qu'il remettait en français avec l'histoire qui était la leur, mais avec des mots français et des mots inventés par Jean-Jacques. Bouba, le petit ourson, c'était Jacquie l'ourson, maintenant c'était devenu Bouba. Et puis il y a eu Les quatre filles du docteur March, puis Cosette, Cosette des Misérables, Capitaine Flam bien sûr écrit par Jean-Jacques et Roger Dumas.

Quelque part, c'est aussi, encore une fois, une main tendue vers ces enfants, vers des ados, vers des personnalités qui ont besoin finalement d'être envoyés ailleurs, d'être absorbés par autre chose.

Oui, on a besoin de rêver encore plus aujourd'hui, mais on a besoin de rêver. Et on a donné du rêve, parce qu'on était un petit peu les pionniers avec tous les artistes qui étaient autour de nous. Ce qui était bien à l'époque, c'est qu'on était une famille, on se voyait souvent, on se réunissait dans les émissions de télé, on n'avait pas de limite. Au contraire, tout était permis et il n'y avait pas un agent qui disait : "Mais ce n'est pas possible pour sa carrière si elle ne chante pas son tube !" Non, il n'y avait pas d'histoires de tubes. Moi, je pensais que tout le monde faisait comme moi, je ne me rendais pas compte.

Je me souviens que dans les grosses tournées du Mystérieux voyage, comme à La Beaujoire, à Nantes, c'était 30 000 personnes et après moi, c'était Yves Montand, c'était Coluche et c'était de Johnny, des gens merveilleux et donc c'était énorme. Cela me manque beaucoup aujourd'hui. Ça manque beaucoup à Jean-Jacques parce que plus ça va, plus tous les gens importants s'en vont. Aussi bien les gens qu'on a connu comme Jean Poiret qui était quelqu'un qui venait voir tous mes spectacles. Même Sammy Davis Junior est venu à la maison et après il m'a demandé ce que je faisais. Je lui répondais : je chante Pandi Panda. Il m'a questionné : "C'est quoi ça, Pandi Panda ?" Je vais vous montrer alors je lui ai chanté la chanson et puis, trois jours après, il était au théâtre des Champs-Elysées pour le grand bal de l'Unicef, il a arrêté tout le spectacle et il a dit : "Maintenant je vais vous chanter une chanson pour Chantal Goya, Pandi Panda ! Il l'a fait. Ça, c'est les Américains, ils sont très forts.

Il y a énormément de générations qui vous suivent. Finalement, les petits sont devenus grands. Ils emmènent leurs enfants, leurs petits-enfants, leurs arrière-petits-enfants à vos spectacles.

Oui, il y a cinq générations, c'est fou !

Cinq générations en tout aujourd'hui, ce qui est quand même juste extraordinaire. Aujourd'hui, vous avez quatre fois 20 ans. Comment vous vivez ce temps qui passe ?

Ça ne me fait rien, on avance.

Ce serait pas mal que je sois la femme la plus vieille du monde. 125 ans, vous imaginez la tête que feront les autres ? : ‘Mince, elle est encore là, celle-là. C'est pas possible !’

Chantal Goya

à franceinfo

Avec vos robes et vos personnages en plus !

Oui, mais je suis bien dedans. Tant que je me sens bien dedans et que ce n'est pas ridicule, ça va parce que je ne suis pas bête, je vois bien les choses. Je me dis que ça passe très bien, les gens sont heureux, tant mieux.

40 millions de disques vendus recordwoman du Palais des Congrès, heureuse de cette carrière ?

Je n'aurais pas connu Jean-Jacques Debout, vous n'auriez jamais rencontré Marie-Rose. Impossible. Oui, c'est quand même incroyable. Je ne voulais pas être connue. Je ne voulais pas chanter alors bon, pour quelqu'un qui ne voulait pas de tout ça, j'ai fait fort !

Pour terminer, Pandi Panda est effectivement la chanson la plus réclamée quand vous montez sur scène. C'est une chanson qui a été créée pour sensibiliser le jeune public à l'extinction de cet animal. Elle représente quoi cette chanson alors pour vous ?

Moi je n'habite pas très loin du zoo de Beauval, donc j'étais allé voir les petits pandas. Et là, je me suis sentie très mal, j'avais très chaud et j'ai dit : je ne me sens pas bien, alors on a filé tout de suite à la clinique des pandas. J'ai dit : "Qu'est-ce que c'est que ça encore ?" On m'a emmené en bas, dans la clinique, il y avait un grand lit. Ils attendaient la naissance du panda. Ils m'ont installé sur ce grand lit, m'ont m'a donné un petit médicament pour que ma tension baisse. Mais j'ai vu par la fenêtre cet énorme panda qui est arrivé. J'ai alerté : regardez ce qui arrive, c'est un ours, mais un ours terrible avec de gros bras noir et blanc. On m'a rassuré en me disant qu'il ne pouvait pas traverser, "Ne vous inquiétez pas". J'étais la première à être sur le lit du panda quand même !

Et cette chanson continue...

'Pandi Panda' est une chanson qui exprime toute la force qu'il faut mettre pour protéger notre planète parce que beaucoup d'animaux sont en voie de disparition.

Chantal Goya

à franceinfo

"Pandi Panda, petit ourson de Chine". Je l'ai fait en anglais pour une grosse émission de Thanksgiving day aux États-Unis : "Pandi Panda, a lovely chines bear. Pandi Panda for you we care". Et quand j'étais présentée, c'était : "Chantal Goya, the french girl with Pandi Panda" Et Jean-Jacques était dans un hôtel, regardait la télé et m'a dit : "Je ne t'ai jamais vu, je voyais tout le temps Disney", je lui ai répondu : tu étais sur la mauvaise chaine Jean-Jacques. Encore une fois, tu t'es gouré. Faire 8000 kilomètres pour voir encore, Mickey Minnie, je n'en peux plus !

Chantal Goya sera Sur la route enchantée, par exemple, le 7 janvier 2023 à Lille, le 14 à Strasbourg, le 22 à Plougastel, le 29 à Toulouse, le 11 février au Havre, le 25 à Marseille etc.