"Contre toi", le 26e album de Charlélie Couture, "c'est la bande-son d'une vie"
Il a toujours été difficile, voire presque impossible, de définir Charlélie Couture. Artiste pluridisciplinaire, tour à tour peintre, graphiste, photographe, poète, chanteur, auteur et compositeur. Le scan de l'artiste qu'il est, sous toutes ses coutures, met en exergue son incapacité à rester sans créer.
franceinfo : Cet album parle des sentiments amoureux de la famille, du couple. Pourquoi ce titre : Contre toi ? Au premier abord, on a l'impression que c'est quelque chose de négatif et finalement absolument pas.
Charlélie Couture : "Contre toi, tout contre toi", c'est justement ces ambiguïtés qui font le sel de l'existence. Comment interprète-t-on le monde ? C'est ça qui lui donne son sens. Donc c'est toute l'interprétation, la relation qu'on a avec la vie que j'évoque dans ce disque, qui est un peu la bande-son d'une vie.
Cet album devait s'appeler Over Lover, puis finalement, changement de programme grâce à un titre, une chanson écrite alors que votre fille Yamée n'était qu'une adolescente : L'absence. Vous avez compris très vite que cette chanson allait devenir la clé de voûte de cet album.
Over Lover était un disque que j'avais démarré il y a quelques années à un moment où j'habitais encore à New York, ce titre anglais était donc logique. Mais aujourd'hui, ça n'avait plus le même sens. Et je suis tombé sur cette chanson, L'absence, que ma fille avait composée. Et j'ai trouvé que c'était la plus belle chanson qui soit et je lui ai dit : "J'ai changé deux trois trucs pour pouvoir l'interpréter. Mais vas-y, prends-la !" Parce qu'elle est comédienne, mais aussi chanteuse. Et puis elle m'a dit : "Non, vas-y, fais-le !" Et donc, c'est cette chanson qui a fait le point de départ du disque.
C'est une énorme déclaration d'amour d'une fille à son père.
J'ai deux filles avec lesquelles j'ai travaillé.
Oui vous travaillez avec elles sur cet album, cela devient d'ailleurs un album de famille.
Je ne sais pas si c'est un album de famille. Shaan vient de réaliser un clip absolument magnifique pour une chanson qui s'appelle Il n'a d'yeux que pour elle, mais en même temps, je crois que c'est un disque sur l'intime.
"Dans cet album, j'essaye de parler de cette relation avec l'autre dans le profond de ce qu'on peut vivre."
Charlélie Coutureà franceinfo
La musique entre dans votre vie quand vous avez autour des six ans, par votre grand-mère, qui vous initie au piano. Vous rencontrez en premier la musique classique. Est-ce que vous comprenez à ce moment-là, que la musique fera, quoi qu’il arrive, partie de votre vie ?
En fait, j'ai appris au fur et à mesure la joie que me procuraient les choses de l'art en général, qu'il s'agisse des musées que j'allais visiter avec mon père et qui m'expliquait le sens des tableaux ou qu'il s'agisse de musique avec ma grand-mère qui écoutait France Musique en déchiffrant les partitions en même temps.
"Dans ma vie, la culture est quelque chose qui n'est pas une distraction, mais associée à une raison d'être."
Charlélie Coutureà franceinfo
C'est à 12 ans, effectivement, en regardant une exposition avec votre père sur le dadaïsme, que vous avez pris conscience que votre vie allait être un peu comme celle de votre père finalement, qui a toujours également mélangé les arts.
Mon père, lui, avait fait des études d'architecture, interrompues par la Gestapo quand il s'était engagé aux côtés de Stéphane Hessel dans la Résistance. Puis ils ont été dénoncés, envoyés en camp de concentration. Mais il avait une relation avec l'art qui était beaucoup plus proche de l'artisan, si vous voulez. Alors que moi je défends souvent le point de vue de "l'artiste", les uns se posent des questions sur la manière de faire, les autres sur l'intention. Et donc j'ai eu des longues discussions avec mon père sur ces sujets-là.
Est-ce que le petit garçon que vous étiez est heureux de l'homme qu'il est devenu alors, de l'artiste qu'il est devenu ?
"Je ne sais pas si on peut vraiment imaginer ce qu'on va devenir plus tard. Il y a une partie qui vous incombe, puis il y a une partie qui est celle que les autres vous accordent."
Charlélie Coutureà franceinfo
J'aurais pu faire autre chose et à la fois je n'aurais pas pu faire autre chose. J'ai eu la chance, il y a quelques années, de pouvoir revisiter l'appartement dans lequel j'avais vécu jusqu'à mes 17-18 ans. J'ai vu défiler toute ma vie en me disant : alors, c'était donc ça ma vie.
Est-ce que c'est la gloire qu'on cherche, ou est-ce que c'est de vivre en honnêteté vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis des siens ? Ce que je sais, c'est que les gens autour de moi qui m'ont connu peuvent me regarder et réciproquement, dans les yeux, sans honte. Oui, la dignité, c'est vraiment quelque chose dont on a besoin aujourd'hui.
Retrouvez cette interview en vidéo :
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.