Daran revient avec un douzième album : "Dans le travail qu'on fait, l'expérience est notre pire ennemie"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 23 octobre 2024 : le chanteur et compositeur Daran, à l'occasion de la sortie de son nouvel album, "Grand Hôtel Apocalypse".
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le chanteur Daran, en concert en Belgique, en 2013. (YVES CARPENTIER / MAXPPP)

Daran est chanteur, musicien et compositeur. Avant de voler de ses propres ailes, il évoluait au sein du groupe Daran et les chaises, un nom de groupe énigmatique autant qu'évocateur qui invitait l'auditeur à s'asseoir et à contempler le panel des sentiments avec notamment la chanson Dormir dehors. Trois décennies plus tard, il sort son douzième album, Grand Hôtel Apocalypse.

franceinfo : Vous chantez une apocalypse à la destinée du monde sans fin réelle, il y est effectivement question d'amour, de planète, de rêve aussi. Le rockeur a décidé de s'ouvrir et de livrer ce qu'il traverse ?

Daran : Alors si on s'en rend compte, c'est intéressant parce que je ne suis pas vraiment le champion du monde de la chanson d'amour. Mais là, j'ai mis un peu de côté le sempiternel volet social de l'histoire pour essayer de faire un album plus proche de moi, tout simplement.

Sur la pochette de l'album, on vous voit petit garçon et quand on retourne la pochette, on vous voit un peu plus âgé. Est-ce que le regard a changé précisément ?

J'essaye de me lever tous les matins avec le regard de la face A, du petit garçon. Dans le travail qu'on fait, l'expérience est notre pire ennemie, je crois. C'est un truc que j'essaie de tuer tous les matins, mais qu'on acquiert malgré soi. En tout cas, il faut à chaque fois faire un exercice, pour que l'expérience serve le propos et qu'elle serve à être encore plus à la découverte.

La musique est arrivée très vite dans votre vie. Votre grand-mère jouait du piano, votre mère aussi, finalement, c'est un peu une logique de jouer des instruments dans la famille ?

Ce qui n'a pas forcément été un atout parce que j'ai été totalement indétecté. J'étais juste un peu plus doué que les autres. Du côté de ma mère, ils chantent tous, ils savent tous faire des tierces, des quintes et ils jouent tous d'un ou de deux instruments. Donc, voilà, ça reste une énigme pour moi. 

"Il y a tellement de parents qui cherchent à faire des Mozart et mes parents avaient un gamin qui faisait quatre heures de guitare par jour à l'âge de sept ans et ça ne leur ait jamais venu à l'esprit de mettre dans une quelconque institution."

Daran

à franceinfo

Vous l'avez regretté ?

Non, si ça se trouve, j'aurais été abîmé par une institution. Je suis un autodidacte complet. J'ai fait mon chemin à l'époque où il n'y avait pas Internet et très peu de ressources pour se renseigner. C'était vraiment, le long chemin pierreux de l'autodidacte.

Daran et les chaises a été votre premier groupe et c'est comme ça que vous avez rencontré le public avec la chanson Dormir dehors, comment avez-vous vécu le succès de cette chanson ?

Le succès médiatique, c'est marrant un moment, mais ça s'use assez vite. Par contre, le succès de cette chanson, je lui dois tout en quelque sorte, parce que c'est ce qui m'a permis de faire mon métier avec de meilleurs moyens. 

"Je suis peut-être toujours en vie aujourd'hui grâce à 'Dormir dehors'."

Daran

à franceinfo

J'aime la reprendre sur scène. Je lui dois beaucoup de choses.

À un moment donné, vous avez douté et ce qui est incroyable, c'est que le métier n'a jamais douté de vous. Vous avez toujours énormément accompagné les gens du métier, comme Florent Pagny, Johnny Hallyday ou encore Maurane. C'est une façon aussi de continuer à vivre de votre passion, à profiter de ce que vous avez envie de faire en restant un peu dans l'ombre ?

J'ai toujours considéré que c'était presque un autre métier. Écrire pour les autres, c'est fabriquer le meilleur écrin possible, c'est faire du sur-mesure pour quelqu'un. Donc, en fait, je m'absente de ça. Je ne fais pas du Daran, quand je fais pour les autres, je me mets à leur place. Par exemple, quand je faisais des chansons pour Johnny Hallyday, je me mettais tellement dans sa peau qu'à la fin, je refaisais une voix plus neutre pour pas qu'il pense que je me foutais de sa gueule sur la démo. Mais voilà, je ne suis pas un compositeur, je ne me lève pas le matin en faisant des chansons, au contraire, je laisse le réservoir se remplir jusqu'à ce qu'on me demande des chansons.

Vous chantez l'apocalypse, mais vous terminez sur la chanson On rêve. Est-ce que c'est ça la vraie vie ? Rêver encore et toujours en gardant les pieds sur terre, Rêver d'un monde meilleur en restant libre ?

Si plus de gens regardaient un peu le ciel, il y aurait plus d'humilité dans ce monde.

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