"De la joie, de l’amour", et deux inédits : un nouveau best of pour Sharleen Spiteri et Texas
Sharleen Spiteri est chanteuse, auteure, compositrice, musicienne britannique et cofondatrice du groupe Texas né en 1985 à Glasgow en Écosse. Le nom du groupe est un bel hommage rendu au film Paris, Texas de Wim Wenders (1984) et sa musique à l'underground, à ces chansons qui ont donné au rock et à la pop ses lettres de noblesse. Le tout avec un sourire et une voix qui n'a eu de cesse de nous accompagner.
Vendredi 16 juin 2023, Texas sort The Very Best Of (1989-2023), soit 24 titres incontournables pour retracer 35 ans de carrière, dix albums studio, plus de 40 millions de disques vendus dans le monde. Le groupe se produira ce 24 juin au Château de Tilloloy dans le cadre du Festival Rétro C Trop.
franceinfo : Un best of, est-ce que ça oblige à regarder dans le rétro ?
Sharleen Spiteri : Pas plus que ça. C'est bizarre, mais je crois que la seule chose qui est bizarre c'est que j'ai l'impression qu'on a sorti notre premier best of hier et pourtant cela fait 20 ans. On a sorti tellement de chansons depuis cette époque. Alors oui, bon, c'est la seule chose qui me fait regarder en arrière. Mais même si c'est un nouveau best of, il y a deux nouveaux titres sur ce disque et je pense au futur. Je vais de l'avant. Je n'ai pas le temps, honnêtement, de me pencher sur mon passé.
On va parler des inédits pour commencer à travers ces 24 pépites, After All et Keep On Talking, une reprise du groupe Northern Soul. After All est une belle façon, j'ai l'impression, de montrer que vous n'avez rien perdu de votre énergie. On découvre votre voix, mais différemment. J'ai l'impression que vous prenez plus de plaisir encore à chanter vos titres aujourd'hui.
Evidemment, c'est vraiment flatteur d'entendre ça, mais je crois qu'en prenant de l'âge… C'est comme si on avait cette attitude un peu punk quand on arrive à un certain âge parce qu'on s'en fiche et on est tellement plus prêts à se donner, et se donner absolument entièrement. C’est un peu : "Bon. Voilà, je mets tout sur la table. Faites-en ce que vous voulez".
"Quand on est jeune, on essaye un peu de retenir certaines choses qu'on ne veut pas que les gens voient, comme la vulnérabilité et les questionnements qu'on a. Je crois qu'en vieillissant, on devient beaucoup plus libre avec ça."
Sharleen Spiteri, du groupe Texasà franceinfo
Vous dites qu'on a grandi avec vos chansons et la nouvelle génération aussi, finalement, même si c'est sur le chemin de l'école. Vous aussi vous avez grandi avec vos chansons. Est-ce que vous avez toujours autant d'amour pour ces chansons que vous avez écrites ?
J'en ai déjà parlé, mais la première chanson que j'ai écrite avec Johnny, c'était I Don't Want A Lover et je n'avais que 17 ans. Je me souviens même du jour où on s'est assis pour écrire cette chanson et moi, je voulais tout y mettre. Je ne voulais pas qu'un amant. Je voulais aussi un ami. Je voulais un partenaire dans la vie. Je voulais avoir accès au monde entier au travers de quelqu'un d'autre qui serait un partenaire. Et c'est marrant car maintenant, je vais bientôt fêter mes 56 ans, je me dis : mon Dieu, comment est-ce que je savais tout ça ? Comment j'avais deviné tout ça à un âge aussi jeune ? J'ai exactement les mêmes convictions que j'avais à l'époque.
Alors, que représente toute cette carrière ? Ces 35 ans ?
De la joie. C'est tout. De l'amour. Tout ce que le public nous a donné. Ce que le groupe m'a apporté. Toutes ces choses. Il y a des gens, en fin de compte, qui ont une vie dans la musique et ils s'isolent du reste du monde, moi, je ne pourrais pas. Je ne comprends pas non plus quand des paroliers vont vivre à Los Angeles où il n'y a pas de saisons. Comment on peut écrire sans le changement, le rythme des saisons ? Pour moi, c'est la chose la plus bizarre du monde. Moi, j'ai besoin des saisons, j'ai besoin de changer mes émotions, mes sentiments, ce que je porte même. J'ai besoin de sentir la pluie, le froid. Je me sens toute misérable et tout d'un coup, je me sens mieux parce que j'ai une chanson en tête. J'ai besoin de ressentir tout ça et pour moi, la vie, c'est le facteur le plus important qui me permet de continuer à faire ce que je fais.
Donc vous êtes définitivement d'abord une raconteuse d'histoires ?
"Mon grand-père, dans son jardin ouvrier, nous a forcés à regarder les choses, à observer, à observer les gens, observer les situations et à observer la vie. Et pour moi, écrire des paroles de chansons, c'était une continuation de ce jeu."
Sharleen Spiteri, du groupe Texasà franceinfo
Quand j'étais toute petite, six ans, j'étais avec mon cousin et ma sœur chez mon grand-père qui avait un petit jardin ouvrier. Il fallait traverser un terrain de pétanque, on avait des sandwichs et on allait aider mon grand-père. Il y avait un banc et un portail et on regardait à travers le portail. Et de l'autre côté, il y avait un arrêt de bus. Et mon grand-père qui adorait raconter des histoires avait l'habitude de dire : "C'est quoi l'histoire ?" Alors, tu regardais les personnes qui attendaient le bus, leurs sacs, ce qu'ils portaient comme vêtements, leurs chaussures et on inventait des histoires. Et ce qui est incroyable, c'est que ces choses-là reviennent ensuite dans la vie, constamment. Ce qu'on apprend tout jeune nous aide dans des situations auxquelles on est confrontés après.
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