"Dès qu’il y avait les bombardements, on pouvait rester dans les abris pendant des mois", confie le chanteur K. Maro, qui a grandi au Liban pendant la guerre
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, elle reçoit le chanteur, compositeur et producteur canadien K. Maro.
K. Maro sort un best-of (Demain c’est loin) et organise un concert le 29 février à l’Élysée Montmartre, à Paris, pour souffler les 15 bougies d’anniversaire de son tube Femme like you.
Le chanteur, compositeur et producteur canadien revient sur ce raz-de-marée dans sa vie, en 2004, provoqué par cette chanson, Femme like you. Elle comptabilise un peu plus de deux millions d’exemplaires vendus et un million pour l’album (La Good Life). Un succès d’autant plus impressionnant pour lui qu’il ne dépend pas d’une maison de disques et qu’il est son propre producteur : "C’était vraiment moi, mon histoire, complètement assumée."
Il explique que son label "a été un vrai break", car cela lui permet d’encourager et de promouvoir d’autres jeunes artistes, mais aussi "de grandir". Cet homme, qui se décrit comme "introverti, un peu timide" confie à Elodie Suigo que cette toute nouvelle notoriété mélangeant vie publique et vie privée n'a pas été facile à gérer : "Là, dans ce sens-là, ça a foutu le bordel."
Une enfance sous les bombes
Cyril Kamar naît à Beyrouth en 1980, pendant la guerre du Liban (1975-1990). Il grandit dans une famille très soudée et garde de son enfance des souvenirs très positifs, malgré la situation difficile : "On allait peu à l’école. Dès qu’il y avait les bombardements qui reprenaient, on pouvait rester dans les abris pendant des mois."
Il raconte que c’est sa mère, professeure de philosophie, qui l’éduque et lui ouvre les yeux sur le monde. Ses parents, issus de la classe moyenne, sont érudits et lui apprennent énormément de choses. Ils "ont donné une bonne éducation, dans des conditions extrêmement difficiles", analyse aujourd'hui K. Maro. "Ils ont été extraordinaires."
On garde des souvenirs et des images durs, parfois des moments d’extrême violence, avec lesquels on doit vivre.
K. Maroà franceinfo
Pour le chanteur, ces moments difficiles ont "forgé un caractère fort et une force mentale peut-être différente des autres. J'essaye de trouver tout ce que ça a pu m’apporter de bien."
K. Maro raconte aussi son arrivée au Canada : "Au début, il y a un choc parce qu’on voit des choses qu’on ne connaît pas, mais qui pourtant sont des choses de la vie de tous les jours." Il prend l’exemple de jeunes de son âge, qui jouent simplement avec un ballon. "Je me disais 'mais c'est génial', nous on jouait avec des douilles de balles, des éclats d’obus et des chars d’assaut en plastique, on faisait des batailles."
La musique salvatrice
Une autre découverte que K. Maro fait dans ce nouveau pays, c’est la musique : le rock, l’électro, la folk… Le jeune se dirige à l'époque naturellement vers un style qui lui ressemble à cette époque. "Je m'accroche sur le rap, parce que ça parle de gun, de violence et du coup je me suis dit 'tiens, ils vont peut-être me comprendre'".
Il créé son label, probablement pour ne dépendre de personne : "J’avais un besoin de liberté, mais qui n’était pas nécessaire lié à la création. Je me suis dit 'il faut que je puisse contrôler cette musique."
Fort de son premier succès et de l’argent que ça lui a apporté, il dépense beaucoup, jusqu’à reposer les pieds sur terre et vivre plus sobrement. "J'ai gagné beaucoup d’argent, j'en ai dépensé beaucoup. Je me suis rendu compte ensuite que c'était absurde, que c'était abjecte et qu'il fallait surtout que je me rende utile." Il réinvestit cet argent en aidant les autres dans des structures, des labels.
Je me suis assagi et ce n’est pas plus mal
K. Maroà franceinfo
Ce retour sur la scène musicale se fait sous l’impulsion de son entourage, au prétexte des 15 ans de la chanson Femme like you. Mais ce n'est pas sans s'être fixé le challenge de faire d’autres chansons, "qui tiennent la route". Il aurait sans cela posé son véto. Dans ce best-of Demain C'est loin, il y a de nouveaux titres donc, mais aussi une petite cerise sur le gâteau, avec un duo avec Cœur de pirate qui, il y a quelques mois, a interprété ce titre phare. Les deux artistes nous proposent donc une troisième version. C'est "sur la base de cette reprise, je suis juste venu me greffer avec elle sur le titre déjà fait", explique K. Maro.
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