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Ingrid Betancourt : être otage, "c'est l'enfer éternel"

L'ancienne otage franco-colombienne a été libérée en 2008, après de longues années de souffrance. Aujourd'hui, Ingrid Betancourt demande à Emmanuel Macron d'intervenir pour la libération de Sophie Pétronin au Mali. 

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Ingrid Betancourt a été otage pendant six ans et demi en Colombie. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Alors qu'elle lance un appel à Emmanuel Macron pour aider à la libération de Sophie Pétronin retenue au Mali depuis plus de 20 mois, Ingrid Betancourt est revenue jeudi 13 septembre sur sa propre condition d'otage. Ingrid Betancourt, a été libérée le 2 juillet 2008, après six ans et demi de captivité aux mains des Farc dans la jungle colombienne. "C'est l'enfer éternel, raconte l'ex-otage, quand je dis cela, c'est qu'il y a un problème de temps. On me disait toujours que j'étais prisonnière, je n'ai pas été prisonnière, j'ai été otage, c'est complètement différent. Quand on est prisonnier, on est dans une prison, il y a une loi. Là, vous êtes dans des espèces de limbes, un endroit où les personnes qui sont autour de vous n'ont aucun lien affectif avec vous, et même s'ils en ont, ils vous détestent. Il faut qu'ils justifient le mal qu'ils vous font. Ils sont génétiquement vos ennemis. Vous êtes loin de tout ce qui est important pour vous.

Ingrid Betancourt explique que la liste des moments volés par les Farc pendant sa captivité est "infinie" : "Ils m'ont volé les derniers instants avec mon père, l'adolescence de mes enfants, la dernière jeunesse de ma mère. Ils m'ont aussi volé cette certitude que j'avais, qu'il était possible de changer le monde. Aujourd'hui, je pense qu'il est possible de se changer soi-même. J'ai mis beaucoup de temps, 10 ans, à me remettre psychologiquement dans une situation dans laquelle je me dis que je peux faire quelque chose."

Sa tête ne répondait plus

Sa libération a eu lieu grâce à l’opération Jaque menée par l’armée colombienne. Le 2 juillet 2008 est une date qu’Ingrid Betancourt n’oubliera jamais. Elle l'a longuement raconté à franceinfo : "On était dans un hélicoptère, moi je croyais qu'on était entre les mains des Farc, (...) je ne savais pas que c'était les soldats colombiens qui étaient avec nous. Il y a eu bagarre, ils ont neutralisé les commandants des Farc qui étaient montés avec nous. Moi, je ne comprenais pas du tout ce qu'il se passait. J'ai eu un espère de blocage, comme si une intelligence était absente, avec une incapacité à lier les choses. Tout me paraissait absurde et abstrait. Quand le commandant a hurlé "nous sommes l'armée colombienne, vous êtes libres", cela a été très très très bizarre parce que je me suis mise à hurler, comme si mon corps hurlait, mais mentalement, je n'avais pas compris ce qu'il venait de dire. C'est seulement quand je n'avais plus d'oxygène dans les poumons à force d'hurler, que les mots ont repris un sens."

C'était comme si j'ouvrais les yeux après avoir été dans un puit profond.

Ingrid Betancourt

Après avoir appris qu'elle était libre, dans l'hélicoptère, Ingrid Betancourt se souvient d'avoir regardé autour d'elle et avoir demandé au pilote combien de temps il restait avant d'arriver. "Il m'a fait "cinq" avec la main. Cinq minutes. Je me suis dit que c'était trop, une éternité. C'est un moment que je n'oublierai jamais. Quand j'y pense, je transpire", se souvient-elle. Aujourd'hui, si elle a décidé de revenir sur son histoire au micro de franceinfo, c'est pour lancer un message à Emmanuel Macron et lui demander de recevoir Sébastien Pétronin, le fils de l'otage Sophie Pétronin qui a besoin de cette rencontre pour avancer et pour être rassuré. 

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