"J'essaye d'avoir des chansons qui donnent du baume au cœur" : Barcella sort un cinquième album serein "Mariposa"
Barcella est considéré sur le papier et sur le net comme étant auteur, compositeur et interprète rémois. Il est tout ça, mais avec un tout petit supplément d'âme en plus, puisque sa plume depuis ses débuts, a montré un côté poétique, avéré et salué par les fans, le métier, et même les artistes. De la poésie, oui, mais au service des émotions et c'est d'ailleurs ce qui a touché avec son titre Ma douce en 2012, extrait de son deuxième album, Charabia.
Cette poudre de perlimpinpin semble avoir eu une portée magique et lunaire, si on en croit son dernier album qui sort ce vendredi 28 avril 2023, Mariposa.
franceinfo : Mariposa dont le premier single s'intitule Ton étoile est un cinquième album qui sent bon le regard sur les souvenirs et l'envie d'avancer mieux, plus sereinement en tout cas.
Barcella : Je crois que c'est l'idée. J'essaye toujours dans mes chansons de distiller un peu d'espoir, même s'il arrive que la cruauté du monde nous rattrape. Et je pense que d'autant plus dans ces contextes-là, j'essaye d'avoir des chansons qui donnent du baume au cœur aux gens.
Vous avez mis du temps à vous trouver ?
Je me cherche encore. Je crois que c'est le principe de la vie que d'essayer de se trouver. Je ne sais pas si on y arrive à la fin. Je continue, je me trompe, j'essaye de ne pas m'accrocher à des certitudes. Il m'arrive d'en avoir et puis deux ans après, je me dis :"tiens, c'est marrant, le regard porté sur le monde aujourd'hui n'est plus le même. Et ce qui est assez rigolo, si vous écoutez mes différents albums, c'est que petit à petit, la voix s'affine et rencontre une forme de justesse ou de justice. Je ne sais pas comment je peux le dire, mais quelque chose de plus véritable.
C'est vrai qu'au début, vous avez commencé par le slam. Vous avez d'ailleurs gagné le championnat de France de "Slam Poésie". Cette voix est chantée par moment, elle est aussi slamée, racontée, posée. Quelle place occupe-t-elle aujourd'hui ?
La voix est centrale parce que dans l'idée que je me fais de la chanson, c'est avant tout d'aller raconter des histoires aux gens et d'émouvoir par le biais des mots.
Barcellaà franceinfo
Moi, je suis un amoureux de Souchon et de tous ces chanteurs qui viennent me susurrer au creux de l'oreille, en tendresse. Un peu comme Bourvil, des mots doux, des mots tendres qui viennent me donner de l'espoir. Donc j'essaye en tout cas, sans imiter personne, de suivre ce chemin avec la voix que j'ai, qui n'est pas une grande voix. Ça a longtemps été mon complexe et aujourd'hui, ce qui est surprenant, c'est que ça finit par devenir ma singularité.
L'écriture vous a permis de trouver les mots justes, d'observer le monde, de nous retranscrire finalement votre vision du monde. C'est aussi un questionnement que vous souhaitiez transmettre ?
On se questionne toujours à travers les chansons. Elles ne donnent absolument pas que des réponses. C'est toute la quête finalement artistique. Je pense que Jacques Brel avait beaucoup de questions dans ses chansons, mais bon, voilà, je pense que le temps faisant, j'ai 41 ans, on arrive avec quelque chose où on se dit : "Tiens, sur ce chapitre de ma vie, je crois que j'ai compris des choses et sur tous ceux qui arrivent, je pense que j'ai des chansons à écrire".
Dix ans de carrière avec quasiment tous les prix. vous avez remporté le championnat de France de Slam Poésie en 2007. Deux ans plus tard, le prix Jacques Brel à Vesoul, puis le prix Barbara par le ministère de la Culture, avant d'être récompensé par l'Académie Charles-Cros. Ça vous touche ?
Ce qui me fait le plus plaisir, c'est que je crois que ça remplit ma mère de joie. Si vous voulez, Barcella ce sont les origines italiennes, ça vient de Bergame. Ma grand-mère parlait très mal le français, ma mère est devenue prof de lettres et moi aujourd'hui, je vis des mots. Donc je trouve que toute la symbolique de la transmission, puisqu'on en parlait, est belle et vertueuse. Et voilà, si ça fait plaisir à ma mère, c'est ma première fierté.
Vous gardez quoi de vos parents ?
J'ai eu la chance d'avoir des parents qui sont profondément des gens bien, qui ont envie de faire le bien. Je les verrai toujours comme de très belles étoiles. J'ai cette chance et je le dis pour toutes celles et ceux qui ont eu des enfances aussi complexes, ça me touche beaucoup parce que j'en rencontre évidemment quand je travaille dans les écoles, parfois en maison d'arrêt sur l'écriture. On a des gens qui ont des parcours terribles.
Je connais ma chance d'avoir eu des parents aimants et je pense que c'est ce qui fait aussi que j'ai envie d'avoir un métier qui donne un peu de soleil aux autres.
Barcellaà franceinfo
Vous avez un débit très fort. Alors, on ne le ressent pas dans cet album, mais très peu d'artistes peuvent reprendre certaines de vos chansons. Je pense à Big Badaboum. Est-ce que ce débit a été aussi une façon pour vous de jouer avec les mots, d'aller les chercher, les travailler, de les tricoter, de les détricoter ?
Bien sûr, j'adore cette idée. Je pense que Boby Lapointe était le premier rappeur finalement, bien avant l'heure. Ce côté percussif, cette manière de travailler la langue comme un chewing-gum, comme une pâte. On a le sentiment d'être un boulanger en train de travailler sa pâte. Moi, ça me fascine, ça m'émeut en fait.
Comme le dit votre chanson Les jours de pluie, il est temps d'être heureux. Avez-vous donc décidé d'accepter d'emprunter le chemin qui va vous mener au bonheur ? Est-ce que vous allez accepter de respecter vos promesses ?
Alors je l'espère et vous le dites très bien, je crois que ça se décide d'être heureux. Je crois que c'est un choix. On se dit : "Voilà le monde, c'est ça. Il est fait de telle ou telle cruauté, il est fait de ses injustices et pourtant, au milieu de tout ça, on peut continuer à s'émerveiller, à s'émouvoir des belles choses".
Barcella est en tournée, on le retrouve le 4 mai 2023 au Café de la danse à Paris, le 17 à Sélestat, le 26 à Oytier-Saint-Oblas , le 9 juin au Haillan et le 22 novembre à Reims etc.
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