"Je sais que je vais souffrir parce que je sais que cette fois-ci, c'est la bonne" : Patrick Timsit présente son dernier spectacle "Adieu... Peut-être. Merci... c'est sûr"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’acteur, réalisateur et humoriste, Patrick Timsit. Il est actuellement sur scène avec son spectacle : "Adieu... Peut-être. Merci... c'est sûr" en tournée dans toute la France.
Acteur, réalisateur, humoriste, scénariste, Patrick Timsit est un touche à tout. Il est actuellement sur scène avec son spectacle : Adieu... Peut-être. Merci... c'est sûr en tournée dans toute la France.
franceinfo : Que ce soit au théâtre, en one man show ou au cinéma, votre personnalité, vos personnages nous accompagnent depuis plus de 45 ans. Est-ce que mon calcul est bon ?
Patrick Timsit : Je disais 30, 35 ans, je me rajeunissais.
Aujourd'hui, vous êtes sur scène avec votre spectacle : Adieu... Peut-être. Merci... C'est sûr. Le 4 juin 2019, vous annonciez mettre un terme à votre carrière, mais non ! La scène c'est votre vie ?
Je vais avoir beaucoup de mal. Je sais que je vais souffrir parce que je sais que cette fois-ci, c'est la bonne. J'étais déjà sincère, mais là... Forcément, cela m'a donné un thème extraordinaire de spectacle puisque je me suis dit : quel meilleur thème que celui des adieux ? Et je vous donne les 10 bonnes raisons d'arrêter.
Vous êtes un homme seul, debout. C'est vrai que vous avez choisi ce one man stand-up show, vous avez toujours eu ce côté sombre. Vous le dites d'ailleurs : "Moi, je suis gentil, mais finalement, dans le fond, je suis méchant", c'est votre patte ?
Mon style d'humour : c'est méchant, mais ma nature : c'est gentil.
Patrick Timsità franceinfo
Alors, ça ne serait pas mon fond. Ma patte, c'est la colère. Je dirais plus que c'est la colère, d'ailleurs, ça fait partie d'une des 10 raisons pour lesquelles j'arrête. Quand je dis : je me sépare, c'est une vraie séparation avec un partenaire. Le public a été mon seul partenaire, finalement, pendant ces one man show.
C'est comme une danse, on est là, on regarde la chorégraphie, on fait des petits signes, on sait grosso modo ce qu'on va faire, mais pour le préciser, rentrer dans le plaisir à en oublier les textes, je sens cette émotion au moment du salut. C'est vrai qu'au moment du salut, il y a quelque chose qui se partage. On passe un mois d'écriture avec Jean-François Halain, et ça fait plus de trente ans qu'on écrit ensemble, on ne rit pas, les premiers moments. On est là et on part sur des sujets, des thèmes forcément qui sont vrais et qui vont me toucher.
Vous vous êtes toujours attaqué aux sujets les plus difficiles : le nazisme, l'antisémitisme, les handicapés. En 2015, c'était un triomphe au Rond-Point avec ce rire de résistance que vous aviez mis en place dans le spectacle : Sans tabou ni interdit. Ce regard social est important pour vous ?
J'aime bien montrer comme on est crétin et non pas montrer du doigt, l'interpréter pour qu'on le montre du doigt.
Patrick Timsità franceinfo
Je préfère entendre ça que : "Il est méchant". C'est vraiment ça, mon style. On part des colères, de ce que je ne supporte pas. On rit d'abord, mais si on peut s'engueuler entre copains, après le spectacle ou avoir des discussions... Il y a vraiment des thèmes qui sont à aborder pour bousculer, pour interroger le sexisme, l'homophobie. Je suis un curieux de l'humain. Ça me faisait marrer de prendre le mauvais rôle bien souvent quand il fallait dénoncer le sexisme.
Je voulais qu'on revienne un peu sur cette enfance dans l'atelier de maroquinerie de vos parents. C'est vrai que ça a été vraiment, finalement, le premier théâtre de votre vie. Rapidement, vous avez voulu faire ça. L'École n'était pas votre truc. Ça ne vous a pas empêché d'avoir votre bac en candidat libre, je tiens à le préciser.
Ma mère pleurait deux fois par an. C'est quand je me faisais virer et pour me faire réinscrire dans le lycée d'après. J'ai quand même fait six lycées de la 6e à la terminale et il y avait marqué : "Est autorisé à passer à la classe supérieure dans un autre établissement".
Mais le théâtre a été une révélation. Vous avez compris à ce moment-là que c'était votre univers.
Que j'allais essayer, oui. Je me suis dit : faut que j'essaie. J'avais une agence immobilière et j'avais une bande de potes qui avait un atelier de théâtre au Théâtre du Ranelagh, dans le 16ème. On s'est installés au sous-sol et on faisait 18 heures de théâtre par jour. J'ai mis un coup de clé dans l'agence immobilière, 48 heures après, parce que quand j'ai entendu rire. Je me suis dit : c'est bon, je ne peux pas ne pas essayer. Je me donne un certain temps. Je m'étais donné 10 ans, faut le faire quand même !
Juste pour revenir à ça, ma mère refusait que j'aille au square. A 4 ans, elle voulait que je joue devant ses yeux. Donc, j'étais dans la boutique de maroquinerie de mon père et j'avais ma petite blouse, mon chiffon. Vous vous rendez compte, c'est pire que les petits Chinois, mes parents, ils m'ont exploité, je travaillais à quatre ans et j'ai vendu ma première paire de chaussures.
Quel regard avez-vous sur ce parcours ?
J'évite de me retourner parce que je me suis toujours dit que je ferais le point quand j'aurai 80 balais donc, on en n'est pas là. Je ne veux pas me regarder vivre. Le parcours que j'ai, c'est que j'espère le vivre avec dignité pour arriver à mes fins.
D'être heureux, c'est formidable, mais ce qui me rend heureux, c'est aussi d'être accompagné comme ça par quelques valeurs et on parlait de cette éducation, voilà, ce n'est pas pour me donner le beau rôle. Je me surveille et je fais des conneries. On n'est pas tout clean, mais j'espère avoir été digne.
En tout cas, le rire, c'est votre vie ?
Oui, cette tribune, c'est ma vie. C'est elle qui va me manquer.
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