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Jeanne Cherhal, le goût des mots et des valeurs

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l'autrice, compositrice, chanteuse, pianiste et écrivaine Jeanne Cherhal qui publie un livre : "À cinq ans, je suis devenue terre à terre" aux éditions Points.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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Temps de lecture : 5min
Jeanne Cherhal sur scène à Lyon, lors de la remise du prix Lumière le 16 octobre 2020 (MAXIME JEGAT / MAXPPP)

C’est Philippe Delerm qui dirige la collection Le goût des mots dans laquelle s’inscrit le premier livre de Jeanne Cherhal À cinq ans, je suis devenue terre à terre. Des retrouvailles heureuses puisqu’ils sont amis de longue date. Ils ont démarré ensemble leurs carrières, il y a une vingtaine d’années : "On partageait la scène de l’Européen tous les soirs, c’est un super souvenir !" Et ont ce même amour des mots.

Jeanne Cherhal a choisi 40 mots dont chacun parle indirectement d’elle, de ses souvenirs, et dans cet ouvrage on retrouve ceux qui lui tiennent à cœur, ceux qui l’ont construite, elle nous les offre : "Oui, ce sont mes mots préférés. Ce sont des mots qui me font rêver, qui me donnent envie de réagir, qui me font marrer aussi". Un nouvel exercice dont le résultat l’étonne encore : "C’est un petit voyage, et je n’avais pas prévu que ce soit autant autobiographique comme exercice et ça m’a permis de dire des choses très personnelles, ce petit bouquin !"

Esprit de famille

Au travers de ces mots, elle explore les émotions, constate, définit, redéfinit, nous ramène à nos propres réflexions. Par exemple, elle part du mot "ouvrier". Ce n’est pas qu’un hommage, quoique, à son père plombier depuis l’âge de ses 16 ans, c’est aussi un souvenir : "Ce mot ouvrier, il est aussi lié à cette chanson de Souchon [Arlette Laguiller] Arlette it be Arlette’s go qu’on écoutait dans la voiture avec beaucoup de plaisir, mes sœurs, ma mère et moi. J'avais envie de parler de ce mot ouvrier que mon père revendiquait doucement." Le mot "famille" aussi a son importance puisqu’au travers des pages, elle évoque beaucoup ses grands-parents comme ses parents à qui elle doit beaucoup, avec ses trois sœurs : "Une enfance heureuse et certaines valeurs" se souvient-elle. 

Ce sont des gens [ses parents] qui ont toujours eu à cœur de se sentir en solidarité avec leurs contemporains. Je me souviens de manifestations quand j’étais petite auxquelles on allait pour soutenir des agriculteurs locaux (…) Mes parents m’ont apporté une conscience des autres.

Jeanne Cherhal

à franceinfo

Ce travail d’écriture, au final, lui a aussi permis un travail d’introspection, une mise en relief des fils invisibles qui lient les membres d’une même famille et qui nous nourrissent : "Oui probablement, je me suis rendu compte à quel point, en parlant de la famille par exemple, la figure de ma grand-mère traverse le livre. Elle est présente dans beaucoup de textes (…) Je rends hommage à son esprit".

Je me suis rendu compte à quel point c’était hyper important d’être conscient de ses racines, de là d’où on venait et je me suis rendu compte de la tendresse que j’avais pour ma famille.

Jeanne Cherhal

à franceinfo

Jeanne Cherhal aime donc les mots, les écrit et les chante, un peu comme une obsédée textuelle et d’après elle, ça remonte à son enfance avec une particularité : "J’ai toujours adoré ça, j’ai toujours eu, en plus, une tendance à associer des goûts à certains mots. D’ailleurs, je pensais que tout le monde faisait ça jusqu’à il n’y a pas très longtemps alors que je me rends compte que pas du tout. C’est vrai que si je me concentre un petit peu j’ai des goûts qui me viennent en prononçant certains mots. Voilà, le mot 'mot' pour moi, c’est du pruneau par exemple (…) Ce sont toujours les mêmes goûts qui me reviennent sur les mêmes mots. Chez moi, c’est une obsession le mot trouvé, le mot juste."

Féministe

Elle raconte aussi qu’elle se méfie des mots en "iste", qui nous font rentrer dans des cases, à l’exception peut-être de "féministe". Elle explique pourquoi à Elodie Suigo : "J’ai discuté avec une jeune chanteuse qui avait 25 ans et qui me disait : 'Je crois que je n’ai jamais été pas féministe', j’ai trouvé que c’était génial les jeunes femmes d’aujourd’hui ne se posent même pas la question. Je trouve ça magnifique". 

Cette solidarité, c’est ce qu’elle a trouvé au moment où avec Camille, Olivia Ruiz, Emily Loizeau, la Grande Sophie et Rosemary Standley, elles formaient le groupe Les Françoises (2014): "Oui, ça en disait long parce qu’en plus la ligne de ce groupe c’était d’être autosuffisantes, de ne pas faire appel à d’autres musiciens (…) On a toujours été au service de la musique des unes des autres."

C’est vraiment un de mes mots préférés. C’est un mot historiquement hyper chargé, un mot qui nous rassemble et on en a tellement besoin en ce moment.

Jeanne Cherhal

à franceinfo

Pour découvrir les autres mots préférés de Jeanne Cherhal et ce qui se cache derrière, c'est dans À cinq ans, je suis devenue terre à terre... Sorcière, Michel, Instinct, Vous, Cheval, Jambonneau etc...

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