Josée Dayan, réalisatrice de "Capitaine Marleau" : "J'ai trouvé en Corinne Masiero une actrice si particulière qu'il fallait lui consacrer une collection"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, la scénariste, réalisatrice et productrice Josée Dayan. Ce vendredi 1er avril à 21h10 sera diffusé sur France 2 un nouvel épisode de "Capitaine Marleau".
Josée Dayan est scénariste, réalisatrice, productrice, passionnée, passionnante, engagée dans son travail avec un besoin de faire et de créer en étant la plus juste et la plus précise possible. Elle a débuté avec des captations de théâtre avant de se lancer dans la réalisation de téléfilms et d'épisodes de séries avec un goût prononcé pour les adaptations d'œuvres littéraires.
Depuis 2015, elle est la réalisatrice de la série à succès Capitaine Marleau avec Corinne Masiero, diffusée sur France 3, puis désormais sur France 2. Ce vendredi 1er avril à 21h10 sera diffusé un nouvel épisode : Un homme qui brûle avec Gérard Darmon, Elie Semoun, Claire Nebout et Anne Alvaro. Et pour les plus passionnés, le vendredi 8 avril, on retrouve Laura Smet, Christophe Dechavanne et Ariane Massenet dans un autre inédit : Morte saison.
franceinfo : Les téléspectateurs considèrent que c'est toujours un événement de découvrir un nouvel épisode du Capitaine Marleau. Comment le vivez-vous en tant que réalisatrice ?
Josée Dayan : Toujours avec, évidemment, beaucoup d'émotion et beaucoup d'appréhension aussi, parce que rien n'est jamais acquis. Je suis évidemment la réalisatrice de Marleau, mais surtout sa créatrice. C'est une idée que j'ai eue de proposer à la directrice de la fiction française du groupe de France Télévisions, Anne Holmes, de faire une série autour de Corinne Masiero, que j'avais connue pendant que je tournais la série des Vargas, dans laquelle elle jouait Violette Retencourt. J'ai trouvé une actrice si particulière que je pensais qu'il fallait lui consacrer une collection. Et à partir du moment où elle m'a dit oui, j'ai proposé à Anne Holmes qui a eu évidemment l'intelligence de l'accepter parce que ce n'était pas évident au départ. Ce succès n'était pas prévisible. Ça dépasse toutes nos espérances.
Vous avez toujours été très impliquée, très engagée. Il y a toujours eu une double lecture dans tout ce que vous avez fait. Il s'agit du meurtre d'une coiffeuse dont on va découvrir le jardin secret, ses amours et ses emmerdes qui, finalement, lui coûtent la vie. Chacun joue un rôle, c’est un peu ça aussi l’idée de cet épisode.
J’ai beaucoup aimé cet épisode. C’est Serge Hazanavicius, qui est aussi acteur, qui l’a écrit et je trouve qu’il y a une émotion et une qualité humaine dans ce scénario qui m’a beaucoup touchée. Peut-être parce qu’il s’agit aussi d’un acteur, c’est-à-dire que Gérard Darmon joue le rôle d’un directeur de troupe de théâtre, mais est aussi acteur. Il interprète Othello, on est au cœur des passions shakespeariennes et ça me plaît beaucoup.
Est-ce que le cinéma vous correspond pleinement ? Est-ce qu’il vous habite ?
Oui. Depuis toujours. Quand j'avais 7 ans, j'ai décidé de faire des films. D’ailleurs, je comprends très mal qu’on ne se sache pas ce que l’on veut faire et je trouve cela très déstabilisant pour un adolescent, pour un enfant, de se dire : je ne sais pas quoi faire etc… Moi je savais que je voulais faire des films.
Est-ce que votre père a joué un grand rôle dans ce choix ?
Sûrement parce que mon père était acteur, il avait créé la télévision d'Alger. Il était chanteur d'opéra aussi, metteur en scène et sûrement que ça m'a marquée. Enfin, c'est ce que j'ai toujours voulu faire. Je regrette qu'il ne soit pas là. J'aimerais qu'il soit là aujourd'hui, qu'il voit ce que je suis devenue parce que c'est sûrement grâce à lui, oui.
Que représente le cinéma dans votre vie ?
Pratiquement tout. L'évasion, le rêve, quelque chose qui vous transporte. Pas toujours ! Ce n'est pas le cas de tous les films, mais il y a des films qui sont incontournables et qui sont des rencontres qui, finalement, vous habitent pour le restant de votre vie, surtout grâce à l'incarnation des acteurs. C'est essentiel.
Vous êtes un personnage à vous toute seule. Vous êtes différente des autres. Vos apparitions sont rares. Vous avez toujours été au service des autres.
En fait, je pense que je suis particulière. Je ne pense pas qu'un metteur en scène doit être narcissique. Je pense que c'est le pire service qu'on puisse rendre à un metteur en scène de le laisser être narcissique. Notre travail, c'est de regarder les autres, d'essayer de capter ce qu'ils peuvent apporter parce qu'ils vous apportent toujours quelque chose. Ils ont un background, leur vie, leur univers. Un grand acteur ou une grande actrice, quel que soit son talent et sa notoriété, à un moment donné, quand il accepte de tourner avec vous, il se met entre vos mains.
"Si les acteurs ont confiance en leur metteur en scène, il y a un abandon qui est absolument bouleversant."
Josée Dayanà franceinfo
Lorsqu’on choisit un acteur ou une actrice, on lui parle de la vision globale du film, de la direction dans laquelle on veut aller et à partir de là , ça lui appartient. Je ne supporte pas les metteurs en scène qui explique à un acteur comment il doit marcher, quand il doit parler, sa gestuelle. Je trouve qu'au contraire, si on laisse la liberté consentie à un acteur, il peut vous apporter des trésors que vous-même n'imaginez pas.
Fière de ce parcours ? En tous cas, heureuse de ce parcours ?
Oui. Je suis obsessionnelle. Vous savez les metteurs en scène sont, quand même en général, obsessionnels. Il y a un côté Philip Glass chez moi : quand j’ai une idée, elle ne me quitte pas.
C’est dur d’être différente ?
Mais non, pour moi, c'est naturel. Ce serait peut-être différent d'être plus normale. Ce serait peut-être plus complexe pour moi.
"Je n'ai pas beaucoup de filtres. Je suis comme j'ai envie d'être."
Josée Dayanà franceinfo
Je pense que la vie est trop courte pour se forger une fausse personnalité, pour ne pas dire ce que l’on a envie de dire. Je pense toujours que l’on peut mourir demain, dans la seconde, tout de suite, donc je préfère être moi.
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