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Kassav : "Ce qui nous heurte, c'est qu'on n'est pas considéré comme un groupe français"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo et se confie. Aujourd'hui, Jacob et Jocelyne du groupe Kassav.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Kassav sur scène lors du Festival du chant de marin, à Paimpol le 12 août 2017 (CLAUDE PRIGENT / MAXPPP)

Cela fait désormais 40 ans que Kassav fait danser la France entière au rythme des Antilles. Vu de leur côté, c'est une sacrée aventure humaine. "On se dit que le temps est passé vraiment vite. Quand on va fouiller, c'est un groupe qui était tellement improbable, on venait d'horizons différents, on ne se connaissait pas pour la plupart."

La création de Kassav est venue d'une frustration. "Kassav c'est une idée de Pierre-Edouard Decimus, qui jouait dans un groupe qui s'appelait les Vikings. Un jour ils jouaient quelque part, des touristes trouvaient ça bien, et ils ont demandé le nom du groupe. Quand ils l'ont entendu, ils ont ri ! 'Les Vikings, ils sont tous noirs'. Lui ça l'a vexé, avant qu'il se disent qu'ils avaient raison."

Un groupe guadeloupéen, ça doit être des Guadeloupéens, qui font de la musique guadeloupéenne, avec un nom guadeloupéen. Ça correspondait au mouvement identitaire. Que ça plaise au reste du monde, tant mieux, mais il fallait d'abord que ça touche les Antillais.

Jacob

à franceinfo

Ce mot "Noir" les a suivi tout au long de leur parcours, ce qui ne les a pas spécialement heurté. "Le fait est qu'on est noirs. Ce qui nous a heurté par contre, c'est que, on est tous Français, on a tous nos passeports français, mais dans les médias jusqu'à maintenant on n'a jamais été considéré comme un groupe français."

L'invention du zouk

Kassav a inventé le zouk. "On a fouillé dans les racines de la musique de nos régions pour trouver ce qu'on pouvait apporter. C'était une époque où on faisait de la musique principalement pour épater leurs copains. Aujourd'hui c'est beaucoup moins le cas, on va épater par la tenue qu'on a trouvée, la coupe de cheveux, l'attitude... A l'époque c'était la musique. Quand Santana faisait un truc, c'était pour que Clapton soit jaloux. Nous on avait de l'ambition, on a cherché à trouver quelque chose d'original à une période où on pensait que tout avait été fait."

Ce qui les touche le plus aujourd'hui, c'est le public, mais ils n'ont jamais cherché cette affection par dessus tout. 

Ce qu'on fait, il faut que ça soit bien fait. Après, que les gens aiment ou pas, ce n'est pas un problème, je ne vais pas supplier quiconque. Si on ne veut pas de moi ici, je vais ailleurs.

Jocelyne 

à franceinfo

Aujourd'hui, Kassav fête ses 40 ans de carrière sur scène, ils seront au festival Jazz à Vienne le 7 juillet.

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