"L'intimité, cela se communique avec les chansons, pas avec la taille des salles" : Étienne Daho prépare sa tournée des Zénith
L’auteur, compositeur et interprète, Étienne Daho ouvre cette saison 2022-2023 du monde d'Élodie. Il nous a accompagné tout l'été avec ses titres Respire et Tirez la nuit sur les étoiles en duo avec Vanessa Paradis. Ce curieux, artisan faiseur de tubes précieux tels que Week-end à Rome (1984), Le Grand sommeil (1984), Tombé pour la France (1985) n'a jamais cessé de se réinventer, plus encore de flirter avec la vie, les rencontres et donc d'avancer dans cette quête de la sérénité, du lâcher prise.
En mai 2023, il sortait son 13e album Tirer la nuit sur les étoiles et il prépare sa tournée Étienne Daho Show qui se déroulera en novembre et décembre prochains.
franceinfo : Votre inspiration semble ne s'être jamais tarie, se renouvelle sans cesse. Quelle est cette source d'inspiration ?
Étienne Daho : La vie, tout simplement.
Votre voix est de plus en plus allégée, cristalline, votre sourire a pris le dessus. Dans Respire, la légèreté est de mise. Ce titre est une bulle d'oxygène pour celle ou celui qui l'écoute. Mais on entend surtout l'oxygène qui se trouve dans vos poumons.
Oui, celui qui nous a manqué pendant toutes ces périodes où on était masqués. C'était ça aussi cette chanson, l'après-enfermement. L'envie de respirer.
Ce qui a changé avec cet album, c'est que vous semblez indestructible. Et d'ailleurs, on sent que vous avez hâte de monter sur scène pour l'Étienne Daho Show. Le titre de cette tournée est révélateur, on sent que vous souhaitez quelque chose de différent, de spectaculaire.
Oui, j'avais envie. C'est le bon album, c'est le bon moment pour le faire, quitte à revenir après à des endroits plus petits. Mais voilà, c'est un challenge excitant.
Le point de départ, ça reste quand même l'enfance.
Oui pour tout le monde !
C'est ce qui vous permet d'être constamment vigilant, c'est-à-dire qu'il y a une vigilance dans ce besoin, par exemple, que vous avez eu d'écrire sur la guerre en Ukraine. Vous avez aussi cette conscience-là, parce que ce vécu-là. Enfant, vous enjambiez des corps, vous évitiez les balles. On sent que vous avez une dimension humaine qui est différente des autres. N'est-ce pas ce qui vous a rendu plus fort aussi ?
Oui. Probablement que les événements de l'enfance de zéro à huit ans ont été quand même assez intenses, même si j'ai une famille très structurée et aimante. Cela aussi ça donne vraiment un cadre. Oui, ça rend costaud, ça fait le cuir.
"Parfois les gens pensent que je suis fragile et en fait pas du tout. Enfin, pas plus que qui que ce soit, j'ai juste une résistance assez forte."
Étienne Dahoà franceinfo
C'est du côté d’Oran en Algérie que vous avez grandi, avant de vous retrouver à Rennes puis à Paris. C'est à Rennes que vous êtes né en tant qu'artiste. Une ville importante pour vous et d'ailleurs, vous y passerez pendant cette tournée. C'est systématique de vous y arrêter ?
Oui, en général, c'est la dernière date parce qu'après, ça me permet de faire la fête avec tous mes amis et de se dire : "Bon, ça ne fait rien, on peut vraiment embrasser tout le monde. Si on choppe quoi que ce soit, ce n'est pas grave". Alors que pendant toute une tournée, on est vraiment plutôt sous cloche avec la terreur de choper un rhume, une angine, maintenant le Covid et d’être obligé d'annuler des dates, c'est un cauchemar.
Ce qui est étonnant sur cet album, c'est que la voix qui a été utilisée, c'est une voix de maquette et on sent cette légèreté.
Ce sont les premières voix, oui. Quand on fait des maquettes, on n'a pas la pression de se dire : "C'est du définitif" et donc c'est aussi ça la légèreté. La plupart des chansons ont été montées en tonalité, ce qui donne une petite chose différente, un peu plus de lumière. D'habitude, je suis un peu plus à la cave.
Quelle place occupe cette voix dans votre vie ?
Elle est une amie, elle est une précieuse alliée.
"Ma voix m'aide à communiquer avec les autres et à chanter ce que je ressens de la manière la plus authentique."
Étienne Dahoà franceinfo
Avec cet album, vous allez conquérir toute la France. Ça a toujours été le cas, mais avec un show effectivement qui va être davantage travaillé. Comment allez-vous réussir à conserver cet écrin sur scène ?
L'intimité, c'est quelque chose qui se communique avec les chansons, pas avec la taille des salles. Je l'ai vraiment constaté plein de fois dans mes concerts et aussi dans les concerts des autres. Leonard Cohen peut jouer dans des salles gigantesques, il a cette chose qui passe, qui est de l'ordre de l'intime.
Il y a une écriture très cinématographique !
Oui. Puis surtout quand on fait un show dans des salles qui sont très grandes comme ça, on imagine tout ce qu'on va projeter en lumière, en films sur les écrans. C'est comme une immense pièce de théâtre.
Que vous procure l'écriture ?
Beaucoup de tracas au début, parce que j'ai toujours l'impression que je ne vais pas du tout savoir comment écrire. Entre deux albums, je perds en tout cas cette petite chose que je retrouve après, dès que je recommence à faire la première chanson. Mais entre deux albums, j'ai toujours l'impression que je ne pourrais plus jamais le faire parce que je ne sais pas comment on fait, je ne sais pas comment on arrive à transformer ce qu'on a dans la tête ou dans le cœur, dans un texte.
Pour terminer, est-ce que le petit garçon que vous étiez est heureux de l'homme que vous êtes devenu ?
Oui, je crois qu'il est content.
Étienne Daho sera, par exemple, le 4 novembre 2023 à Caen, le 9 à Bordeaux, le 23 à Cournon, le 5 décembre à Lille, le 15 à Rennes et le 22 à Paris.
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