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"La politique est un métier du spectacle" : Jean-Louis Debré monte sur scène

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’écrivain, acteur et homme politique Jean-Louis Debré.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Jean-Louis Debré, acteur, écrivain et homme politique français, en 2018. (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Homme politique français, ministre de l'Intérieur de 1995 à 1997, président de l'Assemblée nationale de 2002 à 2007, Jean-Louis Debré écrit aussi et monte sur scène, au Théâtre de la Gaîté Montparnasse à partir du 8 septembre prochain, pour présenter l'adaptation de son livre : "Ces femmes qui ont réveillé la France". 

franceinfo : En tant que touche à tout, après l'écriture, la scène était une suite logique ?

Jean-Louis Debré : L'important, c'est de ne jamais s'arrêter. D'être toujours curieux. J'ai commencé ma carrière comme magistrat, mais je ne voulais pas devenir un vieux magistrat. Je me suis engagé en politique. J'ai eu des fonctions. Mais je ne voulais pas devenir un vieux politique. J'ai donc commencé à écrire, des polars, des livres d'Histoire. La politique est un métier du spectacle. Je me suis dit que naturellement, la suite de tout cela, c'était d'essayer d'avoir un autre contact avec un public parce que le politique a un contact avec les gens, les hommes et les femmes, qu'il voit. Là, c'est une autre sorte de contact avec des gens qui viennent vous écouter.

Vous dressez le portrait d'une vingtaine de femmes incontournables. Il y a les plus connues comme Jeanne d'Arc, Marianne, Olympe de Gouges, celles qui sont en lumière, et d'autres dans l'ombre que vous réhabilitez, en quelque sorte, à qui vous rendez hommage. Leurs voix ont compté, et elles continuent de nous habiter.

Oui, parce qu'elles ont montré qu'il ne faut jamais poser le baluchon au bord de la route et qu'il ne faut jamais se contenter de ce que l'on a.

Le combat pour l'égalité est un combat permanent

Jean-Louis Debré

à franceinfo

En parlant de femmes, que gardez-vous de votre mère ?

Je regarde toutes les femmes de la famille avec une grande admiration. D'abord, ma grand-mère a été l'une des premières femmes internes des hôpitaux de France. Elle s'est battue pour en avoir le droit. Ma mère quant à elle a, avec beaucoup de gentillesse, de compréhension, accompagnée ses quatre enfants alors que mon père était Premier ministre avec des activités importantes et donc je garde un amour très profond et très reconnaissant.

Est-ce que justement, au regard de la vie que votre père a eue avec votre maman, vous avez souhaité en tant qu'homme, en politique, changer certaines choses par rapport à la place de la femme dans le couple ?

Oui, je pense que ma génération, à la différence de celle de mon père, a un objectif qui n'est pas encore réalisé : faire qu'on ne parle plus de la différence entre les hommes et les femmes et qu'on ne soit pas obsédé par l'égalité parce qu'elle est là.

Aujourd'hui, on est obsédé par l’égalité entre les hommes et les femmes parce qu'elle n'est pas là

Jean-Louis Debré

à franceinfo

Je suis très triste que dans le domaine électoral, on ait été obligés de mettre des quotas. Le quota, c'est très bien, ça a abouti à l'Assemblée nationale avec la moitié de femmes, mais ça devrait se faire naturellement et qu'on choisisse les gens en fonction de leurs compétences, de leur profil et non pas que l'on y soit obligé.

Vous avez commencé en adhérant au Rassemblement pour la République (RPR) en 1995, après la victoire de Jacques Chirac, dont vous étiez l'un des porte-parole lors de la campagne présidentielle. Vous êtes nommé ministre de l'Intérieur. Qu'avez-vous ressenti à ce moment-là ?

Le sentiment que j'ai eu quand j'ai été nommé, c'est que cette fonction de ministre de l'Intérieur aurait très bien convenu à mon père, il allait mourir quelque temps plus tard, et je l'ai invité à dîner au ministère parce que je voulais qu'il y rentre. Ce soir-là, il m'a dit quelque chose de très vrai : "Tu es ministre de l'Intérieur, tu vas te souvenir des choses. Tu seras plus longtemps ancien ministre que ministre".

Avez-vous des regrets ?

Non. Je ne m'arrête pas mes regrets. Le pessimisme est d'humeur, l'optimisme de volonté. Soyons optimistes. La vie est courte. Essayons de trouver des choses nouvelles. Essayons de regarder, d'observer, d'écrire, de changer. Essayons de trouver de nouveaux horizons.

Le 8 octobre 2021 est annoncé votre prochain livre : Quand les politiques nous faisaient rire (Bouquins Editions). On a aussi perdu en humour ?

Le monde politique s'est recroquevillé vers un 'politiquement correct'

Jean-Louis Debré

à franceinfo

Aujourd'hui, à cause de la vie politique, de la télévision, des réseaux sociaux, on ne peut plus rire de tout, car c'est repris. Ça peut être repris par les réseaux sociaux, retourné contre vous et vous êtes immédiatement taxé de tous les maux de la Terre. Et donc, ce livre est d'abord un travail que je fais depuis longtemps, à examiner les comptes-rendus des débats, car rien n'est inventé. Et puis j'ai fait plusieurs chapitres sur l'autodérision. Si vous voulez rire des autres, riez de vous et je cite d'ailleurs les ‘conneries’ que j'ai pu dire moi aussi.

Après, il y a la langue de bois. Elle est fantastique pour faire rire. Mais quand on regarde après, la politique dit : "Je veux un gouvernement qui parle vrai". Mais est-ce qu'il y a déjà eu un homme politique ou un gouvernement qui dit : "Je veux un gouvernement qui mente ?" C'est un livre que je portais en moi depuis très longtemps. Quand j'étais à l'Assemblée nationale, j'avais ouvert un magasin en face, qui était la boutique de l'Assemblée nationale et il y avait une serviette de bain avec marqué 'Les politiques, ça se mouille', tout ça parce que par votre propre dérision, vous pouvez faire rire les autres.

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