Le monde d'Elodie. Nicola Sirkis : "Des groupes de rock qui ont 40 ans d’existence comme Indochine, c'est un miracle !"
Le fondateur et chanteur d'Indochine annonce deux albums et une tournée l'an prochain pour fêter les 40 ans du groupe, dont la formation date de mai 1981
Elodie Suigo : Nicola Sirkis, vous êtes le leader et fondateur du groupe Indochine. Ça résonne comment pour vous ces 40 ans de carrière ?
Nicola Sirkis : Ça résonne forcément assez fièrement ! Ça a passé tellement vite et à la fois avec tellement d’événements, que ce soit dans nos vies ou dans la vie du monde ! On est dans notre rétrospective, mais généralement, je ne me tourne pas du tout vers le passé. Et là, forcément, je suis retourné pour voir un petit peu tous les événements qui ont traversé nos vies et c’est incroyable ! Parce que, 40 ans, quatre décennies, ce n’est pas non plus énorme dans l’échelle temporelle. Mais je suis dans la fierté d’être en quelque sorte l’exception qui confirme la règle, c’est-à-dire des groupes qui ont plus de 40 ans ou plus de 50 ans d’existence, de carrière - les groupes de rock, j’entends- ça se compte sur les doigts d’une main, limite deux. Que nous on y soit, c’est un miracle ! C’est une belle histoire pour nous.
40 ans de carrière et de manière à remercier votre public, qui a toujours été d’une fidélité absolue, vous avez sorti un single inédit qui s’appelle Nos célébrations. Il va y avoir deux sorties d’albums : le premier sortira le 28 août prochain avec vos singles de 2001 à 2020 remasterisés et puis le deuxième album sortira le 27 novembre avec les singles de 1980 à 2000, qui comprennent vos plus gros tubes.
Vous pensiez quoi à ce moment-là, quand vous avez fondé Indochine ?
Quand on fonde Indochine, on est jeunes, on y croit, on est totalement inconscients, on est ambitieux, on a l’impression que le monde entier est contre nous et qu’on va essayer de faire la différence. C’est l’esprit punk rebelle. On sait faire deux accords de guitare, on sait à peine chanter mais on veut révolutionner le monde établi, cet "establishment" de la musique qui était pour nous un monde à abattre. Finalement ça a été un peu ça. On s’est aussi rendu compte que si on voulait rester, il fallait quand même qu’on bosse, qu’on apprenne et on a tout appris sur les 20 années suivantes. La première répétition du groupe, a eu lieu le 10 mai 1981. Un hasard total, mais c’est le moment d’un changement radical de notre société, en France. Quelques mois après, il y avait l’abolition de la peine de mort, les radios qui se sont démultipliées, les médias, la liberté… Donc il y avait une sorte d’émulsion positive. C’est pour ça qu’on a voulu annoncer aujourd’hui toute une série d’événements, après avoir passé ces deux mois et demi totalement dans l’angoisse, l’incertitude, le malheur, la tristesse, on arrive au bout d’un cycle et on se dit que c’était le moment d’annoncer des choses positives. Quoi qu’il arrive, même si ça continue, on va tout faire pour faire des gros concerts l’année prochaine.
Et puis, autre tournant, on est en 1986, collaboration avec un certain Serge Gainsbourg, qui a réalisé le clip de Tes yeux noirs. Ça représente quoi cette chanson et ce clip encore aujourd’hui ?
C’est le plus mauvais clip de ma carrière ! Gainsbourg c’était pour moi le personnage le plus mythique, le dandy du rock, qui écrivait des super chansons, qui en plus disait que c’était un art mineur et ça me convenait parfaitement. De le rencontrer et de voir qu’il était prêt à faire ce clip, ça a été une source de joie. Moi je lui avais parlé je lui avais dit "Voilà, j’ai adoré ton film "Je t’aime moi non plus", avec Jane Birkin totalement androgyne, je voudrais qu’on aille vers ça". Et il a fait l’inverse ! On n’a pas trop ouvert notre gueule. On était très jeunes. On a assisté à ça, on a hésité à le publier, et puis on s’est dit "Bon, on a un clip avec Serge Gainsbourg donc voilà". On l’a gardé, mais je ne suis pas très content du résultat.
Vous avez été le premier groupe de rock français à remplir le Palais omnisports de Paris Bercy en 2003 puis le Stade de France en 2010. Là, vous nous proposez cinq concerts dans des stades, avec des places qui seront réservées à ceux qui ont travaillé pendant le confinement. Vous allez d’ailleurs vous rapprocher des mairies pour pouvoir réserver des places pour celles et ceux qui nous ont sauvé, le personnel soignant…
Ceux qui nous ont aidé à vivre mieux ces derniers temps et qui, eux, sont allés au front. Franchement, que ce soit des éboueurs, les caissières, les boulangers, les aides-soignants, les pompiers etc..., c’est incroyable ! On ne sent plus la différence, mais il y a à peine 15 jours-trois semaines on était menacés de mort ! Là, on a l’impression que tout est fini, alors alors que ça existe toujours. On ne pouvait pas ne pas faire ça !
Aujourd’hui, vous êtes le groupe français qui a vendu le plus de disques...
On est vieux, c’est normal (rires)...
Devant le groupe Téléphone...
Ils n’ont vécu que dix ans, eux !
Donc c’est une fierté ?
Ce qui est cool, c’est qu’il y a quelques années ça n’a pas été vraiment facile d’aimer le groupe Indochine pour le public. Ce n’était vraiment pas facile. Et aujourd’hui encore, on n’est pas dans la ligne verte : aujourd’hui, les gamins, c’est très très hip-hop. Mais on reste quand même là. C’est fédérateur et surtout ,en n’étant pas dupes de ce qu’est ce monde. Donc oui, je suis ravi et fier pour ce public.
L’ouverture de la billetterie aura lieu le 29 septembre 2020 pour cinq dates uniques à Bordeaux, Marseille, Paris, Lille et Lyon. Happy birthday Nicola Sirkis !
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