Le monde d'Elodie. Philippe Gloaguen : "Rester en France cet été, ce n’est pas une punition, c'est une chance !"

Elodie Suigo : Philippe Gloaguen,  vous êtes écrivain, homme d’affaires et surtout, le propriétaire de la marque du Routard, que vous avez créée en 1973. Depuis depuis le 17 mars dernier, les frontières de l’espace Schengen sont fermées. Les vacances à l’étranger, même en Europe, sont compromises. Elles semblent même impossibles. Comment avez-vous vécu, vous, l’homme au sac à dos, cette impossibilité de circuler librement dans le monde ? 

Philippe Gloaguen : C'est un moment un petit peu difficile, mais c’est justement la preuve, pour tous les gens qui ont une responsabilité vis-à-vis des personnes, vis-à-vis des voyages, d’avoir le réflexe de réactiver son imagination, pour changer de braquet. On a complètement chamboulé notre planning de voyage pour se concentrer évidemment sur la France et d’ailleurs, il y a une série de guide sur la France qui sont en train de sortir maintenant. Alors en plus, faire la redécouverte de la France, ça tombe très bien, parce que vous le savez, la France est le plus beau pays du monde. On est ravis d’en assurer la promotion. Il y a plein d’opportunités pour découvrir des hôtels de charme, des itinéraires cachés, une France secrète que très peu de gens connaissent. C’est peut-être l’occasion, cet été, pour beaucoup de Français de redécouvrir leur terroir. Moi, cette France verte, c'est celle que j’aime et que j’ai envie de promouvoir. 

Y a-t-il encore des lieux à découvrir en France ?  

Totalement ! Je peux même vous faire une liste, quelques petites idées pour vous mettre en appétit : on peut découvrir par exemple, les cristalleries du sud de la Lorraine. Vous pouvez aussi découvrir un endroit magnifique, collé aux Pyrénées, c’est l’Ariège, qui est un département méconnu et splendide. Alors là, le confinement, il n’y a pas de problème ! Parce qu’il y a quand même très peu de gens qui y vont en vacances. On peut faire même du canoë kayak, on peut découvrir, même sans aller si loin, le Gâtinais, qui est à une centaine de kilomètres au sud de Paris, où il y a cette route des Roses, qui conduit sur le Val de Loire, avec un changement climatique. C’est l’endroit béni des dieux, et surtout des rois, qui ont tous construit des châteaux dans le coin. Et puis, la France c’est le pays de la France verte. On peut découvrir le parc des Pyrénées, le parc national des Cévennes avec des villages absolument intacts et magnifiques ! Et là, on y fait des randonnées à pied, des randonnées à vélo… Ceux qui s’intéressent plus aux villes, pourquoi ne pas aller découvrir Lille, qui est cette année la capitale du design, qui a été pratiquement remise à neuf. Et puis, on a, nous, une petite sympathie pour la découverte de l’oeno- tourisme, ce tourisme qui traverse des vignobles, que ce soit en Gironde, que ce soit en Bourgogne. Balades à pied, balades à vélo, avec visites de cave. Il y a des chambres d’hôtes, des gîtes ruraux… La France est un pays exceptionnel, on le savait. Maintenant, il est grand temps que les Français, se rendent compte que rester en France ce n’est pas une punition, c’est un moyen de découvrir le plus beau pays du monde ! 

Dans ce monde d’après, beaucoup veulent protéger l’environnement. Le guide du routard réfléchit-il à proposer une autre façon de voyager pour protéger l’environnement ? 

Oui, on a toujours toujours été assez sensibles à l’environnement. On avait même fait un guide, quatre années de suite, sur le tourisme durable, il y a une dizaine d’années. Mais il y a des grandes lignes de conduite désormais : les week-ends de deux jours en prenant un vol low cost pour aller à Rome, à Varsovie ou à Dublin ; je crois que si on peut prendre le train, ce sera beaucoup mieux, beaucoup moins cher. Les indices carbone seront plus favorables. Là, je crois qu’il y a un état d’esprit qui est en train de se forger dans la mentalité des Français. On a une collection de six ou sept itinéraires à vélo, que ce soit le Vélodyssée qui fait Roscoff Hendaye ou qui longe le Val de Loire... Ce sont des pistes cyclables ultra bien entretenues. C’est vrai que depuis cinq ans que nous avons créé cette nouvelle collection, on sent, d’année en année, un développement au niveau des ventes et de l’intérêt que les Français ont sur cette découverte de la France, non polluante. 

Qu’avez-vous envie de changer dans ce Nouveau Monde ? 

Ce que j’ai trouvé sympathique, dans ce confinement, c’est que les gens avaient le temps de se parler. Il y avait une véritable entraide. Moi, j’aimerais que cette entraide se dispatche vers plus de gens, vers des voisins, vers des inconnus,. Avoir un regard bienveillant sur la vie des autres, que l’on soit un peu moins speed, qu’on ait le temps de se parler… Ce serait un enseignement positif à retirer de cette crise, qui n’est pas tout à fait finie mais c’est vraiment en bonne voie et je suis très confiant ! 

Merci Philippe Gloaguen d’avoir répondu dans le monde d’Elodie sur franceinfo !

Merci de m’avoir invité, au revoir Elodie !