Marc Lavoine en tournée pour son spectacle musical "Les Souliers Rouges" : "J'ai pu me révéler dans l'écriture"
Marc Lavoine est un auteur, compositeur, interprète, chanteur et écrivain qui nous accompagne depuis plus de 40 ans. Ce qui marque, c'est sa sensibilité et sa voix. Cette voix devenue familière, réconfortante, qui depuis des années a su nous parler d'amour, de couple, de la vie. Aujourd'hui, Marc Lavoine est au cœur du spectacle musical qu'il a créé avec Fabrice Aboulker, Les Souliers Rouges, une libre adaptation du conte d'Andersen. C'est l'histoire d'Isabelle, une jeune femme au cœur pur qui monte à Paris pour réaliser son rêve : devenir danseuse étoile. Et elle va chausser une paire de ballerines rouges avec un adage qui va s'imposer à elle : "Celle qui les chaussera, connaîtra la renommée, mais devra renoncer à l'amour".
franceinfo : N'êtes-vous pas avant tout un raconteur d'histoires ?
Marc Lavoine : J'essaie de raconter des histoires, de poser des mots sur le papier. Disons que les chansons sont de petites histoires. Et puis c'est vrai que le roman m'a permis d'aller plus loin, je vais en sortir un autre en janvier. Mais la comédie musicale est un instrument que je n'aimais pas trop au départ. Fabrice Aboulker était très fan de Peau d'âne et tout ça, il m'a initié à cet art de la comédie musicale. Il m'a emmené à Broadway, m'a montré des choses que j'ai beaucoup aimées. Et donc Fabrice m'a donné le goût des comédies musicales. C'est vrai qu'au départ ce n'était pas évident pour moi. Lui, il est tellement construit, tellement entêté, il m'a beaucoup aidé à l'écrire d'ailleurs et j'y ai pris goût.
On parle de rêve à travers Les Souliers Rouges, à travers l'histoire de cette jeune femme qui veut devenir danseuse étoile. Je me suis demandé quel était votre rêve d'enfant.
Mon rêve d'enfant, c'était d'écrire. Parce que dans l'écriture, j'ai pu me révéler. Je n'arrivais pas tellement à me faire entendre à l'extérieur, j'étais un petit peu à côté. On était un peu à côté avec mon frère parce qu'on avait une éducation différente. Ma mère tricotait les pulls, on portait des kachabias, on n’était vraiment pas dans la norme, on avait les cheveux longs, on était un peu à côté de la plaque. L'écriture m'a déterminé ailleurs.
"Je pouvais, à travers l'écriture, la poésie, être un chat, je pouvais grimper sur les toits."
Marc Lavoinefranceinfo
Avec l'écriture, je pouvais me mettre au milieu de ma chambre et imaginer que j'étais au milieu de l'océan. J'écrivais tout le temps. Et ça, ça m'a vraiment donné une raison de vivre.
Dans la cour d'école, vous avez vraiment été sujet à beaucoup de moqueries, vous avez vécu le harcèlement, ça a duré très longtemps. Est-ce que ça a développé votre sensibilité ?
Oui. Ce n'était pas du harcèlement, c'était de la moquerie. À l'époque, on n'appelait pas ça du harcèlement. Mon frère en souffrait plus que moi. Disons que ça m'a permis d'aimer les gens, c'est-à-dire que j'ai tout de suite repéré que les gens qui se moquaient étaient minoritaires, blessants, bien sûr, mais minoritaires. Et à chaque fois, il y avait plus de filles d'ailleurs qui venaient me voir, qui étaient heureuses de ma compagnie, qui aimaient bien parler avec moi. Ça m'a ouvert un autre monde, ça m'a ouvert au monde de l'acceptation, au vrai monde. En fait, ça m'a aidé à m'ouvrir aux autres.
J'ai l'impression que vous prenez plus de temps pour vous, pour profiter, pour justement vous dire que ça fait du bien de créer ce genre de choses. Ressentez-vous que vous êtes de plus en plus serein ?
Je ne sais pas. En tout cas, quand je suis au travail, je suis de plus en plus serein. Dans la vie, c'est différent. On a tous des problèmes. Mais je ne sors jamais du monde du travail parce que c'est une obligation aujourd'hui, je dois être au travail, je dois travailler, je dessine, j'écris, je projette.
"Je suis tout le temps en train de travailler parce que j'ai un peu peur de la vie sans ça."
Marc Lavoineà franceinfo
Il y a énormément de dates qui sont annoncées pour la tournée. Ça vous touche que le public soit au rendez-vous et qu'il ait adopté ce spectacle ?
Ça me touche parce que je n'y croyais pas, enfin, je n'y croyais plus. C'est touchant de se rendre compte que tout n'est pas immédiatement reconnu, que tout n'est pas immédiatement aimé. Et au bout, quand je vois le succès que connaît le spectacle, dans toutes les villes, ça me touche beaucoup parce que les gens viennent voir Fabrice à la fin du spectacle ou viennent me voir, vont voir les acteurs, les danseurs et les chanteurs et leur disent des mots très importants. Ils nous racontent ce qu'on a fait réellement et ce que ça leur fait, et ça, c'est très important. Je trouve que c'est rare d'avoir une réponse aussi immédiate... enfin, immédiate, elle est un peu longue à venir parce que ça fait 15 ans qu'on est dessus, mais que ça commence vraiment à prendre et que les gens aiment le spectacle, c'est surprenant, c'est agréable.
On vous sent bluffé, touché.
Moi, je pleure sur trois chansons. Au deuxième acte, je suis bouleversé par ce qu'ils font. Les chansons ne sont plus à moi. La musique est tellement dingue. C'est tellement impressionnant comme ils arrivent à maîtriser ce spectacle, à le prendre en main et à nous l'offrir. C'est vraiment très agréable.
Les Souliers Rouges seront le 9 mars 2024 à Toulouse, le 27 à Nantes, le 6 avril à Lyon et du 24 au 26 janvier 2025 au Casino de Paris.
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