Marc Lavoine : "Le temps qui passe n'existe pas dans les chansons"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 18 octobre 2024 : L’auteur, compositeur, interprète, comédien et écrivain Marc Lavoine. Aujourd’hui, il sort "Revolver" pour fêter les 40 ans de son tube "Elle a les yeux revolver".
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Illustration Marc Lavoine (PIERRE SUU / GETTY IMAGES EUROPE)

Souvent, quand on choisit le titre d'une chanson, le positif l'emporte. Qui aurait pu prédire qu'une chanson dont le titre assimilait l'intensité d'un regard à une arme atteindrait le sommet des hit-parades pendant 25 semaines et sans aucune balle perdue ? Elle a les yeux revolver à 40 ans. Quand on le dit, on ne peut pas s'empêcher de compter sur nos doigts pour vérifier tellement ça paraît improbable. Et pourtant, cette chanson, devenue un tube, est bien apparue en 1985 grâce à la belle écriture de Fabrice Aboulker, la voix de Marc Lavoine a fait le reste. Aujourd'hui, il sort "Revolver" pour fêter cet anniversaire. À l'intérieur, 18 de ses plus grands tubes, parmi lesquels quatre inédits, le tout en version symphonique. Une tournée est prévue du 24 avril prochain au 14 juin avec des surprises.

franceinfo : 40 ans, quand on est artiste, qu'en ressort-il ? Que c'est court ou bien que c'est long ?

Marc Lavoine : Je crois que le temps qui passe n'existe pas dans les chansons. Je pense qu'une chanson arrête le temps à une époque et vous marque cette époque-là, et que cette époque vous suit. Je le sens même quand je les chante, ça ne sonne pas pareil qu'avant. Dans les chansons Revolver, Parking des Anges ou d'autres, l'intention est la même et puis les rides, les blessures, les coups ou les joies sont là. C'est maintenant plus l’homme qui chante que l’adolescent que j'étais à l'époque.

C'est aussi une façon de réaliser l'un de vos rêves, celui de sortir un album en symphonique. Là, il s'agit de l'Orchestre symphonique de Sofia, de la radio bulgare. Ça a changé la façon d'interpréter les chansons ?

C'est Frédéric Domenech, mon manager, qui m'a dit : "Il faut que tu le fasses". Il avait l'ambition de faire ça. Moi, je n'aurais jamais eu la prétention de le faire. Je l'ai fait à Sofia dans un building nazi accroché à un building communiste. Ce qui était fort pour moi parce que mes parents étaient communistes et qu’ils ont lutté contre l'injustice en Algérie, ils ont vécu la Seconde Guerre mondiale et après, tous les conflits. Ils les ont contredits, ils ont manifesté beaucoup pour ça. Ça m'a rappelé à ça. Tout me rappelle à ma mère, évidemment. Mon père m'a aussi élevé, mais elle m'a vraiment construit et fabriqué.

"C'est toujours dans les yeux de ma mère que j'écris ou que je fais les choses. C'est toujours pour elle."

Marc Lavoine

à franceinfo

Quand on parle de l'Algérie, ça vous rappelle les couscous que faisait votre tante. Il y a aussi des odeurs, des photos de famille qui ressortent.

L'Algérie est très importante pour moi. Je suis allé chanter là-bas. Mon père me disait : "tu es Français, mais si tu regardes bien dans le cœur, il y a l'Algérie". Je ne me sens pas chez moi là-bas, mais je m'y sens invité. Je suis allé voir la maison qu'occupait ma tante quand elle était mariée avec un Algérien et ça m'a ramené évidemment en arrière. Ça m'a ramené au moment où je suis arrivé à l'aéroport, j'étais petit. Comme ma mère m'avait habillé comme une fille et me traitait un peu comme une fille, j'ai baissé mon pantalon et j'ai dit à mon oncle : je suis un garçon, je m'appelle Marc. Et ce monsieur m'a offert une vraie montre. J'étais tout petit et c'est là que j'ai compris la mort. J'ai compris le temps qui passe. J'ai compris tout un tas de choses que je ne comprenais pas. Je suis un peu sorti de l'innocence grâce à lui. C'est un homme qui m'a beaucoup marqué et c'est très intéressant de rencontrer une culture par cette porte intime qui est la fraternité et deux personnes qui se marient.

Dans cet album, il y a effectivement des titres qui nous ont aussi marqués. Et il y a ce titre qui ouvre l'album : Pourrais-je dire encore je t'aime ? Et c'est vrai que vous nous prenez par la main.

J'ai écrit ce texte sans conscience. Il est venu assez vite. J'ai fait un état des lieux et je me suis dit : bon, tu ne te portes pas très bien, autant le dire. Et ça va beaucoup mieux. C'est vrai que la vie est incroyable. J'ai beaucoup de chance.

"Il ne faut jamais s'estimer perdu, jamais baisser les bras parce que finalement, un visage vous sauve. Une silhouette, un sourire, une phrase et vous vous accrochez à cette phrase et vous partez dans un voyage absolument incroyable qui n'a a priori pas de fin."

Marc Lavoine

à franceinfo

Que représente cet album anniversaire, ce Revolver d'aujourd'hui ?

Je pense que si on écoute cet album-là, on va se retrouver un peu dans chacune des chansons. Les versions sont inouïes. La version de C'est ça la France est vraiment dingue alors que c'est la troisième ou quatrième version. Toi mon amour en est aussi à sa quatrième version. Cela aurait pu être compliqué, eh bien non, on trouve une nouvelle façon de la faire, pareil pour J'ai tout oublié. Quand on entend Qu'est-ce que t'es belle ! J'en parlais avec Catherine Ringer il n'y a pas longtemps puisqu'on la rechanté. C'était génial, on ne s'est jamais quittés avec Catherine. Et puis les radios la jouent. Cette chanson est très vivante. De la refaire ensemble, on se prenait par la main. Cela fait presque 40 ans que cette chanson est sortie et ce chemin, c'est tout ce qui s'est passé depuis... Oui, cet album est important pour moi.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.