Catherine Ringer : "Les Rita Mitsouko, j'en garde de la joie, de la fierté, de l'émotion... de l'argent !"
En plus de 40 ans de carrière, Catherine Ringer est devenue une artiste pluridisciplinaire incontournable, à la personnalité atypique et unique. Elle a déjà vécu mille vies. Mannequin à huit ans, actrice dans un téléfilm réalisé par Marianne Oswald, Les Deux Coquines en 1969, elle quitte le foyer familial à l'âge de 13 ans. Connue pour être la chanteuse du groupe mythique Rita Mitsouko qu'elle a créé et incarné avec Fred Chichin, il y a eu aussi le théâtre musical expérimental, la danse et cette rencontre magique avec la chorégraphe Marcia Moretto qui a donné naissance à la chanson Marcia Baïla. Puis il y a eu aussi la télévision et le cinéma.
Elle sera sur la scène du Théâtre de l'Atelier à Paris, du 1er au 6 avril, avec L'Érotisme de vivre. Puis elle participera au Printemps de Bourges le 25 avril.
franceinfo : Sur scène, vous lisez, chantez les vers de la poésie d'Alice Mendelson, qui a aujourd'hui 97 ans. Vous êtes la voix de la sensualité, de la passion de la vie, de l'amour, des hommes, des couleurs, des instants. Quand on parle de Catherine Ringer, on parle de sensualité.
Catherine Ringer : Ah bon ? Je ne savais pas. Ça m'étonne.
Pourquoi ?
J'avais le sentiment de représenter d'autres choses et aussi un peu de sensualité, mais pas spécialement ça. Mais bon, tant mieux, je suis ravie ! Une corde de plus à ma lyre... à douze cordes.
Ce spectacle est né au printemps 2021, après le Covid. Le Théâtre de la Huchette à Paris vous a sollicitée. Vous faisiez partie des personnalités qui les intéressaient pour relancer les lundis avec une carte blanche. Et vous avez tout de suite pensé à Alice Mendelson.
En fait, je me suis dit : carte blanche... J'avais entendu dire qu'elle faisait des très beaux poèmes et je me suis dit que c'était l'occasion de les lire. J'ai demandé à Mauro Gioia, chanteur et metteur en scène napolitain, de me faire l'œil et l'oreille. Il les a lus. Il m'a dit : "Ah oui, je les aime beaucoup. Il faut mettre de la musique, aussi. On ne va pas juste dire des poèmes comme ça". Donc on a monté ce spectacle à la Huchette, on l'a remonté une deuxième fois dans un théâtre à Auxerre, où c'était une plus grosse production, avec une autre comédienne, des marionnettes. Après, on est repartis dans notre version initiale. Si vous voulez, je vous en lis un petit bout : "Savez-vous planter les mots à la mode, à la mode ? Savez-vous tisser les phrases ?"
"Savez-vous mimer sans trêve la chaîne infinie des rêves d'enfants ? Savez-vous moudre la joie, à la mode, à la mode ? Savez-vous combler l'amour, à la mode, à la mode de chez nous ?"
Catherine Ringer lit Alice Mendelsonà franceinfo
Racontez-nous l'histoire de cette femme, Alice Mendelson, qui a un parcours exceptionnel.
Le père d'Alice Mendelson a été pris dans la rafle du Vel d'Hiv. Elle a pu se cacher avec sa mère parce que le policier qui était venu la veille chercher le père leur a dit de se cacher. Elles se sont enfuies. Elle est devenue résistante. Après, elle est devenue professeure de français, passionnée, au lycée Montaigne à Paris. Quand elle a pris sa retraite, elle est devenue conteuse, c'est-à-dire qu'elle allait chez les gens raconter des histoires du monde entier. Et voilà sa vie.
Il y a toujours une énergie incroyable dans tout ce que vous faites, que vous montiez sur scène, que vous chantiez. D'où vient cette énergie ?
Je ne sais pas. Peut-être de parents qui ont été tous les deux, ma mère comme mon père, adeptes de cette présence dans la vie, de pouvoir apprécier les couleurs, quelque chose de drôle, quelque chose que dit quelqu'un. Aimer la présence des autres.
Vous avez commencé très tôt. N'avez-vous pas grandi trop vite ?
Eh bien ! c'est vrai que quand j'avais 12 ans, les gens pensaient que j'en avais 17, donc j'ai été une jeune femme, très vite.
"Je suis passée de l'état d'enfant à l'état de petite femme tout en étant adolescente. Oui, j'ai grandi trop vite !"
Catherine Ringerà franceinfo
Qu'est-ce qui vous a donné envie de chanter ?
J'ai toujours un peu chanté et fait de la musique. Je jouais de la flûte. Je chantais. Je jouais un peu de piano chez ma grand-mère. Le chant est une activité humaine de base.
Vos chansons avec le groupe Rita Mitsouko font partie de la mémoire collective.
On a cet honneur et cette joie, effectivement, de faire partie maintenant du répertoire français et d'avoir été utile au public, aux auditeurs – et aux "voyeurs", puisqu'on a aussi fait de l'image.
Que gardez-vous des Rita Mitsouko ?
De la joie, de la fierté, de l'émotion... de l'argent !
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