Marc Lavoine se confie sur ses chansons : "Le fait d'avoir dit 'Reviens mon amour' à un père, c'est assez étrange"

L’auteur, interprète et acteur Marc Lavoine, est l’invité exceptionnel du Monde d'Élodie Suigo du 30 décembre 2024 au 3 janvier 2025. L'occasion de fêter les 40 ans de son tube Elle a les yeux Revolver avec un album anniversaire Revolver composé de 18 de ses tubes agrémentés de quatre titres inédits avec l'Orchestre symphonique de la radio bulgare. Il sera également sur scène à compter du 24 avril prochain et jusqu'au 14 juin, pour une tournée électro symphonique dans toute la France.

franceinfo : On a parlé de vos chansons engagées, l'une des facettes de votre personnalité et de l'être que vous êtes devenu.

Marc Lavoine : Je n'aime pas trop le mot 'engagé' en fait. Ce sont des chansons. Ce sont quand même des chansons d'amour. Engagé, c'est un peu intellectuel. Nathan par exemple, que j'avais écrit pour Calogero sur un enfant autiste, c'est une chanson engagée d'une certaine façon, mais c'est surtout une chanson d'amour. Je préfère quand même qu'on reste dans l'amour qu'on ne comprend pas, on ne sait pas ce que c'est, mais on le poursuit tous les jours, qu'on va chercher. On le trouve parfois, en plus.

Ce qui a fait mouche, dès le début, c’est l'amour que vous avez pu transmettre à travers l'écriture de vos chansons. Ce qu'on constate, c'est que les femmes ont toujours été très importantes dans votre vie.

Elles sont plus nombreuses que nous. Il y a 3% de femmes dans les prisons. Elles sont intelligentes, elles sont courageuses, elles ne font pas la guerre, à part Margaret Thatcher. Si on n'avait que des femmes, on ne serait pas dans l'embarras dans lequel on est avec tous ces dingues.

"La femme est la personne la plus discriminée au monde dans tous les pays. Ça pose quand même une question, une question sur le choix des hommes, sur ce côté, je veux ça, je veux cette terre, c'est à moi. Je me demande où on va." 

Marc Lavoine

à franceinfo

Beaucoup de titres ont été interprétés avec des femmes comme Je ne veux qu'elle avec Christina Marocco ou encore avec Françoise Hardy et Chère amie. Il y a aussi Reviens mon amour. Que raconte cette histoire ?

C'est la perte d'un être. Elle est réussie parce que la musique est magnifique, le texte est pas mal et puis il y a ce gimmick de guitare qui est très fragile, qui fait la même chose tout le temps, mais jamais la même chose. C'est avec un guitariste merveilleux, Freddy Koella. Il a une guitare qui date du XIXe. Il a trouvé ce truc à la guitare et j'ai été bouleversé. L'interprétation était facile, je n'avais qu'à prendre ce tempo et à ne pas m'énerver. Elle a les yeux Revolver était inspiré de Revolver des Beatles et là, ça a été inspiré par cette guitare très nature. Il n'y a presque pas d'effet. On le rejoue à la harpe sur l'album, c'est magnifique. C'est un élément qui tourne, qui a l'air de rien, qui ne te lasse pas, qui t'entraîne à chaque fois. Et je pense que la chanson est réussie grâce à ça.

Ce qui est surtout incroyable, c'est la caisse de résonance poétique. Elle parle d'un être cher disparu, mais en même temps c'est comme s'il n’allait jamais disparaître. C'est aussi la force de la poésie.

Je crois que le fait d'avoir dit, "Reviens mon amour" à un père, c'est assez étrange, que tu l'appelles mon amour. Je suis amoureux de la femme que j'aime, c'est génial, mais là, j'ai appelé cette chanson comme ça dès le départ. 

"Un homme, un fils qui dit ça à son père, c'est bizarre, mais c'est juste."

Marc Lavoine

à franceinfo

Un jour, Muriel Robin m'appelle en larmes. Je lui demande si ça va, "J'ai été obligée de m'arrêter, je suis sur l'autoroute, je ne pouvais plus conduire. Il y a ta chanson qui passe, elle est merveilleuse" parce que Reviens mon amour, ça a fait de cette chanson une autre chanson.