Melody Gardot fait le tour de la France avec son nouvel album "Entre eux deux"

Melody Gardot est auteure, compositrice interprète et musicienne américaine. Elle aime mélanger les influences depuis ses débuts, le jazz, mais aussi la musique folk, la bossa nova, le fado, la pop, le rock. En France, le titre : Derrière l'arc-en-ciel, adaptation de Over the rainbow en duo avec Eddy Mitchell, a ensorcelé, tout comme ses différentes tournées.

Elle sera en tournée et dans deux festivals : Le festival Django Reinhardt, du 23 au 26 juin à Fontainebleau et au Nice Jazz Festival du 15 au 19 juillet. Ce seront de belles occasions de chanter ses derniers titres extraits de son nouvel album : Entre eux deux, réalisé avec l'immense complicité et le talent du pianiste franco-brésilien Philippe Powell.

franceinfo : C'est incroyable comme cela fonctionne entre vous et Philippe Powell. Vous, vous parlez de 'danse', mais là, on a l'impression que c'est une sorte de 'fusion' entre un pianiste et une voix.

Melody Gardot : C'était vraiment mon rêve de faire quelque chose avec lui parce qu'on a beaucoup de similarités. On aime la même musique, on a une base de classique. Après lui, il est brésilien et moi, j'ai un peu du blues de Philadelphie. Je suis tombée totalement amoureuse de sa composition, There where he lives in me, dans mon précédent album Sunset in the blue qu'on a fait ensemble.

J'ai eu un coup de cœur quand j'ai commencé à travailler avec Philippe Powell pour 'Sunset in the blue' à Paris. Après quelques moments passés ensemble, je me suis dit : tiens ! Je me sens tellement bien, je rêve de faire un album avec lui.

Melody Gardot

à franceinfo

On sent un apaisement. Ça veut dire que plus vous avancez, plus vous réussissez à vous trouver vous-même ?

Je ne sais pas. Je suis une femme quand même. C'est drôle car hier quelqu'un m'a dit : "Vous avez l'air très, très calme madame", j'ai dit : cool ! Je dois reconnaître que j'ai une chance incroyable de faire cette sorte d'art dans la vie. Mais, je pense que je me stresse quand il faut regarder tout ce qu'il y a à faire et comment je peux y arriver. Alors quand je speed, quand je suis retardée, etc… Je ne suis pas du tout calme. Mais c'est vrai que ma manière de stresser peut être différente de celles des autres. Il en faut beaucoup pour m'énerver, en tout cas !

Vous avez trouvé votre voie très tôt. C'est vrai qu'il y a eu cet accident très grave de vélo qui vous a valu une grande et lourde hospitalisation et ce temps qui vous a permis, finalement, de vous retrouver davantage, de découvrir davantage cette voix. Quelle place occupe votre voix dans votre vie ?

C'est vrai qu'après mon accident, je ne pouvais pas parler. Aussi, ça a été un long chemin de juste reformer et prononcer les mots, les lettres, les syllabes, etc...

Melody Gardot

à franceinfo

C'était étonnant parce que j'avais comme une petite boîte de Pandore de pensées, de feelings que j'avais en moi et comme je ne pouvais pas les exprimer, ils sont juste restés là, ils se sont additionnés. Un jour, c'était dingue, avec l'entraînement, la thérapie, j'ai recommencé à parler. Puis, j'ai une chanson qui est sortie, comme ça, parce qu'il y avait trop de choses restées dedans et j'ai commencé à écrire. Comme j'avais appris à reparler avec la guitare dans les mains, j'ai eu une manière d'associer les mots avec les notes.

Vous revisitez Plus fort que nous, un classique du cinéma français de Claude Lelouch, Un homme et une femme. C'est dur de chanter en français ?

Comme c'est dur de parler. Quand j'ai parlé à Philippe, je lui ai dit : écoute, si jamais il y a une reprise que tu veux faire, n'hésite pas à me le dire. Et c'était bizarre parce qu'il ne savait pas que je regardais ces films et que j'étais fan mais fan ultime de Lelouch. Puis, deux ou trois semaines après, il m'appelle : "Ok, Melody. J'ai une chanson. Je pense que ça serait cool si nous deux, on peut faire ensemble Plus fort que nous". Et j'ai rigolé, j'ai eu des larmes aux yeux et j'ai dit : mais tu ne peux pas comprendre, c'est une de mes chansons préférées et oui, on y va !

Je voudrais qu'on parle de la scène. Vous serez trois soirs au légendaire Olympia à Paris, avec les lettres rouges du 21 au 23 novembre 2022. Ça représente quoi d'aller rencontrer le public ?

Ça me touche, toujours, énormément. Ça me bouleverse. Alors, d'avoir la possibilité de le faire, ça me fait beaucoup de bien. Cette année est particulièrement spéciale parce que tous ces concerts et tous ces moments magiques étaient aussi supportés par mon producteur français qui s'appelle Gérard Drouot. Il vient de nous quitter. Et je pense qu'au lieu d'avoir 'Melody Gardot' à l'affiche de l'Olympia, ce que je voudrais faire c'est écrire juste : 'Merci Gérard' car la première personne qui m'a tenu quand je suis arrivée en France, c'était lui. C'était lui qui a eu la conviction et le courage de me boucler un Olympia, qui s'est battu pour me supporter et faire le buzz au début. Quand j'ai eu 23 ans, il a dit : "Tu vas devenir une star !" Tout ce qu'on fait ici, c'est grâce à beaucoup de choses, mais il y avait forcément un remerciement à faire à Gérard. C'était mon Jiminy Cricket.

Melody Gardot sera le 23 juin à Wolfiheim, le 24 au Festival Django Reihnardt à Fontainebleau, le 29 à Niort, le 1er juillet au Festival TSF Jazz à Chantilly, le 18 à Nice, le 24 à Marciac etc…