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"Je garde le parfum du travail et ça suffit à mon bonheur" : Michel Bouquet sur le temps qui passe

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie. Aujourd'hui, elle reçoit l’immense comédien français, Michel Bouquet. En avril dernier, après 75 ans passés sur les planches, il a tiré sa révérence. Mais vous pouvez entendre sa parole inspirée, grâce à l'acteur Maxime d'Aboville, sur la scène du théâtre de Poche Montparnasse, jusqu'au 4 janvier, dans une pièce intitulée "Je ne suis pas Michel Bouquet", adaptée d'un livre d'entretiens.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Michel Bouquet, en avril 2019. (MARTIN BUREAU / AFP)

Michel Bouquet, ce géant de la scène, a aujourd'hui 94 ans. Il a reçu cinq Molière, deux César, de nombreux autres prix et a donné toute son existence au théâtre et au cinéma et lorsqu’Elodie Suigo lui demande ce que lui a procuré le métier d’acteur, il répond très simplement : "Ça a occupé entièrement ma vie, je savais que j’étais acteur. On me l’a confirmé et après, j’ai vécu avec ça et les exigences que cela demandait, j’ai fait mon temps avec."

De son enfance, Michel Bouquet se souvient de son départ avec ses frères en pension, un moment décisif dans sa vie : "J’ai trouvé ça dur, tout à coup, ce monde militaire, être au milieu de ces 680 élèves, perdu à 7 ans, là... Ça m’a énormément troublé, je me suis trouvé dans un monde inhumain". Il se fait une raison : "Je verrai ma mère à Noël, aux grandes vacances." Michel Bouquet se décrit comme enfant timide, fragile, en tous cas en apparence, car sommeille en lui une volonté de fer. Ses deux piliers seront sa mère et son épouse.

Ma mère, c’est tout pour moi, avec ma femme. Ce sont les deux êtres qui ont eu le plus de pouvoir sur moi et que j’ai accepté avec reconnaissance, avec amour, avec chaleur comme les maîtres de mon existence. Une soumission absolue, tout à fait acceptée et heureuse

Michel Bouquet

à franceinfo

Une vie au théâtre

Michel Bouquet vient au théâtre pour y vivre d’autres vies que la sienne. "Une vie fictive, abstraite, et je trouvais cela très bien." Michel Bouquet reçoit de nombreux prix durant sa longue carrière théâtrale et cinématographique, comme le César du meilleur acteur en 2002 pour Comment j’ai tué mon père ou en 2006 pour Le Promeneur du Champs de Mars. Sa première récompense pour son travail sur les planches est un Molière du comédien pour Les Côtelettes de Bertrand Blier, en 1998. Pour lui, ces prix représentent "le droit de faire ce métier. Le droit que m’accordent les autres d’avoir la prétention de vouloir faire ça et d’y engager ma vie. De donner tout à ça." Michel Bouquet avoue au micro d’Elodie Suigo qu’il les recevait avec fierté. "Je n'étais pas si humble que ça, j'étais très orgueilleux mais je le dissimulais."

Son cinéma

Michel Bouquet a beaucoup tourné, il se souvient de son rôle dans le Promeneur du Champs de Mars de Robert Guédiguian. On se souvient de lui dans son rôle de l’inspecteur Javert dans Les Misérables de Robert Hossein en 1982 avec Lino Ventura, Jean Carmet, Evelyne Bouix. Contre toute attente, Michel Bouquet confie à Elodie Suigo qu’il se refusait à jouer Javert. "J’ai toujours dit à Hossein :  je n’ai pas la peau de Javert (…) Et lui s'est battu pour que je le fasse (…) Et en le faisant, je me suis habitué et puis je me suis dit : dans le fond il a peut-être eu raison de me le demander. Mais ce n’est pas un rôle que j’affectionne particulièrement".

J’aime beaucoup le cinéma. Je suis un peu privé maintenant de ne plus en faire. La mode du cinéma n’est plus la même, ce qui est normal. Je n’ai plus rien à y faire et j’aimais beaucoup ça. J’aime beaucoup ce que j’ai fait au cinéma

Michel Bouquet

à franceinfo

Lorsqu’il se retourne sur son passé, Michel Bouquet se décrit comme "besogneux". "J’aime beaucoup travailler sur les rôles. Si on me demande quelque chose, j’aime pouvoir y parvenir. Et puis j’ai aimé tous les metteurs en scène avec lesquels j’ai travaillé." Et sur la question du temps qui passe, le nonagénaire explique qu’il optimise chaque instant : "Essayer de ne pas le gaspiller, essayer que ce ne soit pas pour rien, que ce soit utile à quelque chose. Et je garde le parfum du travail. Je le garde vraiment très fort en moi et ça suffit à mon bonheur."

Pour mieux connaître l’homme mystérieux qu’est Michel Bouquet, c’est au théâtre de Poche Montparnasse jusqu'au 4 janvier, du mardi au samedi à 19h avec Je ne suis pas Michel Bouquet, un texte tiré d'un livre d'entretiens avec Charles Berling, les confidences d'une légende vivante du théâtre, interprétées par Maxime d'Aboville.

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