"On a besoin d'incertitude dans la vie" : Laurent Gounelle parle de liberté dans son nouveau livre, "Un monde presque parfait"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 2 mai 2024 : l’écrivain, Laurent Gounelle. Il vient de publier un nouvel ouvrage, "Un monde presque parfait", aux Éditions Mazarine.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
L'écrivain Laurent Gounelle, le 15 novembre 2018. (JEAN-MICHEL NIESTER / MAXPPP)

Enfant, l'imagination de Laurent Gounelle était débordante. Avec l'écriture et la lecture, il tenait deux moyens de s'évader d'une éducation assez stricte. Malgré les évidences enfantines et précoces, il a tenté de travailler en tant que chargé d'études financières dans une grande société, jusqu'à une remise en question personnelle et existentielle. Un déclic qui a eu de l'effet puisqu'il est devenu consultant en relations humaines et écrivain, avec un ouvrage basé sur le bonheur et qui va marquer les esprits, L'homme qui voulait être heureux, sorti en 2008.

Aujourd'hui, Laurent Gounelle est de retour avec Un monde presque parfait paru aux Éditions Mazarine.

franceinfo : Dans votre nouveau livre, vous proposez de reprendre en main notre pouvoir de décision, de viser la liberté et donc de se réapproprier notre vie. Finalement, c'est un peu l'histoire de votre vie que vous nous racontez à travers cet ouvrage.

Laurent Gounelle : En effet, avec mon parcours et notamment mes échecs. À la suite d'une mauvaise orientation professionnelle il y a 30 ou 35 ans, je pense avoir compris, à un moment donné, que la prise de décision était un élément essentiel à notre humanité. On a tendance à abandonner un peu ça, sachant qu'en parallèle, la société a tendance à prendre de plus en plus de décisions à notre place.

"Décider, c'est exercer sa liberté. C'est aussi nous permettre d'évoluer. Je pense qu'on évolue dans notre vie par les décisions que l'on prend, y compris les mauvaises, c'est-à-dire quand on se trompe."

Laurent Gounelle

à franceinfo

L'histoire est celle de deux êtres, David et Ève. Lui est chercheur et vit chez les Réguliers, une société qui est hyperconnectée, hypernormée, organisée autour du bien-être des individus. Elle, est libre, indépendante, refuse l'autorité. Et on va se rendre compte à travers ces deux personnalités complètement différentes, à quel point ils regardent de la même manière la ligne d'horizon. 

Je pense que chaque être humain cherche à s'épanouir dans la vie, on cherche à être heureux. Et le modèle de société joue sur nous, ne serait-ce que parce qu'il induit un certain nombre de valeurs et de croyances. J'aime bien toujours prendre un peu de recul et inviter le lecteur à travers une histoire, à prendre un petit peu de recul sur notre société et sur comment on fonctionne et après quoi on court sans forcément s'en rendre compte, sans l'avoir forcément consciemment à l'esprit.

Vous citez Victor Hugo : "Ce n'est rien de mourir, c'est affreux de ne pas vivre". C'est l'adage qu'il faut retenir ?

Oui, quelque part, Victor Hugo nous interpelle ainsi sur le fait qu'on peut facilement, bizarrement, ne pas vivre. Juste en se laissant porter par la société, par ce qui est attendu par les autres. À un moment donné, de se dire que le confort est un peu engourdissant et peut-être que ça vaut le coup de donner un coup de pied dans la fourmilière. Savoir vraiment ce que j'ai dans le ventre. De quoi ai-je envie au fond de moi ?

Quelles sont les clés selon vous pour s'en sortir, pour reprendre sa vie en main ?

Nos vies sont trop remplies et quand il y a un moment de vide, ne serait-ce que dans une salle d'attente, on sort le téléphone portable et on va regarder les news en ligne ou je ne sais quoi. Et c'est un petit peu dommage parce qu'en fait, on gagne à être un peu seul avec soi-même. On gagne à avoir des moments de silence. C'est à ce moment-là qu'on apprend à se connaître. 

"On ne peut pas faire l'économie de la connaissance de soi. Et pour faire la connaissance de soi, pour se connaître, c'est utile de s'autoriser un petit peu de vide dans notre vie."

Laurent Gounelle

à franceinfo

C'est le premier élément de réponse. Un second élément de réponse, c'est accepter l'échec. Mais ça, il faut l'avoir vécu soi-même pour savoir que l'échec n'est pas grave, ce que j'ai découvert quand je me suis fait licencier il y a 35 ans et que j'ai essayé de monter une boîte qui a aussi planté. J'étais le parfait loser. Et j'ai découvert qu'en fait, je n'ai pas perdu mes amis, je n'ai pas perdu ma famille et donc finalement j'ai compris que les gens ne m'aimaient pas pour ce que je réussissais, pour ce que je réalisais. Les gens m'aimaient pour qui j'étais.

La liberté est au cœur de cet ouvrage, comme elle l'est finalement depuis vos débuts. Dans Le réveil, la liberté était le fil d'Ariane. C'est quoi la liberté alors ? Est-on vraiment libre ?

"Ce qui est certain, c'est que la liberté est au cœur de ce qui fait de nous un être humain."

Laurent Gounelle

à franceinfo

Au-delà des êtres humains, je pense que la liberté est essentielle à tout être vivant. Vous prenez un éléphant en Afrique, il va être soumis au virus, à toutes les maladies, à la famine. Et pourtant, il va vivre en moyenne 56 ans. Vous le mettez dans un zoo, vous lui apportez de la nourriture parfaitement équilibrée et calculée pour répondre à ses besoins nutritionnels. Vous lui donnez des vaccins qui vont le protéger des maladies. Il va vivre 17 ans, parce qu'il n'est pas en liberté. C'est la seule différence. Je pense que tout être vivant a besoin de liberté.

Pourquoi le "presque" dans le titre de votre ouvrage Un Monde presque parfait ?

Il y a une dimension d'ironie, évidemment, parce que cette société qui est dépeinte, la société des Réguliers, peut sembler parfaite à bien des égards, parce qu'elle offre cette vie facile, confortable, agréable et prévisible. Et en même temps, le parti pris de se dire qu'on a besoin d'une certaine incertitude dans la vie. Même si on fait tout pour tout prévoir et tout anticiper, on a besoin d'incertitude et c'est ce qui donne, je pense, un peu le sel de l'existence.

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