Pour le comédien Christophe Malavoy, le théâtre est "un moment de délivrance"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, le comédien et réalisateur Christophe Malavoy qui dès le 23 septembre sera sur la scène du Petit Montparnasse à Paris pour "La légende du Saint Buveur" de Joseph Roth.
La Légende du Saint Buveur, c'est l'histoire d'un sans-abri parisien, Andreas, à qui un bon Samaritain décide de donner une somme d'argent pour l'aider à sortir de la rue. Le SDF après avoir longuement hésité, accepte ce don tout en promettant de le rembourser. Pour Christophe Malavoy, qui a adapté et mis en scène cette pièce, c'est "l'histoire d'une promesse. Il s'agit d'un homme d'honneur et quelqu'un qui fera tout pour être à la hauteur. Cet argent, il va bien sûr le dépenser et va rencontrer plusieurs personnes qui vont l'aider. La providence va faire en sorte qu'il va retrouver du travail et à chaque fois il va se dire tous les jours : il faut que je rembourse ma dette."
C'est une reflexion aussi [La Légende du Saint Buveur] sur nos besoins, sur nos désirs et sur la valeur de l'argent et sur notre liberté aussi d'en disposer.
Christophe Malavoyà franceinfo
Pour lui, ce n'est pas qu'un rôle, cela va bien plus loin, c'est un vrai questionnement sur notre société actuelle face à la fracture sociale grandissante : "Je pense que l'histoire de ce sans-abri nous interpelle parce qu'il y en a beaucoup quand on marche dans la rue, la précarité augmente." Christophe Malavoy évoque notamment son engagement auprès de l'association SOS Amitié, une association qui aide ceux qui sont isolés.
Un homme fait pour le théâtre
"J'ai été très touché par ce personnage" qu'il découvre en même temps que son auteur Joseph Roth (la nouvelle a été publiée à titre posthume en 1939), il y a quelques années "de manière très inattendue". Cette lecture lui laisse le goût formidable de l'humanité, de la solidarité et de la fraternité. Il ajoute que pour lui c'est ça, le théâtre : "C'est un moment de délivrance. C'est un moment où on se retrouve à partager quelque chose, une émotion, des rires et c'est le moment à l'intérieur duquel on peut se délivrer de toutes ces questions qui nous embarrassent parfois et qui nous éclairent parfois."
Le jour où je suis rentré dans un cours de théâtre j'ai senti que j'étais chez moi. Il y avait même l'odeur du lieu, je me suis dit 'C'est la magie, le mystère'. Et puis, il y a aussi les mots bien sûr, les auteurs, le sens aussi qu'on peut donner à sa vie en choisissant un chemin plutôt qu'un autre.
Christophe Malavoyà franceinfo
Christophe Malavoy est un donc un homme fait pour le théâtre mais aussi fils et petit-fils de militaire. Un homme engagé qui, grâce à l'écriture se fait aussi le relais d'une petite histoire dans la grande Histoire, celle de son grand-père paternel, mort au combat pendant la Grande Guerre (Parmi tant d'autres, publié en 1996 et adapté à la télévision en 2004 avec le titre Ceux qui aiment ne meurent jamais) : "Il y a quelque chose qui vous rappelle qu'on a des droits en tant que citoyen mais aussi des devoirs. Et le devoir c'est de ne pas oublier."
Né en Allemagne, il revient sur son enfance au micro d'Elodie Suigo en évoquant son père officier dont les passions marquent l'enfant qu'il est : "Passionné par le cinéma, par la photographie, par la prestidigitation. Il a filmé après pendant toute sa vie. Tous les étés, on faisait un petit film avec sa caméra Beaulieu 8mm. C'est vrai que je suis un peu tombé dedans quand j'étais petit. La caméra je ne savais pas que j'allais la retrouver plus tard." Sa mère quant à elle est musicienne et lui transmet le goût de la musique : "Je me suis mis au violoncelle, il y a très longtemps, j'avais déjà 21 ou 22 ans et puis après j'ai continué un peu le piano comme ça mais aujourd'hui, je joue du bugle, de la trompette dans ce spectacle."
Le cinéma par hasard
Homme tout acquis à la cause du théâtre, c'est en rencontrant des réalisateurs comme Claude Chabrol ou encore Michel Deville qu'il se dirige doucement vers le cinéma. "J'étais totalement inconnu quand Deville est venu au théâtre, raconte Christophe Malavoy. Il m'avait repéré et m'a proposé plusieurs fois de jouer dans ses films. C'est quelqu'un qui pensait ses films avec une précision diabolique. Il nous disait parfois : 'C'est très bien ce que vous avez fait mais je pense que la scène vous pouvez la faire en 17 secondes.' Absolument dingue ! On n'a jamais entendu une indication pareille ! On a réussi à la faire en 17 secondes et c'était très bien, c'était formidable !"
Il reçoit même le César du meilleur espoir pour le film Family Rock du réalisateur José Pinheiro en 1983 dans lequel il tient pour la première fois le rôle principal. Il comprend que théâtre et cinéma vont devoir cohabiter dans sa vie : "Je ne m'attendais pas du tout à faire une carrière au cinéma. J'avais embrassé une carrière au théâtre".
Yves Boisset aussi est un réalisateur qui compte beaucoup pour Christophe Malavoy, notamment avec L'affaire Seznec, un rôle qui lui colle à la peau : "C'est particulier parce que d'abord c'est une amitié aussi avec Yves Boisset. C'était quelque chose de très fort. Je suis allé visiter des prisons et jusqu'en Guyane aussi, au bagne sur l'île Royale. J'ai vécu là-bas des heures incroyables. J'ai perdu mon père aussi pendant le tournage de ce film. Yves Boisset, d'ailleurs, avait perdu le sien aussi avant, pendant les repérages. Donc, ça a été un moment très fort."
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