Pour "Zouzou", son nouvel album, Philippe Katerine s'est "plus amusé à écrire des textes"
Philippe Katerine est cet artiste iconoclaste hors des codes, on pourrait dire qu'il est original, mais force est de constater que ce terme ne lui correspond en rien. Avec lui, on adore ou on déteste, comme son titre devenu justement un tube Louxor, j'adore. De la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 en passant par Boris Vian qu'il incarnait dans le film Gainsbourg (Vie héroïque) de Joann Sfar ou encore sa prestation dans Le Grand bain de Gilles Lellouche, qui lui a valu de recevoir le César du meilleur acteur dans un second rôle, nous apprenons à parler le Philippe Katerine. Lundi 11novembre il sort son album Zouzou, soit 17 petites histoires qui le racontent encore un peu.
franceinfo : Il y a un amusement permanent assumé. L'amusement est-il donc le maître-mot de l'homme que vous êtes ?
Philippe Katerine : Peut-être m'avez-vous défini en un seul mot. C'est vrai, j'aime le jeu, j'adore le ballon, mais là, je joue beaucoup moins au ballon. En revanche, faire des chansons, ça équivaut un petit peu à ça. D'ailleurs, souvent, on enregistre en équipe et on joue à cache-cache, à Colin-Maillard donc j'invente des jeux comme ça, avec l'auditeur, avec moi-même. Oui, j'aime jouer.
Auparavant, vous aviez tendance à travers l'art plastique, en tout cas le dessin, à réussir à exprimer ce que vous n'arriviez pas à dire à voix haute. Et là, on a le sentiment que vous arrivez enfin à poser des mots, à écrire et à exprimer à voix haute ce que vous ressentez.
Je n'ai jamais été frustré par le fait de ne pas m'exprimer.
Mais il y a quand même des choses qui sont plus difficiles à dire.
Bien sûr ! Mais c'est une question de matos. Quand on va à la pêche, quel matériel on emporte ? La pêche, c'est ce qui s'apparente aux chansons, à l'écriture des chansons, on va à la pêche. En l'occurrence, pour moi, ça m'est arrivé d'écrire tout un disque qu'avec des post-it, deux trois mots suffisent. Pour ce disque, j'ai acheté un grand cahier, plus gros que le format A4, et c'est vrai que j'ai pu corriger plus en profondeur, plus dans les détails. Donc mes textes, là, sur ce coup, sont peut-être un peu plus... Je me suis plus amusé à écrire des textes et c'était passionnant pour moi.
Vous dites : "plus on sait, moins on sait". Vous êtes un addict de la nourriture intellectuelle.
"Ouvrir un livre, écouter un disque, moi, ça m'a sauvé."
Philippe Katerineà franceinfo
J'avais un besoin d'autre chose quand même. Ça m'a permis de me trouver, quelque part, et de comprendre un peu où j'étais, qui j'étais parce que j'étais quand même dans le brouillard total.
Dans la chanson Que deviens-tu ? Vous vous adressez directement à votre verge. On en rigole, mais finalement vous abordez un sujet qui est vraiment tabou, c'est la libido masculine. Quelque part, c'est aussi votre force. C'est qu'à travers l'humour, vous réussissez à "mettre sur le devant de la scène" des sujets qu'on a peur d'aborder.
Il y a vraiment plein de chansons que je jette. Il y a des fois où je rentre dans des trucs que je ne peux pas assumer, ce n'est pas possible. Et puis il y a des chansons pour lesquelles je me dis : tiens, quand même, je ne vais pas être tout seul dans ce cas, il y a des gens qui vont s'y reconnaître. C'est vrai que la libido après 60 ans, c'est quand même le grand mystère. Moi, j'ai cinq ans encore devant moi ! J'ai été quasiment contraint d’écrire cette chanson ! Ça m'a fait du bien et je l'ai quand même composé avec mon ami Jean-Sébastien Bach.
C'est effectivement le prélude de Bach. Est-ce que ce n'est pas ce qui vous définit le plus ? D'aller chercher comme un laborantin ?
Un laborantin, ce n'est pas mal comme idée ! Oui, j'aime bien cette définition. Comme un chercheur du CNRS, le Centre national de recherche de la 'Sanchon'.
Dans Total à l'ouest, vous dites "je suis né pour être troubadour, sans trompette ni tambour". À quel moment avez-vous compris que ça allait passer par là ?
"Enfant, on m'écoutait plus quand je chantais que quand je parlais. Ça m'interpellait quand même."
Philippe Katerineà franceinfo
Je chantais beaucoup à la messe. On me demandait de chanter un couplet en solo donc je sentais que chanter, c'était quelque chose... Quand je chantais, ça plaisait chez moi. Cela vient de ce genre de choses. Après, moi, j'aime bien être pris en photo, jouer dans des films. Avec ma mère, tout simplement, on feuilletait l'album de photos et elle disait : "Regarde Philippe, tu es quand même photogénique". Ah bon, ça signifie quoi ? "Tu es quand même mieux en photo qu'en vrai" Ce n'était pas tout à fait ça, mais enfin pas loin ! Je l'ai cru, c'est ce genre de phrase qui vous fait prendre un chemin plutôt qu'un autre à vrai dire. On vous fait croire que vous chantez bien, que vous êtes photogénique. Ah ! Eh bien, allons-y ! C'est ça qu'il faut que je fasse ! Cette direction s'est donc produite quand même très jeune.
Ce disque est très positif. On a envie de danser, on a envie de s'amuser, tout est très léger. On va terminer sur l'adage de votre grand-mère "Quand il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problèmes".
Absolument. Ce n'est pas ma grand-mère, c'est celle de Pépé qui est notre régisseur dans la tournée que je salue, Pierre Philippe. Et c'est vrai que cette phrase m'a beaucoup aidé. C'est vrai que c'est un adage 'service à la personne total', c'est-à-dire que quand il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Donc ça vous fait des bonnes nuits comme ça.
La tournée de Philippe Katerine démarre le 11 avril 2025 à Rouen. Il sera le 16 à Toulouse, le 17 à Lyon, le 29 à Lille et au Zénith de la Villette à Paris le 30.
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