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Richard Gotainer "Ramène sa phrase" au théâtre musical Lucernaire : "J’ai toujours eu envie d’amuser les autres"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’artiste, Richard Gotainer. Il est sur scène, et ce jusqu'au 30 décembre prochain, pour le spectacle "Richard Gotainer ramène sa phrase", au théâtre musical Lucernaire, à Paris.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Portrait du chanteur Richard Gotainer le 20 décembre 2019 (ARNAUD DUMONTIER / MAXPPP)

Richard Gotainer est avant tout un artiste, chanteur à textes, déjanté et surtout atypique. À plusieurs reprises, il a défrayé la chronique avec des titres devenus cultes, on pense au Mambo du décalco (1982), au titre Le Youki (1988), à Femmes à lunettes (1990). À cela, on peut ajouter une autre casquette, celle de publicitaire. Il est à l'origine de slogans publicitaires encore dans nos mémoires, tels que "Buvez, éliminez" pour Vittel ; "Il y a des fruits, il y a de l'eau" pour Banga, ou encore "On se lève tous pour Danette", etc....

Actuellement, il est sur scène, et ce jusqu'au 30 décembre prochain, pour le spectacle Richard Gotainer ramène sa phrase au théâtre musical Lucernaire à Paris.

franceinfo : Votre spectacle est un hommage aux mots, à l'écriture, à votre plus grande arme de construction massive et positive et votre plus grande passion. La plume semble avoir toujours fait partie de votre vie et elle semble vous avoir construit en tant qu'homme.

Richard Gotainer : Ce spectacle Gotainer ramène sa phrase donne déjà une piste sur la tonalité. Mais c'est très difficile. Moi, j'ai eu un peu de mal à parler de ce spectacle qui est né un peu d'une pichenette un jour dans une remise de prix. J'ai dit un texte plutôt que de le chanter. J'ai eu un succès devant un parterre de collègues puisque c'étaient des auteurs-compositeurs. Et puis c'est resté un peu dans un coin de ma tête. Pendant le confinement, voulant faire des trucs et n'étant pas instrumentiste, je me suis dit que j'allais reprendre le principe de dire des textes. Ce que j'ai fait. Ça m'a vachement botté et à la sortie de tout ça, je me suis dit : et si j'en faisais un spectacle ?

Vous dites : "Je veux laisser tomber des mots dans les puits pour inventer l'écho. Je veux faire le nigaud. Je suis un tout petit". Ça veut dire que définitivement, l'enfant que vous étiez, que vous êtes resté, continue à vous donner envie d'avancer, de garder les yeux grands ouverts, de vous amuser ?

Je crois que c'est important. C'est : "Ne lâchons pas la main du gamin qui, en nous, reste le galopin qui s'étonne de tout".

Il faut, je crois, rester neuf sur les choses et petit pour pouvoir voir les choses en grand.

Richard Gotainer

à franceinfo

Quel enfant étiez-vous d'ailleurs ? Vous avez signé votre premier texte à sept ans.

Oui, après, j'ai mis du temps pour écrire le deuxième !

On a l'impression justement que cette écriture et le fait de devenir un enfant du spectacle, c'était votre but.

Je crois que c'est depuis le départ, sans savoir que ça s'appelait artiste. J'avais envie de faire ça. Déjà, j'ai toujours eu envie d'amuser les autres. Ça, c'était un peu un premier truc. Puis après, c'était de les faire rigoler, ce qui n'est pas tout à fait la même chose.

C'est rigolo d'ailleurs, parce qu'au début, votre but, on va pas se mentir, c'était d'être acteur pour pouvoir embrasser les filles.

Ah oui, ça, ça me semblait la voie la plus facile pour embrasser les filles !

Vous vous êtes rendu compte que c'était compliqué, mais que si vous deveniez chanteur, ce serait encore plus simple avec elles !

Non. Je me suis rendu compte que c'était un vrai métier, un truc où il faut soigner ses cordes vocales, chanter si possible juste, en place et tout ça, ce que j'ai toujours fait de façon instinctive d'ailleurs. J'avais de l'oreille, on m'appelait "feuille de lynx".

Il m'a fallu beaucoup de temps pour accepter d'être chanteur. Je chantais parce que je n'avais personne sous la main pour chanter mes chansons.

Richard Gotainer

à franceinfo

J'ai l'impression que vous avez eu besoin de cultiver cette différence, en tout cas de la conserver, de ne pas faire comme les autres.

Oui, mais je crois que l'originalité, c'est la première préoccupation dès qu'il faut concevoir quelque chose. Si ça a déjà été fait, si ça ressemble à quelque chose, ça ne m'intéresse pas. Donc ça réduit considérablement l'espace du jardin dans lequel je peux faire mes galipettes. Mais je préfère être dans les OVNI que dans les lieux communs.

J'ai l'impression que c'est la première fois, avec ce spectacle, que vous vous lâchez autant. Vous avez ce côté qu'avait un peu le mime Marceau, il y a une dimension poétique.

C'est vrai. Pour le coup, la dimension poétique devient évidente. Les gens me disent : "On connaissait vos chansons par cœur et d'un seul coup, on découvre les mots et ils parlent de poésie"... Je n'ai pas l'impression de me servir des mêmes trucs pour faire un truc un peu différent. C'est carrément autre chose.

Fier ou en tout cas heureux du parcours que vous avez déjà accompli ?

Ouais. Ça va. Et en plus, j'aime bien les applaudissements et le fait que le public adhère à ce que je fais. C'est évidemment très, très important, mais il y a aussi le respect des pairs, certaines personnes, certains artistes qui vous considèrent et ça, pour moi, c'est le cachet faisant foi, comme Charles Trenet, Claude Nougaro, Jean Poiret qui m'ont fait comprendre que je faisais partie du club. Donc ça, c'est sympa.

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