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"S'il fallait le refaire, je le referais" : Marie Myriam revisite sa carrière avec son "Anthologie 1977-1983"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, la chanteuse franco-portugaise Marie Myriam. Pour fêter ses 45 ans de carrière, elle publie "Anthologie 1977-1983".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La chanteuse Marie Myriam à Paris le 25 avril 2017 (JOEL SAGET / AFP)

Marie Myriam est une chanteuse franco-portugaise. La veille de ses 20 ans, le 7 mai 1977, elle a remporté pour la France le 22ᵉ Concours Eurovision de la chanson avec L'oiseau et l'enfant. Un demi-siècle plus tard, aucun artiste français n'a remporté ce trophée. Pour célébrer cette performance et ses 45 ans de carrière, est paru Anthologie : 1977-1983 soit 48 enregistrements de titres originaux, des inédits et de raretés.

franceinfo : Ces rééditions sont un vrai et beau résumé de votre parcours. Êtes-vous émue à la sortie de cette anthologie ?

Marie Myriam : Oui, parce qu'en vérité, ce sont des souvenirs. Ça me ramène 45 ans en arrière et à mes débuts. Vous savez, au début, on ne peut pas choisir ses chansons et je me souviens de ces enregistrements. Alors j'ai les albums, mais je n'ai pas de platine vinyle chez moi, donc je suis la première ravie d'avoir le cd pour pouvoir écouter.

Vous êtes totalement habitée par la musique depuis votre plus tendre enfance. Vous êtes née Myriam Lopes. Vos parents sont arrivés en France quand vous aviez six ans. Et, c'est vrai qu'arriver dans la capitale n'a pas été simple pour eux, ça a été difficile de joindre les deux bouts.

Pour mes parents, c'était très difficile.

Vous viviez dans un hôtel assez vétuste qu'ils ont décidé de transformer en restaurant. Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance ?

J'aidais mes parents. J'aimais beaucoup être au restaurant et leur donner un coup de main. Je me souviens des chanteurs de fado que j'aimais beaucoup et qui y venaient après leurs concerts.

"Je me souviens de la grande Amalia Rodrigues qui venait dîner dans le restaurant de mes parents après avoir chanté à la Tête de l'art ou à l'Olympia."

Marie Myriam

à franceinfo

C'est là qu'est né ce rêve d'enfant de devenir chanteuse ?

Pour être honnête, ça commence dans la salle de bain ! Puis après, les après-midis au sous-sol parce qu'il n'y avait personne. En appartement, je n'aurais jamais pu faire des essais de voix, lancer la voix très fort alors qu'au sous-sol, je ne dérangeais personne.

Il y a un homme qui va vous repérer très vite, c'est Jean-Paul Cara.

À notre première rencontre, je n'y crois pas. Il est auteur-compositeur. Il vient dans le restaurant de mes parents, mais tout à fait par hasard. J'étais en train de chanter au sous-sol et les deux derniers clients, c'étaient Jean-Paul Cara et son ami. Lorsqu'il m'entend chanter, il demande à ma mère qui chante, donc on le conduit au sous-sol. Il attend que je termine de chanter. D'un seul coup, il applaudit. Donc je lève la tête. Je ne comprends pas qu'il y ait quelqu'un qui m'applaudisse. Et puis il s'approche et me dit : "Mademoiselle, je vais vous emmener à l'Eurovision et on va gagner".

Et vous allez vivre effectivement cette aventure de l'Eurovision. Avec le recul, comment vous avez vécu cette victoire ?

Quand on attendait le résultat des points, Michel Costa me disait : "Tu sais, même si la France vote la dernière et donne douze points à l'Angleterre, de toute façon, on a gagné". Et moi je répondais : non, non, non, on attend, on ne sait jamais. Il rétorquait : "Marie, mathématiquement, on a gagné". Et en fait, c'est quand les autres candidats se sont levés et retournés vers moi en m'applaudissant que j'ai fondu en larmes. C'est là où on me voit pleurer.

Mais oui, c'était un bonheur le soir du 7 mai 1977, c'est évident. La joie de Jo, de Jean-Paul, les larmes de mon père qui était avec nous. Ma mère était restée à Paris et c'est drôle parce qu'elle s'était enfermée dans une pièce et avait mis une radio allemande à fond pour ne pas comprendre le résultat. Et puis c'est quand elle a entendu les hurlements, qu'elle a compris que j'avais gagné.

"Aujourd'hui encore, ma mère ne veut pas que quelqu'un gagne l’Eurovision pour la France !"

Marie Myriam

à franceinfo

Vous avez toujours gardé ce sourire-là. Il a toujours fait partie de votre vie et c'est aussi ce qui vous définit. Je voudrais revenir sur la chanson : Tout est pardonné, classée au Top 50. J'ai l'impression qu'elle a une âme supplémentaire dans cette carrière.

J'adore. Ce sont mes dix ans de carrière en 1987. C'est la rencontre avec Jacques Cardona, un auteur, compositeur et chanteur extraordinaire. Sa voix était incroyable, d'où le duo ! Je crois que c'était vraiment le meilleur souvenir de tout ce que j'ai enregistré dans cet l'album.

Êtes-vous fière de ce parcours ?

Oui, bien sûr que je suis fière ! Fière d'avoir gagné l'Eurovision, il ne faut pas croire. Après, c'est un peu ma faute si je n'ai pas fait plus parce que je me suis arrêtée pour avoir mes enfants. Je me suis arrêtée pour ma vie. Et même comme ça, je pense que j'ai raté beaucoup de choses en tant que maman. Mais je pense que j'ai eu beaucoup de chance. S'il fallait le refaire, je le referais.

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