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Sandrine Bonnaire : une femme qui va à l’essentiel, mais revendique aussi de "se perdre dans la joie de vivre"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, la réalisatrice et actrice Sandrine Bonnaire, pour le film "K contraire" de Sarah Marx avec Sandor Funtek qui sort ce mercredi. L’occasion de connaître un peu mieux la discrète actrice.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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L'actrice et réalisatrice Sandrine Bonnaire le 17 mai 2017, à l'occasion de la cérémonie d'ouverture de la 70e édition du Festival de Cannes.  (VALERY HACHE / AFP)

Le film K contraire, dans lequel Sandrine Bonnaire interprète une mère dépressive, aborde la question de la réinsertion : son fils de 25 ans, libéré de prison, se démène pour s’en sortir et prendre en charge moralement et financièrement sa mère. Un film qui rassemble tous les critères pour que Sandrine Bonnaire, femme engagée, accepte le rôle : "Je me laisse séduire par une histoire, c’est un très beau sujet c’est d’abord une relation entre un fils et une maman et puis c’est vrai qu’il y a un aspect social et politique".

Cette histoire de famille résonne en elle puisque très jeune, Sandrine Bonnaire devient soutien de la sienne. Elle grandit à Grigny en banlieue parisienne, son père est ouvrier-ajusteur et sa mère au foyer est témoin de Jéhovah. Septième d’une fratrie de 11 enfants, il n’y a pas de place dans le quotidien pour s’épanouir individuellement, trouver son identité : "On ne vous nomme pas vraiment. Allez les enfants à table ! Allez les enfants à l’école ! "

Je rêvais de m’exprimer, j’avais envie d’être ou danseuse ou chanteuse. Ce dont j’avais envie : c’était surtout de sortir du groupe

Sandrine Bonnaire

à franceinfo

Les bons hasards de la vie

C’est en accompagnant une de ses sœurs à un casting qu’elle est choisie. Elle n’a pas suivi de cours, ne rêve pas de cinéma à 16 ans et pourtant elle reçoit pour son premier film le César du meilleur espoir féminin en 1984 pour le film À nos amours du réalisateur Maurice Pialat. Un homme qui va changer sa vie.

C’était une grande histoire d’amour. C’est quelqu’un (Maurice Pialat) qui m’a fait naître et qui m’a respectée, éduquée, qui m’a guidée et qui surtout a fait changer ma vie

Sandrine Bonnaire

à franceinfo

Encore mineure, c’est donc le départ dans autre vie, dans un autre monde que le sien mais Sandrine Bonnaire n’en oublie pas pour autant sa famille et la soutient naturellement ses proches : "Quand vous êtes la seule qui réussissez, la moindre des choses c’est d’aider les autres. Alors quand j’ai pu avoir accès à mon compte en banque (…) j’ai proposé à mon papa de prendre de l’argent sur le compte pour nourrir la famille et puis quand mon père est mort, j’ai fait déménager ma mère et j’ai pris deux de mes petits frères avec moi. Je les ai mis dans une école parce que sinon ils partaient en vrille".

Jusqu’en 1986, où elle tourne Sans toit ni loi d’Agnès Varda pour lequel elle obtient le César de la meilleure actrice, Sandrine Bonnaire ne sait pas si elle va continuer dans le cinéma. Ce film est un véritable tournant dans sa vie et dans sa carrière : "On était compatibles artistiquement mais humainement c’était un peu compliqué entre nous. Je l’ai compris beaucoup plus tard, je cherchais un peu une mère de substitution comme l’avait été Pialat avec moi".

La parole libérée

En novembre 2019, à l’occasion d’une marche contre les violences faites aux femmes, elle témoigne de sa propre expérience. Battue très gravement par son compagnon avec qui elle a décidé de rompre, elle raconte au micro d’Elodie Suigo, le traumatisme, les années de psychanalyse, les douleurs inhérentes, quotidiennes dans son corps encore meurtri. Si elle décide d’en parler publiquement ce jour-là c’est qu’elle se dit : "Oui, ça a un sens". Elle explique que les séquelles lui rappellent cet homme mais "en revanche psychologiquement, j’arrive à continuer d’aimer la vie, de vivre, à continuer à aimer les hommes". Et elle reconnaît que sa chance se trouve dans son indépendance financière : d’avoir eu son propre appartement, ce que beaucoup de femmes violentées n'ont pas comme porte de sortie.

Cette expérience, elle aurait préféré ne pas la vivre mais elle est là, elle l’accepte et Sandrine Bonnaire cultive depuis l’essentiel et le sourire : "Je crois qu’il faut aller à l’essentiel. Après, c’est bien de se perdre dans le divertissement, dans la joie de vivre. Je ne suis pas toujours en train de penser, je suis très spontanée comme fille, j’aime la vie quoi !"

Et pour les projets en cours, elle confie que dans son sac, elle a un scénario d’une fiction Le bruit du silence co-écrit avec Isabelle Willems qu’elle va proposer à une immense comédienne : Josiane Balasko. Affaire à suivre.

Réécouter l’interview de Sandrine Bonnaire en version intégrale : 

LE MONDE D'ELODIE - SANDRINE BONNAIRE POUR LE WEB / VERSION INTEGRALE

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