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Le monde de Marie. En Ukraine, les suites de l'affaire Babtchenko : véritable imbroglio

Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Aujourd'hui, on connaît un peu plus l'histoire du simulacre d'assassinat du journaliste russe Arkady Babchenko.

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le journaliste Arkady Babchenko en conférence de presse, le 31 mai 2018 à Kiev (Ukraine). (GENYA SAVILOV / AFP)

On en sait un peu plus aujourd’hui sur la fausse tentative d’assassinat du journaliste russe Arkady Babchenko et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces nouveaux éléments n’éclairent pas vraiment les dessous de cette mise en scène. Un imbroglio d’agents doubles, triples, de marchands d’armes, de curés nazis, et d’un seau de sang de porc, un invraisemblable mélange de Carrie et de Mon curé chez les Soviets qu’on aurait du mal à prendre au sérieux même s’ils étaient sortis de l’imagination d’un John le Carré.

Tout commence avec un prêtre orthodoxe ukrainien, Alexei Tsimbaliouk, qui a combattu contre les Russes dans l’est de l’Ukraine au côté des miliciens d’extrème droite, les Pravo Sektor. C’est lui, le premier, qui écrit sur sa page Facebook qu’il a été recruté pour tuer le journaliste russe pour la somme de 15 000 dollars. C’est lui qui prévient  les services secrets ukrainiens, qui enclenchent alors la mise en scène.

Comme un scénario

Contrairement à ce qui a été dit, la famille d’Arkady Babchenko est mise au courant : le jour dit, le prêtre se présente au domicile de Babchenko, qui avait travaillé tout l’après-midi avec les secrets services ukrainiens pour lui apprendre à s’écrouler sans se faire mal. Trois coups de feu, le journaliste s’effondre faisant exploser des poches de sang de porc qu’il porte sous son tee-shirt pour simuler la mare de sang. Emmené en ambulance vers l’hopital, il est déclaré mort pendant le trajet. Arkady Babchenko est même déposé à la morgue. Mais ce sera pour y prendre une douche et regarder en direct l’annonce de sa mort, à la télé.

Revenons au prêtre orthodoxe qui a tout de suite donné le nom de son commanditaire, un homme d’affaires ukrainien à la tête d’une usine d’armements qui aurait en sa possession une liste de 47 cibles russes à abattre sur le territoire ukrainien. Liste fournie par une fondation moscovite spécialisée dans la liquidation des ennemis de la Russie. Mais le chef d’entreprise se défend et affirme être un agent double, au service de l’Ukraine, tellement clandestin qu’il n’apparaît nulle part dans la liste des personnels des services secrets. Reste une question qui aggrave d’un cran cette histoire à dormir debout : pourquoi des ennemis de la Russie voudraient tuer l’un de ses principaux opposants ?

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