Le monde de Marie. La Norvège veut interdire les armes semi-automatiques, 10 ans après la fusillade sanglante d'Utøya
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Jeudi, l'annonce faite par le gouvernement norvégien sur l'interdiction des armes semi-automatiques à partir de 2021.
Mardi 27 février, le chef du gouvernement norvégien a annoncé une interdiction totale des armes semi-automatiques à partir de 2021. L’exemple norvégien est drôlement intéressant. Le pays est à jamais marqué par la mort de 69 personnes en juillet 2011 sur l’île d’Utøya. Un carnage perpétré avec un fusil semi-automatique, par l'extrêmiste de droite Anders Behring Breivik. Il avait réussi à débarquer armé sur l’île, déguisé en policier. Juste avant, il avait déposé une bombe en plein centre-ville d’Oslo faisant huit morts. Le souvenir d’Utøya a d’ailleurs été ravivé au dernier festival de Berlin par un film norvégien qui montre la tragédie en un seul plan séquence.
Une législation parmi les plus strictes
Que faire après Utøya, alors que la Norvège était déjà pourvue d’une des législations les plus strictes au monde sur la possession d’une arme à feu ? La loi oblige par exemple les propriétaires à de multiples démarches, pour obtenir l’autorisation de la porter. Mais clairement, toutes ces règles n’ont pas suffi à arrêter Breivik, comme l’ont fait remarquer de nombreux Norvégiens après le drame d'Utøya.
Un pays de chasseurs
La première des 31 recommandations du rapport de la commission d’enquête sur Utøya est l’interdiction totale des armes semi-automatiques, déjà interdites à la vente en Norvège depuis quelques années. Cela semble une évidence, mais qui n’en est pas une dans ce pays, car les Norvégiens sont de grands amateurs de chasse et leurs armes de prédilection sont justement ces fusils semi-automatiques. Il faudra donc les remettre à la police avant 2021. Le plus étonnant dans cette histoire norvégienne est le très faible taux de morts par arme à feu avec autant d’armes en circulation. Pourquoi donc ? Cela s'explique probablement par un sens de la cohésion sociale très particulière à la Norvège, plus propice aux solutions pacifiques. Ce qui est très loin d’être le cas aux États-Unis.
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