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À Moscou, Poutine remanie pour rester Poutine

La planète tourne et on pose le doigt ce matin à Moscou, où le gouvernement a démissionné mercredi 15 janvier. 

Article rédigé par franceinfo - Lucas Menget
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Vladimir Poutine et son nouveau Premier ministre Mikhaïl Michoustine, le 15 janvier 2020 à Moscou (ALEXEY NIKOLSKY / SPUTNIK)

Vladimir Poutine est décidément le maître de la surprise. Tout à coup, le mercredi 15 janvier, le gouvernement russe dans sa totalité a démissionné. Le fidèle Dimitri Medvedev, le Premier ministre, quitte la scène. Un autre fidèle a été nommé à sa place. Il s’appelle Mikhaïl Michoustine et dirigeait très efficacement depuis plusieurs années le service fédéral des impôts. Medvedev, lui, a été nommé à la tête du Conseil de sécurité, qui supervise notamment les services de renseignements. Tout s’est passé en quelques heures, et en deux temps : un discours de Poutine à la nation, puis la démission du gouvernement.  

Comment doit-on, ou peut-on lire ce coup de théâtre ? 

C’est tout l’art de Vladimir Poutine de faire sans dire, et d’avancer par coups d’éclat. En fait il y avait dans son discours à la nation une petite phrase disant que le système restait présidentiel, même si désormais le Premier ministre sera proposé par la chambre des députés. Mais surtout qu’il allait envisager de regarder de près la loi qui limite à deux mandats celui du président. Poutine a déjà fait ce coup remarquable. Il arrive au pouvoir en 1999, il y a 20 ans, fait deux mandats, puis demande en 2008  à Medvedev de lui succéder à la présidence et de le nommer... Premier ministre.  Tout en gardant les manettes, Poutine se fait réélire quatre ans plus tard président. Il est donc au pouvoir depuis 20 ans, soit le mandat le plus long en Russie depuis Staline.  

Son mandat actuel s’achève en 2024, d’où les grandes manoeuvres de mercredi

Car dans les annonces il y a la proposition de donner plus de pouvoir au Parlement. En accordant en apparence un contrôle parlementaire d’un régime strictement présidentiel, il est possible que Poutine prépare l’opinion à rester. Ainsi, il sauve les apparences : si le Parlement a plus de pouvoir, pourquoi ne pas lui laisser diriger le pays, et pourquoi pas … à vie. L’un des exemples qu’il regarde de près est celui du voisin kazakh, où le président Nazarbayev a fini par rendre son poste de président contre un rôle de "Chef du peuple". Avec quasiment tous les pouvoirs. Très exactement ce que fait Poutine depuis 20 ans, et il n’a visiblement pas l’intention de prendre sa retraite.

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