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Accord commercial entre la Chine et l'Europe : le dossier qui traîne

Une rencontre au sommet difficile lundi entre Bruxelles et Pékin : l'Europe et la Chine doivent boucler un accord sur les investissements d'ici la fin de l'année. Pour l'instant, les discussions avancent... doucement.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a l'issue du sommet virtuel avec le président chinois Xi Jinping. (YVES HERMAN / POOL / REUTERS POOL)

Cela fait déjà sept ans que les la Chine et l'Europe discutent d'un accord commercial : difficile de leur en vouloir si les négociations traînent encore quelques semaines ou quelques mois... Du côté de Bruxelles, il y a encore beaucoup de frustrations. Pékin a beau faire des promesses, il ne s'est pas passé grand chose depuis la dernière réunion, au mois de juin : les entreprises publiques sont toujours massivement subventionnées, ce qui les rend très offensives sur la scène internationale, et le marché intérieur chinois reste fermé (notamment dans le domaine des télécoms ou de l'automobile). Il n'y a pas de réciprocité, alors que l'Union européenne est le premier partenaire commercial de la Chine.  

Sans surprise, une fois de plus les européens ont donc réclamé lundi 14 septembre, sans succès à court terme, un accès au marché chinois, avec des règles de concurrence équitables et un meilleur respect de la propriété intellectuelle. Les garde-fous sont d'autant plus nécessaires que les entreprises, fortement affaiblies par la crise liée au coronavirus, sont devenues des proies faciles pour les groupes étrangers.  

Négociations en visioconférence  

Pour cause de coronavirus, les négociations - qui devaient avoir lieu à Leipzig - se sont déroulées en visioconférence. Chacun sur son écran, notamment le président chinois, Xi Jinping, et la présidente de la Commission, Ursula von der Layen. Aucun des deux n'était filmé dans son bureau personnel, mais dans un décor neutre, avec  une belle rangée de drapeaux européens et chinois à l'arrière. Un cadre dans lequel il est sans doute moins facile de faire avancer les discussions... Mais "on leur a quand même 'mis la pression'" a dit à l'issue de la rencontre la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays assure pour six mois la présidence tournante des 27.

Même fermeté dans la bouche du président du Conseil, Charles Michel : "On leur a fait comprendre que l'Europe est un acteur et pas un terrain de jeu". Les responsables chinois, eux, n'ont pas publié de communiqué à l'issue de la rencontre.  

Succès sur les indications géographiques protégées  

Au coeur des négociations, la question des indications géographiques protégées (IGP), dans les tuyaux depuis dix ans, a finalement trouvé une issue lundi soir avec la signature d'un accord définitif. Cent IGP européennes d'un côté, cent IGP chinoises de l'autre, sont désormais identifiées et protégées des contrefaçons. Ce qui signifie qu'en Chine on ne pourra plus mettre l'étiquette "Champagne" sur une bouteille de mousseux Made in China. Et la même mesure sera également valable pour les vins du Languedoc, la vodka polonaise, la feta grecque, le porto portugais, la mozarella di bufala, le queso manchego, etc. Côté chinois on pourra découvrir la pâte de haricots, le thé blanc Anji ou le gingembre Anqiu. Dans quatre ans, le nombre de ces indications géographiques protégées passera à 175.  

Sachant qu'un produit qui bénéficie d'une indication géographique se vend en moyenne deux fois plus cher qu'un produit similaire sans label, cet accord promet aux producteurs des recettes d'exportation plus élevées, d'autant plus que la classe moyenne chinoise, en pleine expansion, apprécie les produits européens emblématiques et authentiques.

Des observateurs dans le Xinjiang ? 

Les Européens, qui essayent de pousser leurs pions sur l'échiquier de l'économie, n'ont pas voulu abandonner le terrain des droits de l'homme. Face à Pékin, ils ont formulé leur "préoccupations" sur le sort réservé aux défenseurs des droits de l'hommes et aux journalistes dans le pays.  

Des "préoccupations" centrées surtout sur la répression de grande ampleur que les autorités chinoises mènent contre la minorité musulmane des Ouïghours, au nom de la lutte contre le terrorisme. Sur ce point ils ont de nouveau proposé d'envoyer des observateurs indépendants dans le Xinjiang. Leur première proposition était restée sans effet.

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