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Afghanistan : face à l’avancée des talibans, les ressortissants français doivent quitter le pays

En Afghanistan, la situation se dégrade à tel point que la France a appelé mardi tous ses ressortissants à quitter le pays le 17 juillet.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Combat entre talibans et forces de sécurité afghanes dans la ville de Qala i Naw (Afghanistan). Photo d'illustration. (- / AFP)

La France recommande "formellement" à tous ses ressortissants vivant en Afghanistan de quitter le pays. Elle va affréter un vol spécial au départ de Kaboul, le 17 juillet. Après cette date, la France "ne sera plus en mesure d'assurer la sécurité" de la centaine de Français vivant en Afghanistan, principalement des humanitaires.

Paris invoque "l’évolution de la situation sécuritaire" et les  "perspectives à court terme". Les talibans se rapprochent de Kaboul et la France veut absolument faire partir tous ses ressortissants avant que les insurgés ne prennent le contrôle de l’aéroport, seule porte d’entrée internationale dans le pays. L’ambassade de France reste pour l’instant ouverte. "Nous poursuivons notre tâche, maintenant plus que jamais", confie l’ambassadeur de France en Afghanistan, David Martinon.

Le représentant de la France reste alors que les troupes occidentales quittent le pays une à une. Les Italiens, les Allemands et surtout les Américains ont commencé leur retrait en mai. Il doit s’achever fin août mais déjà, 90% des soldats américains sont partis. Seuls les Turcs ont annoncé qu’ils restaient pour protéger l’aéroport. La coalition, menée par Washington depuis 20 ans, laisse les forces gouvernementales afghanes démunies, sans moyen pour lutter contre les talibans. Sans moyen pour vraiment se défendre, l'armée régulière peine et ces soldats fuient parfois les combats et les face-à-face avec l’ennemi. Le ministère de la Défense parle de "chaîne logistique pas optimale".  En réalité, quand les soldats afghans sont attaqués, ils ne peuvent espérer aucun renfort. Et sans le soutien aérien américain, l’armée régulière peine

Offensive des talibans

Les islamistes ont intensifié leurs attaques depuis plusieurs mois. Partis à la reconquête du pays, ils progressent plus vite que prévu et ont repris plusieurs districts et villes, des routes principales et des postes-frontières clés avec l’Iran, le Turkménistan et le Tadjikistan. Ils contrôleraient 85% du territoire.

"Les talibans pillent, incendient, détruisent des bâtiments et les réseaux d'énergie et de communication. Ils détiennent et tuent sans discrimination des civils", accuse l'ambassadeur de France en Afghanistan, "tout cela démontre le mépris total des talibans pour l'état de droit""Dans les territoires qu'ils occupent", ils "répriment les droits humains, des femmes et des filles" et "étouffent la liberté d'expression", ajoute-t-il. Afin que "le pays ne retombe pas dans les ténèbres d'un régime d'un autre temps", la France poursuivra avec l'Afghanistan son "effort de coopération en l'adaptant aux circonstances nouvelles".

Sombres perspectives d’avenir 

Selon le chef d’état-major de l’armée britannique, Nick Carter, "l’Afghanistan est sur la voie de la guerre civile" et il est  "plausible que le pays s’effondre, sans aide des forces internationales". La population afghane fuit les villes. Mardi 13 juillet, l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a mis en garde contre une "crise humanitaire imminente.  Depuis janvier, 270 000 Afghans ont quitté leur maison par peur des combats et de la violence. Beaucoup tentent de rejoindre l'Europe, et Bruxelles craint une nouvelle vague de migration. Pour ceux qui parviennent à rejoindre l’UE, l'Afghanistan demande un peu de répit. Kaboul a appelé la semaine dernière les pays européens à cesser d’expulser les migrants afghans durant les trois prochains mois, en raison de l’intensification des combats dans le pays.  Déjà en 2020, les Afghans constituaient 10,6 % des demandeurs d’asile dans l’Union européenne, le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2 %).

En 2001, les Etats-Unis étaient venus chasser les talibans. Vingt ans plus tard, les islamistes reviennent plus forts. En 20 ans, 100 000 civils, 70 000 soldats afghans et 4 000 militaires de la force internationale, dont 88 Français, sont morts. Une guerre destructrice, sanglante, et qui n'aura servi à rien.

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