Amsterdam : la fin des coffee shops pour les touristes ?
Amsterdam veut changer son image. La maire écologiste veut interdire les coffee shops aux touristes.
Fini les feuilles vertes et le quartier rouge. Amsterdam 2025 ce sera sans cannabis et sans prostituée. C'est le projet de la maire écologiste de la ville qui veut déplacer les travailleuses du sexe en périphérie et qui s'agite en ce moment autour des coffee shops. Femke Halsema veut tout faire pour que cette drogue douce reste entre les mains des locaux.
Il y a 10 jours, elle a envoyé une proposition au conseil municipal. Il doit se réunir "dans le mois" pour discuter de l'interdiction des coffee shops aux touristes étrangers.
Burgemeester Halsema stelt met de driehoek een nieuw coffeeshopbeleid voor. Dit moet leiden tot een kleinschalige cannabismarkt met minder vraag, minder aanbod en een lokale regulering van de achterdeur. ⤵️https://t.co/by1Cb7l3H8
— Gemeente Amsterdam (@AmsterdamNL) January 8, 2021
Amsterdam compte 166 coffee shops (là où on peut acheter et consommer du cannabis), environ un tiers des établissements du genre dans le pays. Et chaque année (chiffres officiels avant le Covid-19), 17 millions d'étrangers viennent s'approvisionner, parfois beaucoup trop. Certains finissant par "vomir dans les jardinières", témoignage d’une habitante excédée. Et ce nombre ne cesse d'augmenter selon Femke Hal-sema, qui veut donc diviser le nombre de coffee shops par deux dans la capitale.
Interdire le tourisme du cannabis, une tendance de fond
Plusieurs villes, comme Maastricht et La Haye ont déjà des mesures pour limiter l’accès des étrangers au cannabis. En 1998, le pays comptait près de 900 coffee shops contre 570 aujourd’hui. En 1976, lorsque les coffee shops ont été autorisés à ouvrir au Pays-Bas, c’était pour contrôler la consommation des Néerlandais, pas pour en faire un plaque tournante du tourisme du cannabis.
À Amsterdam, le débat n’est pas nouveau. Dès son élection en 2018, la maire est entrée en guerre contre ce tourisme. En 2019, Femke Halsema a commandé un rapport pour voir l'impact d'une interdiction des coffee shops aux touristes. Plus d'un touriste sur trois avouait qu’il ne viendrait plus à Amsterdam si le cannabis était interdit. La maire souhaitait notamment qu'une carte prouvant la résidence au Pays-Bas soit obligatoire pour acheter du cannabis. Certains partis au Conseil municipal bloquent pour l'instant.
Mais le Covid pourrait changer la donne. Comme partout ailleurs, le confinement a permis aux habitants de redécouvrir leur ville, sans les touristes. Les Amstellodamois ont profité du calme de leurs rues pavées, d'habitude bondées. Et quand des milliers de Français, Britanniques, Belges et Allemands ont à nouveau débarqué cet été après le déconfinement pour profiter du cannabis, ils se sont rendus compte que sans eux, c'était quand même mieux. La maire peut compter sur le soutien des commerçants, des résidents et de la police.
Perte financière ?
Cette interdiction va-t-elle coûter cher à Amsterdam ? Oui et non. La ville veut s'appuyer sur ses autres "charmes". Ses canaux, sa culture notamment. Elle veut changer de profil de vacanciers. Le tourisme lié au cannabis est un tourisme bien particulier : des étrangers qui ne consomment pas tant que ça au final (en dehors des produits du cannabis) et qui dorment souvent dans des hôtels bons marchés, ou des Airbnb. Amsterdam est pour l’instant une destination de choix pour les "enterrements de vie de garçon", et c’est un type de séjour que la mairie souhaite diminuer.
En fait, Amsterdam et les Pays-Bas ne dépendent pas du tourisme, mais sont basés sur une autre économie, celle des services. Les Pays-Bas accueillent de nombreux sièges de banques et de multinationales. Et le port de Rotterdam, l’un des plus grands au monde, est une grande source de revenus. Malgré le Covid, cette économie tourne à plein régime. Petit à petit, Amsterdam est en train de changer. Femke Halsema fait la guerre au quartier rouge et ses célèbres vitrines derrière lesquelles les prostituées offrent leur service. Elles pourraient quitter le centre-ville. La maire dénonce aussi les plateformes de locations d'appartements qu'elle juge trop présentes en centre-ville. Mais les touristes visés ne sont pas déprimés pour autant. Et on même déjà pensé à un nouveau business : en réponse à la maire, un internaute a écrit sur le site de la mairie : "Moi, je demanderai juste au propriétaire de mon Airbnb d'aller m'acheter un joint."
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