Au pays de l’or noir, la première centrale nucléaire arabe sous haute surveillance
Les Emirats arabes unis ont donné lundi 17 février le feu vert à l’exploitation d’une centrale nucléaire à Barakah, dans le nord-ouest du pays. Une première dans le monde arabe. Ce programme purement civil inquiète pourtant dans une zone de fortes tensions géopolitiques.
Quatre dômes flambant neufs se découpent sur le bleu de la mer et du ciel. A 250 km à l'ouest de la ville d'Abou Dhabi, au bord du Golfe persique, la centrale nucléaire de Barakah va bientôt mettre en exploitation son premier réacteur. Après 12 ans de travaux et près de 23 milliards d'euros d’investissement, cette gigantesque installation doit réduire la dépendance de la pétromonarchie à l'or noir. Elle doit couvrir à terme le quart des besoins émiratis en électricité. Des besoins en forte hausse, à cause notamment de la climatisation, systématiquement utilisée par les 9 300 000 habitants des sept émirats qui constituent la fédération, essentiellement des expatriés.
Programme nucléaire purement civil
Développer le nucléaire au pays de l'or noir : c’est devenu un impératif pour les Emirats, qui souhaitent diversifier leur mix énergétique. Ils sont certes le quatrième producteur de l'OPEP et disposent de larges réserves, mais investissent aussi plusieurs milliards d'euros dans les énergies renouvelables, censées représenter la moitié de leurs ressources énergétiques d'ici 2050. Façon de lutter contre la pollution, de redorer son blason… et d’exploiter au mieux le filon pétrolier en maximisant ses exportations plutôt que d'en gaspiller pour sa propre consommation.
Fortes tensions dans la zone
Les Emirats arabes unis s’y sont maintes fois réengagés : leur programme nucléaire est purement civil. Aucun volet militaire n’est prévu. Et pour le prouver, le pays a ouvert grand ses portes, accueillant plus de 40 missions d'inspection internationales. Mais le contexte géopolitique inquiète : la centrale nucléaire se situe à moins de 200 kilomètres de la frontière avec le Qatar, engagé depuis bientôt trois ans dans un conflit larvé avec ses voisins émiratis et saoudiens. L'Arabie saoudite, justement, développe elle aussi un programme nucléaire, officiellement pour développer son potentiel d’innovation. Mais le prince héritier Mohamed ben Salmane a menacé en mars 2018 de se doter d’armes nucléaires si l’Iran faisait de même.
L'Iran est évidement au cœur du sujet, si proche de la centrale nucléaire, de l'autre côté du Golfe. A l'origine, le programme nucléaire de Téhéran visait lui aussi des fins purement civiles… Autant dire que dans cette zone la plus militarisée au monde, où Washington exerce une pression maximale, le mélange pétrole-nucléaire inquiète, et la centrale de Barakah est sous haute surveillance.
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