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Au Pérou, le président vend son avion officiel pour financer l'école et la santé

La vente de l'avion, acheté il y a 25 ans pour près de 28 millions de dollars, doit  financer les secteurs de la santé et de l'éducation, durement éprouvés par la pandémie de Covid-19.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'avion présidentiel péruvien à proximité de l'aéroport de Lima (Pérou). (ERNESTO ARIAS / AFP)

L'annonce a été faite, à l'occasion de ses 100 premiers jours au pouvoir, par un Pedro Castillo en tunique traditionnelle aux couleurs vives, coiffé de son habituel chapeau blanc à larges bords, mercredi 10 novembre. Le président du Pérou a décidé de mettre en vente l'avion présidentiel. 

L'avion est un vieux Boeing 737-528 de 70 places entièrement peint en gris – il appartient à l'armée de l'air. Ses coûts d'entretien et de fonctionnement sont devenus beaucoup trop lourds. C'est donc la première mesure d'austérité symbolique prise par ce nouveau président, instituteur issu d'un parti d'inspiration marxiste, élu en juillet sur des promesses de rationalisation des dépenses publiques.

Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que le pays tente de se séparer de cet avion. En 2007 déjà, il a été mis aux enchères. Deux fois. Mais ça n'a pas marché : à l'époque, l'État en demandait plus de 18 millions de dollars. Il faut d'ailleurs croire que cette tendance est à la mode chez les tenant de la gauche en Amérique latine, puisque les présidents équatorien et mexicain vont eux aussi se séparer de leur avion officiel pour mettre un peu de beurre dans les épinards. Pour l'instant, ils n'ont pas d'acheteur.

Au Pérou on ne sait pas combien Pedro Castillo espère obtenir. Mais il a promis que l'argent de la vente financerait la santé et l'éducation, deux secteurs très éprouvés par la pandémie de coronavirus.

Une instabilité économique et politique

Avec 200 000 morts du Covid-19 pour 33 millions d'habitants, le Pérou connaît le taux de mortalité le plus élevé au monde. Avant la pandémie, l'économie péruvienne était l'une des plus dynamiques de la région, le virus l'a mise à terre. L'an dernier, le PIB a perdu 11%, le pays est entré en récession. Le gouvernement espère vacciner 70% de la population de plus de 12 ans d'ici la fin de l'année (à ce jour le chiffre atteint péniblement 51%). Mais le personnel des hôpitaux est épuisé. En matière d'éducation, les élèves eux n'ont pas eu de cours en présentiel depuis mars 2020. 

Grosses turbulences également dans le ciel politique, avec une succession de démissions ces dernières semaines : après le Premier ministre et le ministre de la Défense, c'est le ministre de l'Intérieur qui a tenté de faire passer pour une réunion de travail une grande fête organisée chez lui pour Halloween, alors que tout rassemblement venait d'être interdit par décret. Le Pérou affronte une instabilité politique récurrente : il a connu trois présidents différents en une seule semaine en novembre dernier. Sans oublier le fait que sept des dix précédents dirigeants du pays ont été condamnés ou font l'objet d'une enquête pour corruption. 

Pour remettre son pays sur les rails, Pedro Castillo annonce également une revalorisation du salaire minimum qui passera de 930 à 1 000 sols, soit 223 à 250 dollars à partir du 1er décembre. Et pour faire rentrer de l'argent dans les caisses, il a aussi interdit aux fonctionnaires de voyager en première classe. "Dans un gouvernement du peuple, les fonctionnaires voyageront comme des citoyens ordinaires". Que ce soit en train ou en avion.

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