Chine : la facture salée de la politique "zéro Covid"
La politique sanitaire de la Chine a laissé des traces financières, notamment pour les municipalités et les provinces chinoises. Les collectivités locales ont dépensé des dizaines de milliards d’euros et elles ont du mal à s’en remettre tant les chiffres sont vertigineux. Il n’y a pas de statistiques nationales sur le coût du "zéro Covid", mais les provinces chinoises et les grandes municipalités ont publié leurs comptes ces derniers jours, pour préparer les nouveaux budgets 2023.
On savait que le gouvernement central s’était largement reposé sur les collectivités locales pour supporter financièrement la mise en œuvre de la politique "zéro Covid". La publication des chiffres permet de prendre conscience de l’ampleur de la facture. Quelques exemples : dans la province du Guangdong, la plus peuplée de Chine avec ses 127 millions d’habitants et sa capitale Canton, la facture du zéro Covid s’élève à 71 milliards de yuans, c’est-à-dire près de dix milliards d’euros. Pour la petite province côtière du Zhejiang, c’est six milliards d’euros. La ville de Pékin, quatre milliards. Shanghai, avec son long confinement au printemps 2022, a déboursé plus de deux milliards d’euros. Tout cela a permis de financer les dépistages massifs, des dizaines de milliards de tests Covid pratiqués parfois de manière quotidienne et gratuits pour la population.
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Les provinces et municipalités ont aussi du construire les fameux centres de quarantaine, les hôpitaux provisoires, payer aussi les salaires de tout le personnel sanitaire, tous ces hommes et femmes en blanc (les Da Bai), qui étaient chargés de faire appliquer les restrictions. Il a fallu aussi financer les campagnes de vaccination. Tout cela explique l’ampleur de la facture.
Les finances des provinces et des municipalités ont du mal à s'en relever
La facture du Covid provoque de lourds déficits à l’échelle locale. Avec des conséquences dangereuses : certaines provinces comme le Zhejiang ont du puiser dans des fonds d’assurance maladie, au risque de déstabiliser le système de santé. D’autres collectivités ont vendu des obligations. Un déficit aggravé aussi par la baisse des recettes fiscales en 2022, puisque les entreprises mises en difficulté par l’épidémie ont moins versé d’impôts. La crise de l’immobilier a également réduit les revenus des municipalités générés par les ventes de terrain.
Au final, tout cumulé, selon une estimation de la chaîne Bloomberg, le déficit de la Chine entre janvier et novembre 2022 a atteint un record, à plus de 1 075 milliards d’euros. Les provinces chinoises espèrent que la relance de l’économie, après la levée des restrictions sanitaires, va leur permettre de faire face à cette situation inédite. Plusieurs provinces tablent sur une progression de 5 % des recettes en 2023, grâce à une reprise de la croissance.
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